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Axe n°1 : Analyse des paramètres économiques de la distribution deau |
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Synthèse des acquis du programme pour laxe 1 réalisée par Alain Morel à lHuissier (CERGRENE-ENPC), avec les contributions de Barthélémy Gbemade (CREPA) et Souleymane Bouaré (DNHE-Mali) |
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1. Pourquoi des recherches sur ce thème ?1.1 Coûts et demandes : deux questions centrales du programmeLhypothèse fondatrice du présent Programme de recherches et dactions pilotes, rappelons-le, renvoie explicitement à une problématique économique. Les petits centres et les quartiers périurbains ont été désignés comme objet de recherche privilégié parce quils ont été identifiés comme des territoires " intermédiaires " sur lesquels les deux modèles technologiques de lhydraulique urbaine et de lhydraulique villageoise trouvent leurs limites dapplication : le premier du point de vue de son coût (rentabilité insuffisante des systèmes-réseaux de type urbain avec branchements domiciliaires), le second par rapport à la demande (attente dun niveau de service dépassant les réponses apportées par lamélioration des points deau collectifs et traditionnels en milieu rural). Les réponses technologiques nappellent pas en elles-mêmes dinnovation technique car elles sont connues (bornes-fontaines, petits réseaux dadduction simplifiés, postes deau autonomes avec stockage et rampes de distribution, etc.). La difficulté et les approches innovantes à trouver relèvent davantage de la façon de planifier et de gérer de façon cohérente un système dans lequel coexistent des niveaux de services différenciés, répondant à des demandes elles-mêmes contrastées. 1.2 La profession face à l'outil économique : des attitudes contrastéesLanalyse économique, qui consiste à comparer les coûts et les avantages ou bénéfices entraînés par des choix tels que des décisions dinvestissement ou des politiques tarifaires, est-elle nécessaire? La réponse à cette question exige
quelques détours. En réalité, bien que des
millions de francs soient investis chaque année dans des
projets dalimentation en eau potable, ces investissements ne
sont quexceptionnellement soumis à de rigoureuses
analyses économiques. La plupart des bailleurs de fonds et des
gouvernements nationaux les exemptent des évaluations économiques
couramment exigées pour les investissements réalisés
dans dautres secteurs comme celui des transports ou de lhabitat.
Pourquoi ? En fait, les raisons de labsence ou de la superficialité des analyses économiques sont intimement liées à lattitude et aux modes de représentation des professionnels et décideurs du secteur de l'eau. La plupart dentre eux partage en effet à des degrés divers le sentiment selon lequel lanalyse économique appliquée à lalimentation en eau est un exercice vain. Cette opinion se fonde sur deux motivations principales :
Chacune de ces deux motivations, quoi que reposant sur des représentations différentes, révèle fondamentalement une même difficulté réelle : celle de mesurer les bénéfices sanitaires non perçus. En effet, par définition même, le bénéfice économique quun individu tire de la consommation dun bien ou dun service se réduit à la valeur quil lui attribue. Or, on estime généralement que les futurs bénéficiaires dun approvisionnement en eau potable nont pas conscience, avant den expérimenter les bienfaits, de limpact de leau sur leur santé. Sils ne les perçoivent pas, ces bénéfices ne peuvent être intégrés aux bénéfices économiques individuels susceptibles dêtre mesurés directement. Les professionnels du secteur que la première attitude décrite ci-dessus anime, et notamment les spécialistes de la santé, tiennent pour acquis que les bénéfices sanitaires lemportent largement sur les autres. Malheureusement, comme des recherches antérieures lont montré et dautres menées dans le cadre de ce Programme lont confirmé, lalternative qui consiste à mesurer indirectement ces impacts pose également de sérieux problèmes méthodologiques, de sorte que la question ne peut être tranchée. Ainsi, faute de pouvoir évaluer avec quelque précision les bénéfices individuels ou collectifs dun approvisionnement en eau amélioré sur la santé, on est donc incapable dapprécier leur importance relative par rapport aux bénéfices économiques totaux. Néanmoins, que ce soit pour se convaincre elle-même ou convaincre dautres du bien-fondé dun projet ou des choix en matière de politique de leau, la majorité des professionnels du secteur exprime une attente certaine concernant léconomie de leau. 1.3 Deux besoins et trois champs prioritaires d'investigationCest pour répondre à cette attente opérationnelle des opérateurs et décideurs que le Programme sest donné pour objectif de favoriser les recherches et actions pilotes susceptibles duvrer au développement doutils daide à la décision économique et à la gestion. La poursuite de cet objectif impliquait de diriger les investigations dans deux directions : lamélioration dun certain nombre de connaissances jugées lacunaires et la construction doutils opérationnels intégrant ces connaissances sous la forme de modèles, de méthodologies ou de recommandations susceptibles daider à la planification et à la gestion. En matière de connaissances dans le champ économique, les lacunes ont souvent pour origine un manque détudes transversales mettant en uvre des analyses comparatives entre plusieurs études de cas de façon à dépasser la seule collection de monographies et à systématiser les connaissances dans trois champs jugés prioritaires :
Les outils opérationnels dont il a été choisi de privilégier le développement à partir de ces connaissances sont respectivement :
Les deux principales recherches retenues dans le cadre de cet axe du Programme (AR 3 et AR 9) ont poursuivi ces deux voies : amélioration des connaissances dans les trois champs cités et développement d'outils et recommandations sur les trois thèmes rappelés ci-dessus. 2. Les enseignements de lanalyse de la demande2.1 Un marché concurrentielLe trait caractéristique du marché de leau dans le contexte particulier des zones " semi-urbaines " (quartiers populaires des villes, centres secondaires) réside dans lexistence de relations de concurrence et de complémentarité entre différents modes dapprovisionnement, les uns relevant dune offre de services " moderne " et souvent qualifiée d " améliorée " (branchements domiciliaires et points deau collectifs), les autres fournis par des points deau traditionnels et " gratuits " telles que les puits, les sources, leau de pluie, les rivières ou marigots, dautres encore proposés par des opérateurs souvent informels sous forme de livraison à domicile dune eau quils se procurent eux-mêmes de façons diverses. Or, linadéquation de loffre à la demande a de graves répercussions sur la durabilité des ouvrages, leur prise en charge par la population, lefficacité dune politique sanitaire ainsi que sur léquilibre financier des sociétés distributrices ou des gestionnaires délégués des points deau collectifs. Des outils opérationnels et dune mise en uvre simple et peu coûteuse seraient donc nécessaires pour déterminer la volonté de payer pour différents niveaux de service et pour évaluer les conséquences de cette information sur les choix des systèmes à implanter, des investissements à consentir et des tarifs à adopter. 2.2 Deux approches possibles pour évaluer la demandeLa capacité dattribuer une valeur économique aux ressources environnementales est un problème central dans la problématique du développement durable des pays industriels comme des pays en voie de développement. Les vingt-cinq dernières années ont connu un débat vigoureux et contradictoire au sujet des mérites respectifs de deux approches opposées (CERGRENE - AR 3) :
Dans quelle mesure les méthodes directes et indirectes dévaluation de la demande constituent-elles des outils fiables ? Lesquelles doit-on préférer et quels en sont les avantages et inconvénients respectifs ? Quelles précautions doit-on prendre pour les mettre en uvre et quel crédit peut-on accorder aux prévisions fondées sur leurs résultats ? Telles sont les questions auxquelles la recherche pilotée par le CERGRENE (AR 3) sest attachée à répondre en effectuant un état de lart de ces méthodes. Cette recherche a montré que lapproche indirecte na guère produit jusquà présent de modèles dont le champ dapplication puisse dépasser le seul cadre du site où ils ont été calés et quils résistent mal à lépreuve du temps : les comportements modélisés sur une ville ou un petit centre ne sont pas transposables sur dautres sites et ne sont pas même applicables pour prévoir de façon fiable les choix qui prévaudront dans la même ville ou le même centre quelques années plus tard. 2.3 Une modélisation prometteuse de la demandeLes modèles de la demande les plus prometteurs et parmi les plus robustes sont ceux réalisés dans le cadre des recherches CERGRENE / BURGEAP (AR 3) selon une approche holistique. A partir des résultats denquêtes réalisées dans quatorze villes ou centres secondaires répartis dans quatre pays (Niger, Bénin, Guinée, Mali, plus dun millier de ménages enquêtés au total), ces recherches ont modélisé le taux dutilisation des bornes-fontaines par les populations non raccordées au réseau et leur consommation spécifique à ces points deau. Le recours aux bornes pour leau de boisson en saison sèche est trop généralisé pour donner lieu à un modèle robuste, mais le prix de vente de leau aux bornes et la disponibilité des puits (rares ou fréquents) expliquent en grande partie les fluctuations du taux dutilisation des bornes pour leau de lessive en saison sèche. En saison des pluies, le taux dutilisation des bornes-fontaines pour leau de boisson est fortement corrélé aux deux mêmes variables ainsi quà la distance à parcourir : prix et distance expliquent les deux tiers environ des fluctuations de la consommation individuelle. 2.4 Les règles de l'art pour conduire des enquêtes de volonté de payerParmi les méthodes directes, seules les
enquêtes de volonté de payer ont fait lobjet
dune validation scientifique. Une recherche
menée par la Water Research Team de la Banque mondiale a démontré,
sur un cas précis, que les prévisions du choix des ménages
fondées sur une enquête de volonté de payer
peuvent atteindre une grande précision, à condition
toutefois que soient rigoureusement suivies certaines règles méthodologiques.
La plupart des enquêtes de volonté de payer menées
jusquà présent souffrent en effet de graves
lacunes. Du strict point de vue financier, le coût élevé des enquêtes dévaluation contingente (de 150 à 200 kF) pourrait être évité si leffort de développement de modèles comportementaux était poursuivi jusquà atteindre un pouvoir prédictif au moins équivalent aux méthodes directes. Cependant, les enquêtes dévaluation contingente favorisent un processus de consultation alors que lusage de modèles préétablis favorise au contraire la concentration des pouvoirs décisionnels en aliénant les usagers et responsables locaux du processus de planification. 3. Les enseignements de lanalyse des coûts3.1 La modélisation des coûts : des obstacles insurmontablesLa recherche pilotée par le CERGRENE (AR 3) a
montré, grâce à lexploitation de nombreuses
données collectées sur un large éventail détudes
de cas (essentiellement celles produites dans le cadre de la recherche
pilotée par HydroConseil : AR 9), que la modélisation
des coûts dinvestissement et dexploitation
des divers systèmes de distribution deau à des
fins prédictives se heurte à des obstacles
incontournables. Les coûts de production et de distribution de leau
potable intègrent en effet des paramètres trop nombreux
pour répondre aux spécifications dune modélisation
utilisable à des fins prédictives : cette recherche
démontre que les composantes du coût de leau
varient fortement selon les options techniques, que le calcul des
amortissements ou des provisions pour renouvellement dépend étroitement
de la politique nationale en ce domaine, que certains paramètres
se prêtent mal à une analyse économique alors quils
ont un rôle déterminant dans léquilibre
financier des exploitants. Elle montre enfin que certains de ces paramètres
sont difficiles à évaluer précisément. 3.2 Un outil d'aide à l'analyse des coûts et à la gestion prévisionnelleBasées sur lanalyse critique des comptes dexploitation des centres ou des quartiers comparables, où un système de distribution deau fonctionne depuis plusieurs années, de bonnes estimations du coût de leau sont accessibles et peuvent constituer un outil précieux de gestion pour les exploitants de systèmes dapprovisionnement en eau potable ou les collectivités locales. La recherche pilotée par le CERGRENE (AR 3) a développé à cette fin un système informatique daide à lanalyse des coûts fondé sur un logiciel courant de base de données et sadaptant aisément à tous les pays. 4. Les enseignements de lanalyse économique du secteur privé4.1 Complémentarité et dualitéDes recherches menées par le passé (notamment Morel à l'Huissier - 1990) avaient montré que les activités liées à la "redistribution de leau" (revendeurs de voisinage, souvent nombreux en milieu périurbain ; livreurs-porteurs, motorisés ou non ; gérants de bornes-fontaines) ne sont pas le produit des avatars du développement des réseaux dalimentation en eau potable. Elles relèvent au contraire de cette forme de production qui est particulière au système de léconomie urbaine pauvre et adaptée aux contraintes économiques et sociales pesant sur les agents concernés - producteurs et consommateurs. Elles ne viennent pas seulement combler labsence dune desserte que devrait assurer le réseau de distribution (le "système moderne") mais forment un véritable système dual qui, quoique situé dans détroits rapports de dépendance structurelle avec le système moderne, nen est pas moins doté dune cohérence, dune dynamique et dune rationalité propres. La recherche pilotée par HydroConseil (AR 9) dans le cadre du Programme est la première recherche de cette envergure qui se penche de façon systématique sur létude des aspects micro- et macro-économiques des entreprises privées intervenant aux différents niveaux de la chaîne dapprovisionnement en eau, non seulement dans les quartiers populaires des grandes villes, mais aussi dans les petits centres. Cette recherche a permis de valider et de critiquer
lhypothèse initiale selon laquelle " une
partie des fonctions dexploitation des systèmes dalimentation
en eau potable est déléguée à des opérateurs
privés sous contrat, mais la grande majorité de
ces opérateurs relèvent du secteur informel ".
Elle montre que la maintenance des moyens dexhaure, déterminante
pour la pérennité du service, continue le plus souvent à
être assurée par les services techniques de l'Etat, que
le monopole public est généralisé sur ce segment,
de même que sur lexploitation des réseaux urbains,
mais que la privatisation y est considérée comme un
recours possible devant les difficultés croissantes des Etats à
subventionner le service : les opérateurs privés du
service de leau noccupent donc que les " niches "
commerciales qui correspondent à des prestations que les
services de lEtat ou des municipalités ne peuvent pas
assurer, faute de moyens matériels, de disponibilité ou
de personnel (petites réparations des réseaux et
des moteurs dans les petits centres, redistribution de leau à
partir du réseau). 4.2 Un poids macro économique considérableCette recherche a demontré que le poids
macro-économique des opérateurs privés dans lactivité
urbaine de la filière "eau" est considérable
puisque, dans les cinq villes étudiées, ces derniers réalisent
entre 21% et 84% de la valeur ajoutée totale de la
filière et que, conformément au caractère
de forte intensité en main duvre des activités
"informelles", la proportion demplois créés
par ces entreprises est encore plus grande que dans les entreprises
concessionnaires (trois à quinze fois plus),
même sil sagit souvent demplois précaires
ou transitoires. 5. L'apport des travaux de l'atelier de OuagadougouRassemblant une trentaine de participants venus d'horizons divers (directions de l'Hydraulique, bureaux d'études, centres de recherche ou universités, etc.), l'atelier consacré à l'axe 1 a permis, lors des journées de synthèse et d'échanges tenues à Ouagadougou du 26 au 28 mai 1998, d'organiser une réflexion autour des questions centrales posées par les thèmes abordés dans cet axe à la lumière des restitutions qu'ont faites des personnes impliquées dans des actions de recherche ou des actions-pilotes. 5.1 Le surdimensionnement des systèmes d'approvisionnement en eauUn consensus s'est dégagé parmi les participants pour affirmer que le surdimensionnement des installations est la cause de l'échec de la plupart des projets d'approvisionnement en eau potable, et qu'il a deux origines principales : la mauvaise estimation de la demande individuelle ; la mauvaise estimation du nombre total d'habitants à desservir. L'atelier a recommandé que tout soit mis en uvre pour faire prendre conscience à l'ensemble des acteurs de cet état de fait, et pour qu'ils s'engagent à consacrer les ressources nécessaires à l'évaluation soigneuse et réaliste de la demande (et non pas des besoins, dont le terme renvoie trop facilement à des présupposés ou des normes plus ou moins exogènes et inadaptées). Trois recommandations méthodologiques ont été formulées pour aider à atteindre cet objectif : 1. Contrôler et suivre avec rigueur les données démographiques et leur évolution ; 2. Mettre en uvre suivant les règles de l'art, désormais établies, les méthodes de mesure de la volonté de payer des populations pour un approvisionnement en eau amélioré ; 3. Recourir à des approches participatives de façon à garantir que la demande sera prise en compte aux divers stades de l'élaboration des projets, depuis leur identification jusqu'à leur réalisation. 5.2 Attitudes et stratégies à adopter vis-à-vis des points d'eau traditionnelsPlusieurs études de cas, notamment celles réalisées
sur Kindia (Guinée, AR 1) et sur Yaoundé (Cameroun, AP
1), ont montré la prégnance des modes
d'approvisionnement traditionnels (puits et sources surtout) dans les
pratiques populaires. Elles ont montré aussi que certaines de
ces sources ne fournissent pas nécessairement une eau impropre à
la consommation pour les usages tels que la lessive ou la toilette, et
qu'en outre, les ménages classent les différentes eaux
en fonction de leur qualité supposée ; ce critère
de classement n'est pas très éloigné de la réalité
: ainsi, l'eau du réseau est préférée à
l'eau des autres sources, celle des sources aménagées à
celle des sources non aménagées et des puits. La hiérarchisation
ainsi effectuée ordonne l'ordre de préférence des
sources pour les usages qui sont faits de l'eau extraite à ces
sources. 6. Les limites des recherches menées et les voies dapprofondissement possibles6.1 Des études de cas fouillées encore à valoriserBien que le parti ait été pris de
focaliser lappel à candidatures de recherches et dactions
pilotes sur des thèmes assez précis, la production du
Programme nous semble loin davoir répondu à toutes
les questions posées. Elle a peut-être même soulevé
davantage de nouvelles questions quelle na apporté
de réponses. Ceci pourrait apparaître à première
vue assez frustrant mais est au contraire porteur despoir. En
effet, plusieurs actions-pilote (notamment celles portant sur Yaoundé
- AP 1 - et sur Kayes, Ségou et Mopti - AP 5 -) ainsi que
l'action de recherche pilotée par ACT Consultants (AR 1) ont
constitué des études de cas riches de données
demeurant encore largement inexploitées du point de vue des thèmes
abordés dans cet axe. Il en va de même pour les
nombreuses études de cas produites par les actions de recherche
AR 2 (pilotée par BURGEAP) et AR 9 (pilotée par
HydroConseil). 6.2 L'évaluation de la demande : étudier d'autres techniquesEn ce qui concerne lévaluation de la demande, les recherches menées laissent dans lombre la question de la pertinence dun certain nombre de techniques alternatives aux enquêtes, pourtant probablement mieux adaptées à la conduite de projets à petite échelle sur un (ou quelques) quartier(s) urbain(s) ou centre(s) secondaire(s). Il sagit notamment des techniques couramment employées dans les projets dhydraulique villageoise pour les phases danimation et de sensibilisation, dont il conviendrait détudier la possible utilisation au sein de méthodes itératives favorisant dune part des modes dexpression et de mesure de la demande moins coûteux et moins contraignants que les enquêtes de volonté de payer, dautre part une prise en compte de cette demande à divers stades de lélaboration des projets, depuis leur identification jusquà leur implantation. 6.3 Comment prendre en compte l'évolution de la demande ?Pourtant, la plus sérieuse limite des
analyses menées à propos de lévaluation de
la demande en mode projet ne concerne pas létroitesse de
léventail des techniques envisagées mais la
perspective résolument statique dans laquelle
on sest placé. Dans une note de synthèse rédigée
pour laction de recherche pilotée par BURGEAP (AR 2),
Henri Coing explique que " toute anticipation trop forte sur la
demande (sur le volume consommé, ou par des programmes de
branchements individuels trop volontaristes) conduit à l'échec.
A l'inverse toute définition statique de la demande bloque les
dynamismes démographiques et spatiaux " et recommande
par conséquent de "concevoir des systèmes évolutifs
et de prévoir dès l'origine les mécanismes de ces
évolutions". 6.4 Impact des connaissances acquises sur le choix d'une tarification optimaleLes politiques " sociales ", fondées sur divers mécanismes d'incitation financière, n'ont pas permis aux populations à faible revenu de bénéficier massivement ni durablement du niveau de service domiciliaire. Depuis une vingtaine d'années, les politiques dites " sociales " de l'eau s'appuient sur trois instruments, adoptés massivement par les sociétés distributrices : une structure tarifaire progressive, une première tranche tarifaire subventionnée, des branchements subventionnés ou à crédit. Or, ces instruments se sont révélés inefficaces en Afrique sub-saharienne, ou, plus grave, ont un résultat inverse à l'objectif poursuivi. Une première question se pose donc et a été débattue pendant l'atelier du Séminaire de Ouagadougou consacré à l'axe 1 : Jusqu'où peut-on aller dans la baisse du coût initial du raccordement pour l'usager ? Partant du principe qu'un frein majeur au
raccordement réside dans le coût initial de ce dernier
(représentant fréquemment plusieurs mois de revenus pour
plus de la moitié de la population), nombreux sont les pays qui
ont choisi de ne faire supporter à l'usager qu'une fraction de
ce coût ou de lui permettre de le régler à crédit.
Dans tous les cas, la faible capacité d'épargne des ménages
résidant dans les quartiers d'habitat précaire ou évolutif
exclut une majorité d'entre eux des bénéfices
d'une telle mesure. La seconde question abordée lors de l'atelier est la suivante : Progressivité du tarif et tranche sociale sont-elles équitables ? Lorsque le tarif ne couvre pas le coût
d'exploitation des systèmes d'approvisionnement en eau potable,
des subventions doivent être accordées par l'État
ou parfois par les municipalités pour maintenir le service. Or,
ces subventions sont proportionnelles à la consom- mation.
Comme les ménages aisés consomment les quantités
d'eau les plus importantes, ces subventions favorisent en réalité
les segments les plus riches au détriment des plus pauvres. La
nécessité d'une certaine redistribution des revenus à
travers le tarif n'a cependant pas échappé aux sociétés
distributrices puisque la plupart d'entre elles ont choisi d'appliquer
une tarification progressive. A la lumière de ces constats, les participants de l'atelier ont remarqué avec justesse qu'il est désormais urgent de questionner le bien-fondé des principes de la structuration tarifaire couramment adoptée en Afrique, de façon à rétablir un compromis manifestement oublié entre efficacité et équité des tarifs de l'eau potable. |
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