Le cadrage thématique et méthodologique du
programme
Déchets
solides – 2 :
Optimisation
de la précollecte et de la collecte des déchets
Problématique
La précollecte
est une pratique largement répandue dans les pays en développement. Il
s’agit d’une collecte primaire des ordures et de leur évacuation, effectuées
au moyen de tricycles ou de charrettes à traction animale ou humaine, depuis
les parcelles jusqu’à des points de regroupement désignés. Elle est
principalement prise en charge par le secteur informel (comités de quartiers,
associations, micro entreprises, etc.), qui pallient ainsi les insuffisances du
service public, en particulier dans les quartiers inaccessibles aux véhicules
conventionnels de collecte des ordures. La conjonction de plusieurs facteurs a
favorisé le développement de cette pratique :
–
attentes des populations ;
–
chômage des jeunes et donc disponibilité de main d’œuvre.
Si
elle a permis d’étendre la couverture du service de ramassage des ordures aux
quartiers périphériques, et donc d’atteindre un nombre élevé de
producteurs de déchets, la précollecte se heurte à un certain nombre de
difficultés :
–
articulation entre la précollecte et les autres séquences de la
filière ;
–
concurrence entre acteurs de la filière et rivalités entre
structures du même quartier ;
–
absence de marketing social et non optimisation des circuits ;
–
adaptation de la technologie aux besoins et aux contraintes des
villes ;
–
statuts des
structures et des acteurs.
L’action
du réseau Waste Net (réseau africain des professionnels des déchets solides)
a permis de faire le point sur ces pratiques. On sait désormais que :
–
la précollecte a permis d'étendre le service de collecte des
ordures là où les solutions trop technicistes ont échouées ;
–
les populations, même à faible revenu, sont disposées à
contribuer financièrement et directement à l'amélioration de la gestion des déchets ;
–
les négociations du contrat de service entre les prestataires de
service de précollecte et les populations sont déjà bien établies et qu'il
n'y a plus de sensibilisation à faire entre ces prestataires et les habitants.
Les
questions soulevées au vu des cas étudiés sont les suivantes :
>
Niveau de service
exigible dans cette séquence de la filière.
Telle que la précollecte est pratiquée, les prestataires de service ont pour
seule obligation d'enlever les ordures de l'abonné. La question du lieu
d'entreposage des déchets n’est pas posée. Les contrats de service entre le
prestataire et l'abonné sont passés sous seing privé et, en cas de litige,
c'est l'autorité communale qui fait office d'arbitre. Le traitement de ces
contrats dépasse donc les relations entre co-contractants pour impliquer
d'autres acteurs notamment la municipalité ou la communauté.
>
Organisation de la
concurrence. Le système de
zonage et de concessions de zones aux prestataires de service, pour résoudre le
problème de leur nombre de plus en plus élevé et de leur concentration en
centre ville, ne permet pas une émulation des acteurs qui se complaisent dans
ce privilège.
>
Interfaces précollecte-évacuation
(service public, service privé informel, service privé formel). Ces interfaces
sont très difficiles à gérer en l’absence d’un cadre de concertation, de
négociation et d’intermédiation.
Une
meilleure maîtrise de cette séquence par les collectivités locales, au plan
institutionnel, organisationnel et technique, devrait permettre de simplifier et
d’améliorer la collecte des déchets dans les villes du tiers monde.
Attentes
>
La précollecte a permis
une meilleure couverture spatiale du service de collecte. Mais les conditions de
l’intervention des acteurs de la précollecte (défaillance ou insuffisance de
service public, chômage de jeunes diplômés) ne permettent pas de l’inscrire
dans la durée. Les actions à mener devraient permettre de mieux connaître
les conditions d’émergence et de développement de cette activité. Il
est important d’étudier les motivations initiales des acteurs, les logiques
d’intervention ainsi que les conditions d’exercice de cette activité
(statuts, rémunération) . Ceci favoriserait une meilleure reconnaissance de
ceux qui prennent en charge la précollecte et leur professionnalisation ainsi
que l’insertion de la précollecte dans un schéma global de gestion des déchets.
>
Une des caractéristiques
de la précollecte est qu’elle utilise un matériel sommaire, fabriqué
localement, ce qui affecte le rendement de la filière. Les charretiers et
pousseurs se plaignent des difficiles conditions de travail et du problème que
pose la faible résistance des ânes, dont la durée de vie ne dépasse guère 4
mois. Il conviendrait d’analyser les performances de technologies dites
alternatives, de proposer et de tester des améliorations afin d’optimiser
les technologies utilisées ou à utiliser.
>
L’inadéquation et
l’imprécision des textes régissant la gestion des ordures ménagères, la
multiplication des acteurs ainsi que l’absence de contrôle et de
planification sont préjudiciables à la bonne marche de l’activité de précollecte.
Le recherche devrait permettre, en partant des pratiques actuelles, de proposer
et tester des cadres organisationnels, réglementaires et contractuels
appropriés. Il s’agit
- de mieux organiser la
concurrence en s’attachant aux problèmes de régulation, de niveau de service
et de tarification ;
-
de préciser les modes de concertation, coordination et
contractualisation afin que soient reconnus et définis les rôle et
responsabilités de tous les acteurs concernés, la municipalité étant au
centre du dispositif organisationnel
>
L’efficacité tant
technique qu’économique d’un système de précollecte et de collecte est dépendante
des conditions physiques et socio-économiques du milieu. Il serait pertinent
d’analyser les paramètres de définition des relations entre la collecte des
déchets et l’occupation de l’espace (densité, taille de la parcelle,
contraintes foncières, contraintes physiques accessibilité, etc.)
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