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Le paradoxe de la fièvre infantile et de la fosse septique



Les résultats contre-intuitifs de travaux sur la santé des enfants, en rapport avec la salubrité de l’habitat, montrent l’importance de réviser certains indicateurs globaux de développement et d’affiner les normes qualitatives en matière d’assainissemen
article de presse coll. Sciences au Sud n° 80 Oct 2015 ; 1 pages ; Sciences au Sud 80
Aut. Stéphanie Dos Santos
Ed. IRD - Marseille
Téléchargeable sous format: PdF (130 ko)
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Article:
Mieux vaut pas de système d’assainissement du tout plutôt qu’une installation de piètre qualité… Ce constat - qui n’est en rien une recommandation ! - provient d’études sur la santé des enfants en rapport avec la salubrité du milieu de vie, menées dans deux capitales d’Afrique sahélienne par des chercheurs de l’IRD et leurs partenaires de l’Université de Ouagadougou1. «
Dans les quartiers informels de Dakar et Ouagadougou, les enfants vivant dans les foyers dépourvus d’une fosse septique ont entre 20 et 40 % moins de risque d’avoir eu une fièvre, comparés à ceux vivant dans un foyer disposant d’une telle installation », indique la socio-démographe Stéphanie Dos Santos. Avec ses collègues, elle étudie les facteurs environnementaux de la fièvre infantile dans ces zones défavorisées. Ce symptôme est un signe caractéristique de la mauvaise santé des enfants dans des contextes de précarité sanitaire, socio-économique et environnementale. Leur découverte, pour le moins contrintuitive, est explicable. Dans les ménages où l’on ne dispose pas de fosse septique, les effluents domestiques sont dispersés à même le sol, dans la cour en terre ou en sable ou dans la rue non bitumée. Là, compte tenu du climat, ils ont tôt fait de sécher, sans constituer de gîte larvaire propice au développement des vecteurs de maladies parasitaires ou virales. A l’inverse, les installations d’assainissement individuelles, quand elles existent, ne sont pas nécessairement étanches. Elles peuvent former des flaques insalubres, notamment durant la saison des pluies, où prolifèrent les insectes nuisibles. C’est le cas notamment du moustique responsable du paludisme dont on sait, depuis peu, qu’il peut se reproduire dans les eaux souillées.
« Ces résultats montrent l’imprécision des indicateurs globaux, qui associent sans subtilité le taux d’équipements destinés à la salubrité et la santé des populations, estime-t-elle. Ils cachent des réalités plus complexes sur le terrain. Et pour les saisir, il faut désagréger les statistiques à des niveaux plus fins, comme le quartier ou le foyer, et étudier les pratiques domestiques… ». Au-delà, ces résultats plaident aussi en faveur de recherches sur l’accès aux services urbains de base dans les villes africaines.
Car les politiques publiques en la matière restent bien trop timides, face à une situation d’une extrême urgence. Les villes d’Afrique connaissent en effet une croissance sans précédent dans l’histoire de l’humanité, expansion appelée à se poursuivre jusqu’en 2100 au moins. La capitale du Burkina Faso, par exemple, devrait compter trois fois plus d’habitants dans quinze ans seulement. Mais cette croissance urbaine africaine se fait, pour une bonne part, dans des quartiers informels, dépourvus d’adduction d’eau, d’assainissement, d’électricité...
Et les effets négatifs de cette expansion mal maîtrisée sur la santé publique se font déjà sentir. « L’urbanisation n’est plus systématiquement un facteur de développement économique, social et sanitaire, note la spécialiste. Ainsi, la mortalité des enfants est désormais plus élevée dans certains quartiers informels de Nairobi, au Kenya, qu’en milieu rural. » ?? 1. Institut supérieur des sciences de la population.
Contact stephanie.dossantos@ird.fr UMR LPED (IRD et Aix-Marseille Université)

Mots clefs:

latrine, toilettes (CI) (DT) (OP) , maladie (CI) (DT) (OP)

Editeur/Diffuseur:

IRD - Institut de recherche pour le développement - Marseille
    

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