Le cadrage thématique et
méthodologique du programme
Thème
spécifique déchets
solides - 6 :
La
commune face à la gestion des déchets
Problématique
La
responsabilité de la gestion des déchets solides urbains est de toujours une
compétence reconnue aux collectivités locales, mais celles-ci se trouvent en
difficulté pour l’assumer pleinement. Dans les grandes villes, l’État
s’est souvent substitué aux communes, passant directement des marchés de
concession avec l’aide des financements internationaux. Les villes moyennes,
livrées à elles-mêmes, essayent sans grand succès de faire face à des
besoins qui ne cessent de croître, notamment
dans les périphéries nouvellement urbanisées. En pratique, jusqu’à une période
récente, la gestion des déchets solides suivait un schéma très classique
(collecte, évacuation et enfouissement en régie municipale ou par une
concession globale) avec des résultats très contrastés mais partout
insuffisants.
Les
politiques de décentralisation ont remis les collectivités locales au centre
de la gestion des services de proximité, l’un des plus proches des
populations étant sans nul doute celui de la gestion des déchets. Parallèlement,
l’implication de nouveaux acteurs (entreprises privées, associations, bénéficiaires
des services), associée à l’utilisation de technologies alternatives dans le
ramassage des ordures, ont permis d’étendre le service à une plus grande
partie de la population, en particulier celle vivant dans les périphéries.
Mais, d’une part, ces initiatives ont exploité un marché local de services
sans régulation des prix ni normes de qualité (faute d’un cadre de
coordination adapté, la collectivité locale se trouve, devoir régler des
conflits de concurrence entre les prestataires de service ou avec les
populations) et, d’autre part, les niveaux de service atteints ne répondent
pas aux besoins. La performance des dispositifs adoptés peut être mise en
doute.
La
municipalité est bien le premier acteur responsable de la gestion des déchets,
non plus forcément comme gestionnaire direct et unique du service mais, pour le
moins, dans un rôle de coordination de l’intervention des multiples acteurs
impliqués et de régulation. Elles sont amenées à concevoir et gérer un schéma
technique, financier et organisationnel global et cohérent, qui prenne en
compte l’ensemble de la filière ainsi que l’ensemble du territoire
municipal, et non seulement une clientèle solvable où chaque acteur voit son rôle
délimité et articulé avec celui des autres acteurs et où chaque maillon voit
sa pérennité assurée grâce à une gestion et un financement durable.
Les
collectivités locales ont dès lors besoin d’un renforcement de leurs capacités
de maîtrise d’ouvrage pour l’élaboration et la mise en œuvre de ces schémas,
la promotion d’un processus de concertation entre les acteurs et
l’organisation de contractualisation entre les différents intervenants de la
filière des déchets.
Attentes
>
Les municipalités qui ne peuvent ou ne souhaitent pas assumer
seules la gestion des déchets mettent en place des systèmes de gestion partagée
en utilisant une ou plusieurs formes juridiques à leur disposition
(exploitation en régie, par délégation contractuelle – concession,
affermage –, passation de marchés publics de prestation de service) ou
d’autres formules, plus ou moins formalisées (participation communautaire,
etc.). Il s’agirait de déterminer les modes de gestion partagée les plus
appropriés pour les différentes séquences de la filière et leur
articulation dans un schéma d’ensemble cohérent. L’analyse porterait sur
des expériences significatives d’organisation correspondant à différents
objectifs ou méthodes définis en fonction des contextes, et notamment des
capacités contributives et participatives des habitants, du nombre et de la répartition
des lieux de valorisation ou d’élimination et des modalités de collecte sélectives
qui en résultent, ainsi que des modes de transport, de regroupement ou de
transfert, etc. Une analyse comparative permettrait d’apprécier les
performances respectives des différents modes de gestion du service des déchets
(techniques, financières, qualité du service) en établissant un bilan coûts-avantages
pour chacun et en mettant en évidence leurs points forts et points faibles.
>
Il conviendrait d’expérimenter et d’étudier,les modes
classiques ou alternatifs de concertation, de négociation et de
contractualisation entre les collectivités locales et les autres acteurs de
la filière des déchets. Il s’agirait, partant d’une analyse des positions
et des jeux d’intérêts des différents groupes d’acteurs, d’apporter des
éléments de réponse aux questions suivantes :
- Comment associer l’ensemble des acteurs concernés à une réflexion
globale sur la gestion des déchets urbains et quelle forme donner aux cadres de
concertation ?
- Sous quelles conditions contractuelles organiser la concession des
zones de précollecte, de gestion des points de transit, les transports et la
gestion des décharges ?
- Comment articuler les activités dites informelles à un système
concerté ?
- Comment obtenir une répartition opérationnellement satisfaisante
des rôles, fonctions et responsabilités et une harmonisation des actions des
différents intervenants ?
>
Les municipalités ne
disposent que rarement d’un schéma d’ensemble pour la gestion des déchets.
Une action qui consisterait à apporter aux élus et services techniques un
appui méthodologique dans la définition de choix stratégiques en vue de
l’établissement d’un schéma technique et institutionnel cohérent,
permettrait de dégager des enseignements précieux pour l’ensemble des
intervenants concernés. Une telle action concernerait tout particulièrement
des villes moyennes. Il serait intéressant de parvenir à modéliser des plans
stratégiques locaux pertinents et performants. Ces schémas devraient être élaborés
en concertation avec tous les acteurs du développement local et suivre toutes
les étapes méthodologiquement nécessaires pour garantir leur cohérence, leur
pertinence, leur efficacité et leur viabilité (diagnostic, définition
d’objectifs, études techniques et financières, organisation et
planification, etc.) incluraient :
- la mise en place des procédures de concertation et de
contractualisation avec les intervenants du secteur ;
- la prise en compte non seulement les ordures ménagères mais
aussi des autres déchets ;
- la prise en compte de la valeur économique de la valorisation des
déchets ;
- l’ensemble des séquences de la filière déchets (collecte,
transport, valorisation, élimination), choix techniques et organisationnels,
modalités de financement, etc. ;
la prise en compte des zones périphériques
ou d’accès difficile (marécageuses par ex.).
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