retour imprimer © Lettre du pS-Eau 55 de Oct 2007

Hydraulique urbaine au Cameroun

Avec l'AIMF, 10 forages pour 10 quartiers à Ngaoundéré


5000 habitants des quartiers périphériques de Ngaoundéré bénéficient désormais d'un accès pérenne à l'eau potable. ©AIMF

Accéder à une meilleure maîtrise de son développement socio-économique est l'enjeu des actions de développement urbain conjointement mises en place par les villes membres et l'AIMF (Association internationale des maires francophones). Le projet d'amélioration de l'accès à l'eau potable dans les quartiers périphériques
pas ou mal desservis de Ngaoundéré en apporte une illustration concrète.

Chef-lieu de la province de l'Adamaoua, la commune urbaine de Ngaoundéré compte près de 262 000 habitants. La ville a connu ses dernières années une croissance démographique et urbaine soutenues alors que le réseau en alimentation en eau a très peu évolué depuis sa réalisation en 1975. Des extensions ont bien été réalisées, notamment vers l'université et de nouveaux quartiers, mais la capacité de production stagne. Il en résulte une forte insatisfaction des populations.

La Société nationale des eau du Cameroun (SNEC) assure la distribution de l'eau à environ 2700 abonnés, ce qui représente un taux de desserte par le réseau d'environ 40 %. Toutes les bornes-fontaines municipales, soit 122, sont hors service. Le réseau de distribution, essentiellement réparti en centre ville, est donc sous-dimensionné au regard des besoins. L'abandon de l'exploitation est un facteur aggravant pour les habitants non raccordés qui sont contraint à pourvoir à leurs besoins en puisant dans les marigots ou en achetant de l'eau à des revendeurs, ce qui renchérit le coût de la distribution. Face à cette situation marquée par de forte disparité socio spatiale, les populations ont diversifié leur stratégie d'approvisionnement à travers la construction de puits modernes et de forages, financés notamment par l'Union européenne à travers le Programme d'appui aux capacités décentralisée de développement urbain (PACDDU)1. Après avoir conduit plusieurs projets d'équipements de services publics urbains (construction d'un abattoir et de son parc à bovins) et assuré des formations de cadres municipaux avec l'appui de l'AIMF dont elle est membre, la municipalité de Ngaoundéré a en 2006 sollicité le concours technique et financier de l'Assocation internationale des maires Francophones pour un projet d'eau potable. Il s'agissait de trouver une solution concrète pour améliorer durablement l'accès à l'eau potable dans des quartiers périphériques, pas ou mal desservis.
Le projet s'inscrivait dans le plan de développement de la commune élaboré par la municipalité avec les comités de développement de chaque quartier. La municipalité a préalablement financé l'étude d'avant projet sommaire réalisée par la société locale GEOFOR.

Les bornes-fontaines étant à la fois concentrées dans les quartiers centraux et si dégradées que leur réhabilitation n'a pas été envisagée. Les contraintes rencontrées par la SNEC au niveau de la production rendaient par ailleurs l'option technique de la réhabilitation peu adaptée à la volonté de desservir un grand nombre d'habitants.

Dix forages pour dix quartiers
Le choix s'est donc porté sur la réalisation de forages dans dix quartiers. Les quartiers bénéficiaires ont été sélectionnés par la municipalité, sur la base de critères de difficultés d'accès à l'eau, de disponibilité de terrains, des besoins exprimés par les populations à travers les comités de développement et des résultats de prospection géophysique. Des forages ont donc ainsi été implantés à proximité du grand marché, près de l'école publique de Der al Salam et dans le lycée professionnel.

En parallèle à la partie technique du projet (réalisation et équipement de forages par l'entreprise CGC CAM) une part importante de l'action a été consacrée à la mise en place de structures de gestion et à la formation et sensibilisation des différents acteurs et usagers afin d'en assurer la pérennité.

Trois personnes ont été formées par l'entreprise et l'Ong Aquassistance afin d'aider la municipalité et les comités de gestion des points d'eau créés dans chaque quartier à l'occasion du projet : il s'agit d'un enseignant du lycée, d'un soudeur et d'un mécanicien qui pourront utiliser l'outillage du lycée pour confectionner des pièces de rechange dans le cadre de l'entretien des matériels. Le lycée technique joue ainsi le rôle important de pôle d'appui local à la maintenance des pompes. Parallèlement, comme le lycée souhaitait, avec l'aide de l'association Eau Lambda, créer un module de formation d'artisans réparateurs en hydraulique, le projet a pris en charge le financement de matériels d'apprentissage (pompe et divers appareils hydrauliques).

Des résultats probants
Le dispositif ainsi mis en place enregistre des résultats réels :
• suppression du portage de l'eau pour les femmes. Celles-ci participent désormais aux comités de gestion des points d'eau qui ont été créés pour chaque forage par les comités de développement des quartiers. Les membres de ces comités de gestion ont reçu une formation à l'entretien et à l'hygiène par la municipalité et l'entreprise assistées par Aquassistance et Eau Lambda;
• plus de disponibilité des jeunes filles pour se rendre à l'école ;
• diminution escomptée des maladies hydriques et augmentation des revenus des ménages du fait de la diminution des dépenses consacrées à l'achat de médicaments et du coût de l'eau par rapport à l'achat au secteur privé informel ;
• le temps passé à aller s'approvisionner à plusieurs kilomètres peut être utilisé pour réaliser des activités sources de revenus ;
• création de 10 emplois permanents de fontainiers, formés à la gestion des bornes-fontaines (des femmes font également partie des comités de gestion des bornes) ;
• utilisation des compétences locales : les analyses de l'eau en cours de travaux ont été réalisées par l'université de Ngaoundéré et un contrat de suivi de la qualité a été passé avec elle par la Mairie ;
• la facturation a été déterminée au cours de réunions organisées par la Mairie avec les usagers. Le maire a ensuite établi un règlement des eaux.


Cf. Populations et pouvoirs locaux se mobilisent pour alimenter en eau un quartier excentré, L'apport du PACDDU aux organisations de la société civile, Yves Koudjou, Lettre du pS-Eau n° 48, juin 2005

Financement du projet
Ville de Ngaoundéré: 34 000 €
Communauté urbaine de Nancy : 18 000 €
Agence de l'Eau Rhin-Meuse 50 000 €
AIMF : 68 000 €
Total 170 000 €

L'Association internationale des maires Francophones
Opérateur de la Francophonie pour la coopération décentralisée, l'AIMF, présidée par le maire de Paris, est un réseau de villes et d'associations de villes au service du développement des collectivités locales.
Elle concourt à une meilleure gestion des municipalités en favorisant les échanges d'expériences et en finançant des projets concrets qui mobilisent son réseau d'experts (30 projets sont soutenus en moyenne par an). Ceux-ci concernent notamment l'alimentation en eau et l'assainissement de quartiers, et les actions qui, plus généralement, améliorent le cadre de vie des habitants. Depuis 2005, près de 15 projets ont été soutenus ou sont en cours d'élaboration.
Par le biais de ses programmes d'appui à la bonne gouvernance, avec son expertise et la réalisation d'outils adaptés, l'AIMF contribue également à la diffusion des connaissances et des savoir-faire en matière de gestion municipale.
Par ailleurs, à la suite des graves inondations qui ont récemment frappé le Vietnam et le Sahel, l'AIMF a mobilisé son fonds d'urgence pour venir en aide aux populations. Une aide exceptionnelle a déjà été accordée aux villes de Kaédi et Rosso en Mauritanie, de Bandiagara au Mali. Cette aide permettra d'apporter un soutien direct aux populations en leur fournissant notamment des couvertures et des moustiquaires, et en donnant aux mairies les moyens de réaliser des travaux d'urgence pour lutter contre les inondations.


Jean-Pierre David
Association internationale des maires francophones (AIMF)
9, rue des Halles
75001 Paris
tél : 33 1 44 88 22 88 Fax : 33 1 40 39 06 62
Email:
jp.david@aimf.asso.fr
Site internet: www.aimf.asso.fr
Services techniques de Ngaoundéré

Email: cu_ndere@yahoo.fr

AIMF - Paris - France
Mairie de Ngaoundéré - Ngaoundéré - Cameroun
 

Les 10 forages réalisés, d'une profondeur de 47 et 60 m et d'un débit de 0,7 à 1 m3/heure, ont été équipés de pompes manuelles INDIA et de protections anti-bourbier.
©AIMF
 

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