Les Recherches

Recherches n°2 : Analyse comparative des performances de divers systèmes de gestion déléguée des points d'eau collectifs

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L'objectif initial de ce travail était " l'élaboration d'un outil méthodologique afin de guider les choix en matière d'organisation de la gestion des points d'eau collectifs dans les petits centres et les quartiers périurbains ". Il s'agissait ainsi de mieux comprendre les conditions régissant le bon fonctionnement des différents systèmes de gestion déléguée et d'aider la démarche de prise de décisions concernant les modalités de gestion des points d'eau collectifs. L'originalité du travail repose sur la variété des cas analysés, variété géographique et des modes d'organisation du service d'eau, ainsi que sur la diversité des expériences et du cursus de chacun des membres de l'équipe et donc de l'approche du problème posé, venant enrichir une réflexion collective méthodique. En réalité, cette diversité des objets et des approches a rendu le travail d'analyse et de synthèse assez complexe, et les attendus de départ comme " l'élaboration d'un guide méthodologique ", ont évolué progressivement vers des résultats moins ambitieux, plutôt de l'ordre des recommandations et d'éléments de réflexion d'ordre méthodologique.

Pour mener à bien l'objectif de l'action de recherche, deux types d'actions ont été menées : des études de cas au Burkina Faso, au Sénégal et en Guinée et des réunions en groupe de travail (huit au total) à Paris.

Deux types de documents ont été produits, des monographies (volume 2 du rapport final), des communications thématiques, par auteur, ainsi qu'une synthèse et des recommandations discutées en groupe de travail (volume 1 du rapport final).

L’équipe de recherche a choisi de se placer d'emblée :

  • du point de vue de la gestion d'ensemble du service (qui tend de plus en plus à combiner desserte collective et individuelle) ;
  • et du point de vue de la construction du système d'acteurs et de la gestion de sa diversité (qu'il comporte ou non délégation).

Pour reformuler le problème, nous dirions que les formes de gestion mono-acteur (communauté, ou entreprise publique nationale) ne sont pas adaptées aux territoires que nous étudions ici ; dans le même temps, s'inventent partout de nouvelles formes qu'il faut évaluer pour savoir à quelles conditions elles peuvent générer une gestion durable. Un certain nombre des propositions qui suivent sont déjà testées dans certains pays, parfois institutionnalisées, parfois aussi déjà questionnées. C'est ce processus d'apprentissage qui est porteur d'avenir.

Les paragraphes qui suivent détaillent les propositions issues de ce travail. Toutes ont pour objectif final de mettre en œuvre des dispositifs de gestion durables, c’est-à-dire susceptibles d’évolution et d’adaptation aux changements affectant leur environnement.


Développer une réflexion conjointe sur petits centres, petites villes, et périphéries urbaines

Alors que la tendance actuelle est de les traiter séparément et différemment, on pourrait favoriser la convergence des stratégies mises en œuvre sur ces différents types d’espaces. Il est pour cela nécessaire de dissocier la logique et l'échelle territoriale du projet, de celles des dynamiques gestionnaires qu'il tend à promouvoir. Cela suppose notamment que le projet ne soit pas conçu comme un " tout " introverti, autosuffisant et autorégulé, mais comme une contribution :

  • à une politique nationale de l'eau organisant la cohérence des interventions sur l'ensemble du territoire ;
  • à la construction progressive, à la bonne échelle géographique, d'opérateurs professionnels, tout comme d'outils efficaces pour l'entretien et la maintenance, pour la gestion de l'épargne, voire la péréquation, etc. ;
  • à la construction d'une capacité de régulation de proximité, régionale et locale, capable d'accompagner les processus d'apprentissage, et le renforcement des acteurs.

La bonne échelle de réflexion est donc l'agglomération, ou la " région " : la difficulté des sociétés nationales à assumer réellement le service dans les périphéries populaires et leur tendance à se retirer des villes petites et moyennes non rentables accentueront le besoin d'une stratégie de prise en charge des services d'eau élaborée à l'échelle de chaque région ou agglomération, et non plus seulement de chaque localité ou de chaque quartier. De même, la diversité de formes de gestion et de types d'opérateurs, à l'intérieur de la même localité tout comme à l'échelle de la région, s'impose aujourd'hui comme un fait. Le véritable enjeu, commun aux périphéries urbaines comme aux petits centres, c'est donc de gérer cette inévitable pluralité d'acteurs, d'opérateurs, et d'échelles d'action.


Promouvoir une vision dynamique du service et de sa gestion

Il s’agit de promouvoir, par les moyens suivants, une vision dynamique de la demande, de la gestion et de la responsabilité du service :

  • une vision dynamique de la demande : toute anticipation trop forte sur la demande (sur le volume consommé, ou par des programmes de branchements individuels trop volontaristes) conduit à l'échec. A l'inverse, toute définition statique de la demande bloque les dynamismes démographiques et spatiaux ;
  • il faut concevoir des systèmes évolutifs et prévoir dès l'origine les mécanismes de ces évolutions ;
  • une vision dynamique de la gestion : clarification progressive des règles de tarification, de financement du renouvellement des divers types d'installation, des modalités de gestion de l'épargne ;
  • une vision dynamique de la responsabilité du service : réarticulation progressive de la gestion de l'eau au processus de décentralisation et de responsabilité locale, clarification du rôle de maître d'ouvrage.


Clarifier les rôles et fonctions des acteurs / opérateurs

De façon à accompagner la diversification des acteurs/opérateurs et l'intervention croissante d'acteurs privés, il s’agit de :

  • rechercher des relations triangulaires stables distinguant progressivement de manière plus claire :
    1. la responsabilité de fourniture du service (comité de gestion ou association d'usagers ou société nationale) qui peut être ou non une autorité concédante ;
    2. la responsabilité du fonctionnement quotidien du service, souvent assumée dans les faits par un binôme d'opérateurs du type gérant/fontainier salarié (comité/fontainier, opérateur privé/fontainier) éventuellement complété par la sous-traitance de l'entretien et de la maintenance ;
    3. la responsabilité de régulation (un tiers à identifier). Mais en sachant qu'il y a plusieurs combinaisons possibles ;
  • clarifier le rôle et la composition des comités d’eau dont la création ne va pas de soi : le processus devrait en être encadré ;
  • contractualiser les divers mécanismes de délégation en cascade en favorisant une pédagogie de la délégation : énonciation claire des devoirs, de l'autorité de contrôle et de recours ; affichage convaincant et mise en œuvre effective de sanctions ;
  • " intéressement " des gérants à la bonne gestion des installations, mise en œuvre de mécanismes réguliers d'évaluation/ " renégociation " des contrats ;
  • utiliser le contrat non comme une règle statique, mais comme un processus d'apprentissage et de construction de la légitimité de chacun des acteurs.


Favoriser l’émergence de cultures techniques et gestionnaires locales

Cet objectif peut être atteint par la construction progressive d'opérateurs professionnels, ce qui implique de :

  • renoncer au bénévolat comme principe " normal " de mobilisation des compétences ;
  • organiser une professionnalisation progressive des statuts des acteurs impliqués ;
  • organiser à la bonne échelle l'appui technique à cette professionnalisation.


Décloisonner les approches de la gestion de l'eau

La poursuite de cet objectif impose de :

  • rechercher les économies d'intégration en favorisant les synergies entre services (projets multisectoriels) et l'intégration des différentes demandes (des ménages, des artisans, des éleveurs, etc.) ;
  • resituer les enjeux de l'eau dans ceux, plus vastes, de l'aménagement et de la gestion urbaine des petits centres et des périphéries urbaines ;
  • articuler la régulation des opérateurs de réseau avec celle des autres modes d'accès à l'eau. Identifier le porteur d'une responsabilité globale (l'accès à l'eau de toutes les populations, sous toutes ses formes, et notamment la question des populations non desservies : définition d'un " droit à l'eau " dans ces espaces en cours de mutation ?).

Ces trois enjeux existent au niveau national, mais sont particulièrement cruciaux aux niveaux régional et local.


Ne pas figer le catalogue des solutions " légitimes "

Face aux incertitudes concernant le rôle futur des municipalités, des opérateurs publics, des opérateurs privés grands et petits, des structures associatives ou coopératives, il s’agit d’élargir le champ des possibles en s’efforçant d’une part de confronter l'expérience ouest-africaine à celle d'autres régions du monde, d’autre part de maintenir une veille permettant d'identifier et d'évaluer les expériences innovantes - même si elles sont atypiques - et de diffuser l'innovation. On observe ailleurs en Afrique, en Amérique latine, en Asie, des réponses différentes de celles données dans les pays étudiés ; mais cette ouverture et cette confrontation, que même les bailleurs de fonds agissant dans plusieurs régions ne parviennent souvent pas à réaliser, n’ont pas été suscitées. Cet objectif pourrait être inscrit dans la suite du programme dans lequel les présents travaux se sont inscrits ou dans un nouveau programme, non seulement sous forme de recherches mais aussi sous forme de mise en réseau des acteurs eux-mêmes.


» Contacts et fiche technique

Responsable de Recherche

Janique Etienne, Yves Vailleux, Alfa – Burgeap - 27, rue de Vanves
92100 Boulogne
Tél. : (33) (0)1 46 10 25 47
Fax : (33) (0)1 46 10 25 49
E-mail :

Partenaires

Alain Morel à l’Huissier (Cergrene)
Hervé Conan (RéA)
Michel Tamiatto
Henri Coing (Latts)
Sylvy Jaglin (Ifu – Ltmu)
Bocar Sy - Luc Hoang Gia (Semis)
Amadou Diallo (Bureau d’études Laforet)

Pays concerné(s) : Sénégal, Burkina Faso, Guinée, Niger, Bénin, Namibie, Mali
Axe(s) de recherche concerné(s) : 2.1 ; 4.1
Milieu(x) concerné(s) : quartiers périurbains et petits centres
Durée : 16,5 mois (16/08/96 – 31/12/97)
Coût : 263 950 FF



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