Synthèse

Axe n°4 : Vers un service local ou municipal de l'eau -Les mutations à conduire pour une maîtrise d'ouvrage locale en matière d'AEP des populations urbaines-

Synthèse des acquis du programme pour l’axe 4 réalisée par TA Thu Thuy sur la base des rapports des actions-pilotes et actions de recherche


  1. Introduction : urbanisation et accès à l'eau potable en Afrique
    1. L'ampleur du phénomène démographique urbain en Afrique
    2. Bref historique de la maîtrise municipale du service d'eau potable
    3. Le décalage de l'accès à l'eau potable des populations urbaines
    4. Constat et interrogation
  2. Des tentatives de réponses aux nouveaux besoins des populations urbaines en matière d'accès à l'eau
    1. Les réponses tentées par les pouvoirs publics
    2. Les réponses tentées sur le terrain par diverses formes d'organisations
    3. Les réponses défrichées par les opérateurs privés informels
    4. Les réponses issues de la débrouillardise des populations elles-mêmes : la complémentarité des accès à l'eau
    5. Constat général vis-à-vis de ces tentatives de réponses : l'absence de cohérence à l'échelle de la ville
  3. Interrogations sur les bases d'une maîtrise d'ouvrage locale ou d'une régulation locale
    1. Rôles possibles des maîtrises d'ouvrage locales et des municipalités
    2. Espace public, service public, solidarités communes et intérêts personnels
    3. L'apprentissage de la régulation entre acteurs sociaux : l'outil de la contractualisation
    4. Réflexions financières sur la maîtrise d'ouvrage locale
  4. Faire émerger la conscience d'une cohérence urbaine
    1. Cycle de l'eau et développement urbain : construire une compréhension globale des questions d'eau sur l'ensemble d'un territoire urbain
    2. L'impact de cette connaissance globale sur le comportement des acteurs locaux
  5. Des outils opérationnels au service des savoirs et savoir-faire des acteurs locaux
    1. La question et la place des bornes fontaines dans une approche globale de l'accès à l'eau potable des populations urbaines
    2. Des savoir faire techniques pour améliorer l'accès à des ressources en eau alternatives au réseau centralisé ainsi que leur protection
  6. De nouvelles formes d'action et d'appui aux maîtrises d'ouvrage locales en émergence : la montée en puissance de la maîtrise d'œuvre sociale
    1. Outils spécifiques d’animation et de formation à l’attention des acteurs locaux. L’émergence du marché de l’appui conseil et de la maîtrise d’œuvre sociale
    2. Evolution des services déconcentrés de l'Etat : de la maîtrise d'ouvrage directe à l'appui aux maîtrises d'ouvrage locales
    3. Conduire la concertation et la coordination autour de la maîtrise d'ouvrage locale à construire ou à renforcer
    4. Monter des projets spécifiques d'appui conseil aux maîtres d'ouvrage locaux
  7. Conclusion. Fournir un accès décent à l’eau potable pour tous : une opportunité pour améliorer la gouvernance locale
    1. Réarticuler les nouvelles dynamiques d'AEP avec celles de la décentralisation, et défricher des repères pour les responsables municipaux
    2. Une opportunité pour la coopération décentralisée
    3. De nouvelles approches dans le montage de projets de distribution d'eau en zone urbaine par les bailleurs de fonds

    » Rapports concernés par cette synthèse



1.    Introduction : urbanisation et accès à l'eau potable en Afrique

1.2    L'ampleur du phénomène démographique urbain en Afrique

L'urbanisation est globalement récente en Afrique sub-saharienne : environ 15% de la population vivaient dans des villes en 1960 et 30% en 1990 (les proportions des mêmes années étaient de 61% et 73% dans les pays industrialisés). Elle est galopante depuis les Indépendances et continue de l'être.
Quelques chiffres issus des villes regardées par le programme pS-Eau :

  • Kindia (Guinée) est passée de 55 000 habitants en 1987 à 100 000 en 1996 ;
  • Port-au-Prince (Haïti) est passée de 500 000 habitants en 1970 à près de 2 millions aujourd'hui ;
  • Les communes périphériques de Pikine et Guédiawaye, au sein de la Communauté urbaine de Dakar (Sénégal), sont passées de 130 000 habitants en 1970 à 900 000 en 1995 et surpassent aujourd'hui la commune centre de Dakar ;
  • Nouakchott (Mauritanie) est passée de 140 000 habitants en 1977 à 700 000 en 1997.

Cette urbanisation se caractérise par son extrême disparité entre une capitale tentaculaire (approchant ou dépassant le million d'habitants) et un réseau de villes nettement plus petites (quelques dizaines, au plus la centaine, de milliers d'habitants).
Elle se caractérise aussi par l'importance de l'habitat spontané et illégal, la faible densité des espaces urbanisés et leur grande hétérogénéité. Autour d'un centre repérable par ses équipements datant de l'époque coloniale, les quartiers étendent des formes d'habitat de faible hauteur, souvent entrecoupé de zones naturelles ou maraîchères importantes ou encore de bas-fonds insalubres. Ces formes urbaines peu denses expliquent en partie la difficulté de les équiper en services collectifs. Néanmoins, ce mélange de vies, urbaine et rurale, sur le même espace, facilite la survie des populations déshéritées.
D'autres chiffres issus du programme illustrent l'étalement urbain en Afrique :

- Nouakchott est passée de 1 800 ha en 1970 à plus de 8 500 ha en 1992 ;

- à Yaoundé, le taux de croissance démographique est de 5% et le taux de développement spatial de 3%.

Outre l'évolution démographique des capitales et des villes moyennes, l'autre phénomène important est l'évolution démographique des campagnes vers l'augmentation numérique des centres semi-ruraux (2 à 20 000 habitants), où se produit le basculement progressif des comportements ruraux vers des comportements plus urbains de demande en service d'eau potable. Par exemple, une étude prospective dans l'ouest du Burkina Faso montre que le nombre de centres semi-ruraux (déjà de 200, pratiquement non équipés de mini-adductions d'eau aujourd'hui) pourrait y croître de 50% dans les dix prochaines années.

1.2    Bref historique de la maîtrise municipale du service d'eau potable

Il est intéressant de regarder en parallèle l'évolution de la maîtrise municipale du service d'eau potable (cf Collignon, AR 9).
Entre 1950 et 1970, alors que de nombreuses villes africaines prenaient leur premier essor, les municipalités ont d'abord joué un rôle direct dans la distribution d'eau (régie municipale) en assurant elles-mêmes l'exploitation du réseau et la facturation aux abonnés.
Par la suite, confrontées à une situation de déficit chronique, la plupart des municipalités ont rétrocédé le service de l'eau à une entreprise publique nationale, tout en gardant dans la plupart des pays la gestion des bornes fontaines, par l'intermédiaire desquelles elles assuraient un service public minimal, non payant, à destination des couches populaires de la population. Leur équilibre financier reposait sur la perception de taxes municipales.
Depuis une dizaine d'années, les municipalités abandonnent l'exploitation directe des bornes fontaines, car le faible niveau de leurs recettes fiscales ne leur permet plus d'assurer le financement du service "bornes fontaines". Elles laissent alors les entreprises concessionnaires fermer petit à petit les bornes fontaines publiques.
Dans la plupart des pays (comme le Mali, le Sénégal, la Mauritanie...), certaines bornes fontaines ont été rouvertes et concédées à des gérants privés. Les municipalités ne jouent actuellement pratiquement plus aucun rôle, même pas dans la définition des tarifs ou dans la planification des équipements.

1.3    Le décalage de l'accès à l'eau potable des populations urbaines

Si le branchement des ménages urbains au réseau d'eau potable est très inégal selon les villes, il est aujourd'hui partout très insuffisant : 17% à Port-au-Prince, 25% à Nouakchott, 54% à Dakar.
Mais surtout, il est parfois dépassé par la croissance urbaine : par exemple, la population desservie par la SNEC à Yaoundé était de 80% en 1976 (dont 56% par bornes fontaines) et n'est plus que de 64% en 1994 (dont 10% par bornes fontaines) (cf Adeline, AP 1).

1.4    Constat et interrogation

Les chiffres de la démographie urbaine situent le défi qui se présente aux responsables africains : d'une civilisation essentielle rurale au moment des Indépendances, ils doivent faire face à des concentrations urbaines qui rattrapent les métropoles mondiales. Avec un rythme global de croissance urbaine estimé à 5%, les études de prospective à long terme pour l'Afrique de l'Ouest annoncent que les 80 millions d'urbains actuels seront aux alentours de 250 millions dans les vingt-cinq prochaines années.
Que de mutations et d'apprentissages en une génération, que de mutations et d'apprentissages en perspective pour la prochaine génération !
L'histoire des régies municipales africaines de distribution d'eau et de leur disparition progressive, ainsi que les insuffisances actuelles (et certainement encore plus à venir) des entreprises publiques d'eau potable, montrent moins l'échec de ces systèmes de gestion que leurs limites pour suivre ou rattraper la croissance démographique des villes africaines. Et bien évidemment, il est encore moins question de l'anticiper.
Ces limites ne sont-elles pas tout simplement celles des systèmes centralisés de décision, d'investissement et de gestion à répondre au défi urbain africain, systèmes centralisés au niveau municipal, ou pire encore, centralisés au niveau national ?


2.    Des tentatives de réponses aux nouveaux besoins des populations urbaines en matière d'accès à l'eau

On peut repérer au moins quatre origines de réponses très différentes aux besoins d'accès à l'eau générés par les populations urbaines sans cesse croissantes :

  • les réponses tentées par les pouvoirs publics ;
  • les réponses tentées sur le terrain par diverses formes d'organisations (notamment communautaires ou caritatives) ;
  • les réponses défrichées par les opérateurs privés, le plus souvent informels ;
  • et les réponses issues de la débrouillardise des populations elles-mêmes.

2.1    Les réponses tentées par les pouvoirs publics

Nous n'aborderons ici qu'une des formes de réponse des pouvoirs publics, celle qui concerne les politiques générales. Dans pratiquement tous les pays, les politiques nationales en matière d'approvisionnement en eau potable sont en cours de révision en vue de mieux responsabiliser les populations dans le financement des services d'eau, et en vue d'augmenter le nombre des intervenants dans la proposition de nouveaux services (par exemple, à travers la délégation d'un certain nombre de fonctions dans le service d'eau à rendre).
Or, un des traits majeurs de ces révisions en cours, qui ressort globalement dans tous les pays, est le paradoxe entre ces nouvelles politiques de l'eau et les politiques de décentralisation, également en cours d'élaboration pratiquement partout. (cf Etienne, AR 2)
Ce paradoxe brouille actuellement les repères des responsables municipaux dans bien des pays (cf Séminaire de Ségou, AP 5), et mérite une discussion des causes de ces situations et des handicaps qu'elles engendrent.

2.2    Les réponses tentées sur le terrain par diverses formes d'organisations

Le programme piloté par le pS-Eau a repéré diverses formes de montage de projet d'approvisionnement en eau potable (initiatives de particuliers, d'associations de quartier ou de comités locaux de développement, d'ONG et de confessions religieuses, initiatives de l'Etat avec gestion des ouvrages confiée aux communautés...).
Leur analyse dans le cas concret du Cameroun (cf Tanawa, AR 8) a montré leurs performances très inégales dans la conception du projet et des ouvrages (études techniques), dans la mobilisation des fonds d'investissement (auprès des bailleurs de fonds, auprès des populations bénéficiaires), dans la qualité de réalisation des ouvrages, et dans la gestion des ouvrages (implication des populations, mobilisation des contributions, transparence dans la gestion des fonds, arbitrage des conflits).

2.3    Les réponses défrichées par les opérateurs privés informels

Plusieurs actions du programme ont étudié en détail les formes, l'ampleur et les dynamiques des intervenants privés.
Pour ne parler que de leur poids économique, dans les villes étudiées en détail dans le programme (cf Collignon, AR 9), les opérateurs privés réalisent aujourd'hui entre 21% et 84% de la valeur ajoutée de la filière de l'eau, bien qu'ils se situent pour la plupart dans le secteur informel.

2.4    Les réponses issues de la débrouillardise des populations elles-mêmes : la complémentarité des accès à l'eau

Face au manque crucial de prestations organisées (publiques et privées) pour répondre à leurs besoins en eau sous toutes leurs formes, dans les villes ayant la chance de bénéficier d'une pluviométrie et d'une hydrologie adéquates, les populations urbaines ont spontanément utilisé toutes les ressources en eau disponibles : rivières, puits, sources, etc.
Plusieurs actions du programme ont mis en évidence que les populations n'utilisaient pas au hasard les diverses ressources à leur disposition, mais témoignaient de véritables stratégies individuelles, à la fois économiques, sanitaires et culturelles dans l'utilisation complémentaire de ces ressources (cf Bouju, AR 10 - Adeline, AP 1 - Romann, AR 1).

2.5    Constat général vis-à-vis de ces tentatives de réponses : l'absence de cohérence à l'échelle de la ville

Les réponses qui impliquent des acteurs nationaux et locaux de façon cohérente, imaginative et volontariste, sont encore rares. Le programme a repéré les tentatives actuellement développées au Sénégal.
En revanche, de façon générale, la plupart des actions du programme ont relevé l'absence de vision globale des problèmes d'eau et d'assainissement dans une ville, ainsi que l’absence de vision globale dans les actions conduites dans ces secteurs sur une ville.
Certaines actions ont analysé les conséquences néfastes engendrées par cette absence de lieu de mise en cohérence, et ont appelé de leurs vœux une implication plus forte des responsables municipaux. Notamment, il a parfois été relevé l'absence de relations entre les comités locaux de points d'eau et les responsables municipaux, entre les documents d'urbanisme et le montage de projets dans le secteur urbain de l'eau potable.
Certaines actions ont tenté de construire les prémisses d'une gouvernance locale en matière d'eau et parfois d'assainissement (cf Estienne, AP 2 - Réseau de trois villes du Mali, AP 5 - de Boismenu, AP 6).


3.    Interrogations sur les bases d'une maîtrise d'ouvrage locale ou d'une régulation locale

3.1    Rôles possibles des maîtrises d'ouvrage locales et des municipalités

Si les modes centralisés de décision, d'investissement et de gestion des services publics urbains ont montré leurs limites pour suivre la croissance démographique et spatiale des villes africaines, l'émergence de modes décentralisés et délocalisés pose d'autres problèmes, souvent de nature nouvelle, qu'il s'agit de cerner et de maîtriser.
Le maître d'ouvrage est la personne physique ou morale qui manifeste sa volonté de faire un ouvrage, qui exprime ce qu'elle veut, en termes d'objectifs et de contraintes, et qui décide et fait réaliser l'ouvrage par d'autres. A l'échelle locale, les municipalités, mais également les comités de gestion de points d'eau dans les quartiers, peuvent être de véritables maîtres d'ouvrage de projets, dont ils assument l'entière responsabilité vis-à-vis de l'ensemble de la collectivité et des partenaires impliqués dans leurs réalisations. On parle alors de maîtrise d'ouvrage locale (cf Estienne, AP 2 ).
Ces transferts d'autorité qui vont s'accompagner de ressources propres, c'est-à-dire soit des moyens financiers adéquats, soit des capacités de contrôler ces moyens financiers, constituent de nouveaux enjeux pour les réseaux de pouvoir locaux et les réseaux clientélistes (cf Bouju, AR 10).
D'autre part, si les dynamiques de décentralisation visent à mettre un terme au monopole de compétences au niveau national, ce n'est pas pour le reconstruire au niveau municipal : il est souhaité que les municipalités comptent avec l'émergence d'autres acteurs (secteur privé, société civile, institutions communautaires, institutions de coopération, de développement…), qu’elles s'engagent dans une dynamique de partage, dans un cadre institutionnel bien défini et avec des outils juridiques de clarification, des outils de formalisation de la contractualisation (cf Séminaire de Ségou, AP 5).
Un maximum d’acteurs devrait être associés aux compétences des collectivités locales.
Les municipalités doivent devenir un lieu de convergence de tous les partenaires et de toutes les initiatives des autres acteurs, un espace de négociation et d'accords explicites faisant l'objet d'une information publique auprès de toute la population (exigence de transparence).

3.2    Espace public, service public, solidarités communes et intérêts personnels

L'histoire récente des pays africains et de leur contexte international, notamment avec l'ingérence des institutions internationales et des bailleurs de fonds, a engendré un environnement instable pour l'émergence des responsabilités publiques locales et des maîtrises d'ouvrage locales, que l'on peut caractériser par (cf Bouju, AR 10) :

  • une " prolifération institutionnelle " et normative qui génère l'incertitude ;
  • une crise des notions " d'intérêt général " et de " service public " qui traduit l'absence d'une conception citoyenne de l'espace public, et qui se traduit par l' " exploitation minière " des ressources ;
  • la banalisation de la petite corruption à tous les niveaux de la société.

L'enjeu et la difficulté majeure sont de faire émerger un " espace local public ", c'est-à-dire qui soit partagé par tous dans l'intérêt de tous, et sortant des logiques privées et étroitement communautaires qui prévalent actuellement.

3.3    L'apprentissage de la régulation entre acteurs sociaux : l'outil de la contractualisation

La nécessité de solutions évolutives a été mise en évidence dans ses dimensions techniques et économiques, elle doit l'être tout autant dans ses aspects institutionnels et organisationnels. Ce qui est visé est la construction progressive de véritables opérateurs locaux au comportement professionnel, qu'ils soient publics ou privés.
L'enjeu de la contractualisation dans le service local de l'eau en Afrique n'est pas le maintien de l'équilibre d'un système, mais sa création. C'est le développement, et l'invention collective, progressive, d'un cadre et d'un outil de gestion des services urbains, et de règles du jeu reconnues par tous. C'est en même temps la création d'acteurs sociaux capables de jouer leur rôle.
Le contrat doit s'inscrire dans un processus dynamique d'apprentissage, s'adaptant au fur et à mesure non seulement aux changements de situations, mais surtout aux nouveaux positionnements des acteurs à mesure qu'ils comprennent mieux leur rôle et les enjeux.
La question n'est donc probablement pas de savoir d'abord si la municipalité peut ou doit assumer la gestion d'installations, mais de l'aider à construire sa responsabilité première, celle de garantir le service et le respect de règles du jeu négociées. Peuvent alors s'élaborer des quasi-contrats locaux, multi-partenaires, dont la véritable nature est moins juridique que politique, et qui permettent ensuite des contrats plus spécifiques et plus précis (cf Coing, AR 2).

3.4    Réflexions financières sur la maîtrise d'ouvrage locale

Le maître d'ouvrage est généralement responsable du montage financier de l'investissement, quand il ne finance pas lui-même l'ouvrage, et doit s'assurer de la préservation du patrimoine construit en se garantissant de sa bonne exploitation et de sa bonne maintenance.
Dans les réflexions à conduire pour la durabilité des installations et du service de l'eau, le partage des fonctions à assurer pour permettre le bon fonctionnement du service et surtout le partage clair des coûts sont des éléments centraux.
Avec le transfert des responsabilités et des maîtrises d'ouvrage du niveau étatique au niveau local, ce partage a complètement évolué et est actuellement loin d'être clair et stabilisé. Notamment, la question de la propriété des installations de production ainsi que de distribution d'eau potable est rarement résolue de façon sereine.
Ce qui fait que, si certaines certitudes apparaissent dans le partage de certains coûts, des incertitudes subsistent pour la prise en charge de coûts " intermédiaires " (renouvellement du matériel, extensions importantes, etc.). Par ailleurs, s'est-on assuré que chaque acteur, au-delà de son positionnement par rapport au fonctionnement de l'ensemble du système, est en mesure de faire face aux frais qui lui incomberaient ?
C'est tout le sens d'une réflexion conduite sur le " qui fait quoi ? qui paie quoi ? qui peut payer quoi ? " (cf Conan, AR 2).


4.    Faire émerger la conscience d'une cohérence urbaine

4.1    Cycle de l'eau et développement urbain : construire une compréhension globale des questions d'eau sur l'ensemble d'un territoire urbain

L'hydrologie et l'hydrogéologie d'un site en cours d'urbanisation sont rarement connues des responsables municipaux et des populations, elles sont même parfois à peine connues des urbanistes et des aménageurs urbains. Pourtant, que d'interférences ensuite entre le cycle de l'eau et les conditions de vie quotidienne des populations urbaines : possibilités d'approvisionnement en eau (pas toujours potable), pollution des eaux et risque sanitaire, inondations et risque d'enclavement des quartiers, etc. !
La compréhension globale des questions d'eau sur l'ensemble d'un territoire urbain signifie autant des connaissances de nature scientifique (quantité et qualité des eaux disponibles, nature des écoulements), que de nature socio-économique (perceptions et usages de l'eau, par les populations et les activités économiques).
Plusieurs actions du programme ont défriché le chemin à suivre pour acquérir cette compréhension globale (cf Romann, AR 1 - Adeline, AP 1 - Tanawa, AR 8 - de Boismenu, AP 6).
La cartographie de toutes les connaissances progressivement acquises sur une ville se révèle également un atout important pour faciliter la diffusion des connaissances et des messages. Une des actions a même expérimenté l'impact de cette connaissance cartographiée sur la prise de conscience des pouvoirs locaux.
Certaines actions sont allées jusqu'à compléter les connaissances sur le cycle de l'eau avec des mesures de la qualité (qualité de l'eau du réseau d'eau potable autant que qualité de l'eau des modes alternatifs d'approvisionnement tels que les sources et les puits).

4.2    L'impact de cette connaissance globale sur le comportement des acteurs locaux

Les actions du programme mentionnées ci-dessus ont surtout montré l'impact considérable que cette compréhension globale, rigoureuse et détaillée - diffusée largement auprès des populations et des diverses composantes de la société civile, comme auprès des responsables locaux et de leurs bailleurs de fonds - pouvait avoir sur l'évolution des comportements à la fois vis-à-vis des ressources en eau et vis-à-vis de la prise de responsabilité.
Cette connaissance a été la base et le démarrage d'un processus de concertation particulièrement mobilisateur dans une ville du Cameroun (cf de Boismenu, AP 6).
Cette connaissance - enfin acquise et correctement restituée - est parfois en train de remettre en cause des projets en cours de montage. Elle permet de mieux (et plus) mobiliser les aides extérieures (coopération décentralisée par exemple) en leur apportant un argumentaire sérieux pour le cadrage de leur contribution (cf Romann, AR 1).
Des interrogations ont souvent accompagné les connaissances acquises sur la qualité de l'eau d'origines diverses, en ce qui concerne la pertinence de leur divulgation trop large et les impacts incontrôlables sur les populations (cf Tanawa, AR 8).


5.    Des outils opérationnels au service des savoirs et savoir-faire des acteurs locaux

Pour répondre au défi de l'urbanisation croissante et aux limites des réponses centralisées et uniformes (branchements des ménages à un réseau public de distribution d'eau), il est incontournable de diversifier les réponses sous toutes leurs formes : réponses techniques, réponses financières, réponses institutionnelles et organisationnelles...
Pour cela, il faut rééquilibrer le niveau des savoirs techniques concernant toutes les technologies possibles (amélioration des bornes fontaines, amélioration des sources, amélioration de l'aménagement et de l'utilisation des puits...), il faut rééquilibrer le niveau de savoir et de savoir-faire des nouveaux opérateurs locaux dans le secteur de l'eau (maîtrise d'ouvrage locale en émergence, opérateurs privés informels...).

Le programme piloté par le pS-Eau a défriché au moins trois formes de rééquilibrage :

  • la place des bornes fontaines dans l’approche globale de l’accès à l’eau des populations urbaines ;
  • l’amélioration des modes d’accès à l’eau complémentaires au réseau d’eau potable ;
  • les outils spécifiques d’animation et de formation à l’attention des acteurs locaux.

5.1    La question et la place des bornes fontaines dans une approche globale de l'accès à l'eau potable des populations urbaines

Les bornes fontaines peuvent occuper une place considérable dans l'accès des populations urbaines à l'eau potable (46% à Dakar, estimation de 75% de la population desservie par les réseaux de EDM au Mali). Or, plusieurs actions du programme ont mis en évidence l'absence, dans certains pays, de procédures spécifiques et adéquates pour l'abonné particulier que représente une borne fontaine (cf Romann, AR 1 - Séminaire de Ségou, AP 5).
Quand un statut contractuel spécifique a été mis en place, comme au Niger, celui-ci nécessite encore beaucoup d'améliorations dans le mode d'implantation et d'attribution des nouvelles bornes fontaines, dans leur conception technique et l'aménagement de leur assainissement, dans leur gestion financière et leur mode de facturation, dans leur surveillance et le suivi de leur gestion, etc.
Sans en assumer ni l'investissement, ni la gestion directe, la municipalité peut retrouver un rôle important de médiation et d'amélioration des procédures entre les gestionnaires privés des bornes fontaines et la société concessionnaire du réseau d'eau potable (cf Municipalité de Ségou, AP 5).

5.2    Des savoir-faire techniques pour améliorer l'accès à des ressources en eau alternatives au réseau centralisé ainsi que leur protection

Dans les enquêtes sur les pratiques des populations en matière d'approvisionnement en eau, une action du programme a identifié 7 types d'accès : les sources aménagées communautaires, les sources aménagées privées, les sources non aménagées, les puits aménagés communautaires, les puits aménagés privés, les bornes fontaines payantes communautaires, les bornes fontaines privées (cf Tanawa, AP 8).
La protection de la ressource en eau est capitale dans les modes alternatifs d'accès à l'eau. Aussi, cette action s'y est penchée spécifiquement et propose une stratégie de protection appuyée sur deux types d'action : d'une part le choix des sites et la définition de périmètres de protection, d'autre part les aménagements sur la structure même des ouvrages.
Pour cerner les formes d'amélioration à apporter aux ouvrages, cette action a séparé les ouvrages aménagés, sommairement aménagés et non aménagés. Une autre action a ensuite étudié en détail les savoir-faire techniques pour améliorer ces ouvrages (cf Adeline, AP 1).
Ces nouveaux savoir-faire peuvent d'ailleurs être l'occasion de faire émerger une filière locale de maîtrise d'œuvre et de réalisation (cf Romann, AR 1).


6.    De nouvelles formes d'action et d'appui aux maîtrises d'ouvrage locales en émergence : la montée en puissance de la maîtrise d'œuvre sociale

Faire basculer la maîtrise d’ouvrage dans le domaine de l’approvisionnement en eau potable des populations urbaines, du niveau étatique vers le niveau local ou municipal, représente de véritables mutations de comportement à tous les niveaux. Ces mutations peuvent être accélérées par un certain nombre de mesures d’accompagnement (animation, formation, appui conseil, etc.).
Pour marquer à quel point cet accompagnement n’a plus rien de secondaire, mais qu’au contraire il devient parfois central désormais, certains professionnels lui ont donné le nom générique de maîtrise d’œuvre sociale.

6.1    Outils spécifiques d’animation et de formation à l’attention des acteurs locaux. L’émergence du marché de l’appui conseil et de la maîtrise d’œuvre sociale

Deux actions pilotes du programme ont visé spécifiquement à mettre des acteurs locaux en situation de maître d'ouvrage : l'une concernait des associations de quartiers dans des zones périurbaines (cf Adeline, AP 1), l'autre des comités de gestion dans des petits centres urbains (cf Estienne, AP 2).
Les enseignements qu'elles tirent du vécu réel de l'animation et de la formation à apporter à ces nouveaux acteurs locaux sont extrêmement riches et porteurs d'avenir.
A la veille des grandes réformes dans les politiques nationales en matière d'approvisionnement en eau potable des populations, un marché potentiel se dessine pour des consultances locales auprès des futurs maîtres d'ouvrage que seront les comités de gestion de points d'eau, les associations d'usagers du service de l'eau, les municipalités.
Or, les actions pilotes du programme ont mis en évidence l'absence inquiétante de prestataires de services locaux dans le domaine de la gestion du service de l'eau : formation et appui-conseil technique, formation et appui-conseil en gestion financière et organisationnelle, etc. Le développement de l'expertise locale et la pérennisation du service local de l’eau passent par le transfert des savoir-faire acquis en matière de maîtrise d'œuvre sociale à des nationaux (cf Estienne, AP 2).

6.2    Evolution des services déconcentrés de l'Etat : de la maîtrise d'ouvrage directe à l'appui aux maîtrises d'ouvrage locales

Les réflexions sur les insuffisances des municipalités africaines à assumer leur rôle (actuel ou à venir) de maître d'ouvrage et de régulateur local dans le domaine de l'eau ont éclairé sur les insuffisances propres aux services déconcentrés de l'Etat, généralement détenteurs du meilleur savoir-faire technique.
Dans le double contexte de la décentralisation et de la privatisation de certains services urbains, tels que le service de l’eau potable, l’Etat abandonne un certain nombre de ses prérogatives. Dans le secteur de l’eau, à fort enjeu socio-politique, les fonctionnaires nationaux vivent souvent cela comme une perte de pouvoir qui leur est imposée.
En fait, c'est aussi un véritable apprentissage qui attend ces services dans le cadre des politiques de décentralisation en construction, en termes d'appui technique au transfert des compétences et des savoir-faire. Il s'agit de repositionner les administrations centrales en rendant l'initiative aux acteurs locaux et en travaillant au renforcement des capacités d'initiative et d'action de ceux-ci. Un mouvement dans ce sens semble amorcé dans certains pays, tels que le Mali ou le Burkina Faso (cf Séminaire de Ségou, AP 5).

6.3    Conduire la concertation et la coordination autour de la maîtrise d'ouvrage locale à construire ou à renforcer

Pratiquement toutes les actions du programme ont mis en évidence le manque dramatique de coordination et de concertation entre les acteurs concernés ou intervenant dans le secteur urbain de l'eau potable, sans toutefois donner de pistes pour en démarrer la mise en œuvre opérationnelle.
Quelques fils conducteurs ont été débrouillés au cours des échanges conduits entre trois villes maliennes, autour de la capitalisation de leurs expériences vécues et mitigées de concertation et autour du concept nouveau de la planification stratégique concertée (cf Séminaire de Ségou, AP 5).
Un ensemble d'études de base et de choix stratégiques peuvent permettre la conception d'un schéma global d'accès décent à l'eau potable pour tous à l'échelle d'une ville. Cependant, ce schéma ne sera suivi que s'il est compris et accepté par tous les intervenants. Pour faciliter cette acceptation, des actions d'information et de formation peuvent être proposées. Mais ce qui se révèle le plus porteur est le processus de concertation conduit tout au long de l'élaboration de la planification.
Partout dans le monde, l'expérience montre qu'un plan directeur sans large concertation est d'une faible efficacité car il est approprié et défendu par très peu d'acteurs locaux.
A l'inverse, une concertation sans appui sur un fil conducteur solide et sur une démarche structurée court le risque de dérives verbales dangereuses et de crispations des conflits.
Il faut les deux piliers simultanément : une concertation structurée autour d'un processus de planification stratégique (dite encore planification d'orientation).
Avant d'être un outil de gestion, la planification stratégique est un outil pédagogique d'information et de réflexion collective. Son élaboration doit être l'occasion de concertations et de débats nombreux (souvent houleux au début) entre tous ceux qui sont concernés par la question de l'eau et de l'assainissement dans l'agglomération.
Une seule action pilote du programme a défriché explicitement le chemin de la concertation à l'échelle d'une ville importante : elle n'a pour l'instant dépassé que le stade préliminaire du rassemblement des connaissances de base et de leur diffusion large à travers les premières manifestations publiques marquant l’intérêt collectif. Mais déjà, cette nouvelle forme d'action a suscité un intérêt et un engouement considérables (cf de Boismenu, AP 6).

6.4    Monter des projets spécifiques d'appui conseil aux maîtres d'ouvrage locaux

Dans l'hypothèse d'un réel désengagement de l'Etat, le service de l'eau peut-il être pleinement assuré par des associations d'usagers dans les petits centres urbains ? Une action pilote du programme a proposé des formations (en gestion communautaire, gestion comptable et financière, entretien et maintenance) et un service d'appui-conseil, sans aucun soutien financier pour l'exploitation, la maintenance, le renouvellement ou l'extension des réseaux. Le projet n'a consisté qu'en animation, formation et suivi des comités de gestion, et a permis l'élaboration et la validation d'outils de gestion simples, de kits d'animation et de modules de formation adaptables, susceptibles d'être diffusés largement (cf Estienne, AP 2).
La réussite et les enseignements tirés de cette action pilote montrent qu'il est désormais plus que pertinent, de la part des bailleurs de fonds, de monter des projets spécifiques d'appui aux maîtres d'ouvrage locaux, sans avoir forcément l'intention d'investir dans des équipements.
Cette forme d'appui, de pure maîtrise d'œuvre sociale, semble pouvoir jouer un rôle considérable dans l'accélération des mutations dans l'approvisionnement en eau potable des petits centres urbains et des zones péri-urbaines.


7.    Conclusion. Fournir un accès décent à l’eau potable pour tous : une opportunité pour améliorer la gouvernance locale

7.1    Réarticuler les nouvelles dynamiques d'AEP avec celles de la décentralisation et défricher des repères pour les responsables municipaux

Le paradoxe actuel entre les politiques nationales d'approvisionnement en eau potable, en cours de révision, et les politiques de décentralisation, en cours d'élaboration, n'est peut-être pas un hasard. Il illustre peut-être simplement les difficultés conceptuelles des responsables nationaux à construire des repères pour l'action municipale en vue d'offrir un accès décent à l'eau pour tous.
Les quelques tentatives d'approche globale de ces questions, mises en relief par le programme, peuvent-elles être interprétées comme des anticipations sur des préoccupations concrètes dans la mise en œuvre de la décentralisation dans les villes africaines ?
Comment poursuivre ces anticipations, comment les capitaliser pour pérenniser les idées et les acquis, et comment concevoir des échanges et des formations pour les responsables municipaux, pour que les uns évitent les échecs des autres, pour que les uns bénéficient d'outils qui ont fait leurs preuves chez les autres ? (cf Séminaire de Ségou, AP 5)

7.2    Une opportunité pour la coopération décentralisée

Le programme piloté par le pS-Eau a été l’occasion de mettre en relief les opportunités et les faiblesses de la coopération décentralisée dans le domaine de l’eau, qui est un terrain privilégié d’appui des communes du Nord à leurs communes jumelles africaines. Les faiblesses se situent souvent dans l’identification de la demande, la sous-estimation des études nécessaires d’avant-projet, l’intégration insuffisante des appuis à l’échelle de l’ensemble de la ville et des secteurs connexes de l’eau, l’assainissement, la santé et l’éducation.
Compte tenu de ce qui vient d’être dit ci-dessus sur les bases à construire pour la maîtrise d’ouvrage locale ou la régulation locale, sur l’ " espace local public " qui est souvent à inventer, les collectivités du Nord ne doivent-elles pas privilégier l’appui méthodologique aux communes partenaires du Sud plutôt que de remplir le rôle de maître d’ouvrage délégué ?
Au stade encore embryonnaire de la décentralisation, les élus municipaux, et plus encore les employés municipaux, ont surtout besoin d’une aide à l’apprentissage aux métiers de la gestion urbaine et aux outils de base de cette gestion.
C’est un domaine d’excellence des partenaires du Nord, qui pourraient en outre ainsi suppléer le déficit de capacités des administrations centrales africaines à assumer ce rôle (cf Morel à l’Huissier, AP 5).

7.3    De nouvelles approches dans le montage de projets de distribution d'eau en zone urbaine par les bailleurs de fonds

Il est temps d’introduire la dimension urbaine (au sens de la cohérence globale urbaine, développée plus haut) et la dimension municipale et locale (au sens de la responsabilité des maîtrises d’ouvrage locales, développée précédemment) dans les programmes d’approvisionnement en eau des populations urbaines.
Il est temps d’améliorer "toutes" les opportunités complémentaires qui peuvent permettre de fournir l’eau à des populations urbaines en nombre sans cesse croissant, complémentarités techniques des sources d’approvisionnement en eau et des modes de distribution, complémentarités organisationnelles des acteurs publics et privés.
Il est temps de donner aux Etats africains et aux acteurs locaux les moyens et les méthodes pour conduire les mutations comportementales à tous les niveaux, et surtout aux niveaux les plus locaux, indispensables pour passer des réponses centralisées traditionnelles aux nouvelles réponses décentralisées et délocalisées, qui sont pour l’instant les seules à même de rattraper un jour l’explosion démographique urbaine.
Le programme piloté par le pS-Eau a ouvert de multiples pistes de réflexion et surtout d’expérimentation comportementale dans ces directions. Un débat est nécessaire pour valider les premières pistes ouvertes et pour envisager de quelles manières diffuser ces messages et multiplier ces acquis auprès des concepteurs et des décideurs des politiques nationales en Afrique, et auprès de leurs bailleurs de fonds.
Notamment, certains acquis du programme devraient permettre de reformuler les objectifs des futures assistances au secteur urbain de l’eau potable en Afrique, et d’établir les termes de références pour des études préparatoires qui reflètent mieux les nouvelles exigences, par exemple en matière de maîtrise d’œuvre sociale et de vision globale urbaine.


» Rapports concernés par cette synthèse
  • ADELINE T. et al. 1998. Rapport final de l’AP 1.
  • DE BOISMENU I. et al. 1998. Rapport final de l’AP 6
  • DE BOISMENU I. et al. 1998. Rapport final de l’AR 5
  • BOUJU J. et al. 1998. Rapport final de l’AR 10.
  • COLLIGNON B. et al. 1998. Rapport final de l’AR 9.
  • ESTIENNE C. et al. 1998. Rapport final de l’AP 2.
  • ETIENNE J. et al. 1998. Rapport final de l’AR 2.
  • HINOJOSA et al. 1998. Rapport final ville de l’AP 5.
  • ROMANN et al. 1998. Rapport final de l’AR 1
  • TANAWA E. et al. 1998. Rapport final de l’AR 8.
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