Le cadrage thématique et méthodologique du
programme
Thème
spécifique déchets
solides – 1 :
Valorisation
des déchets
Problématique
De par
leur nature et leur composition, les déchets solides urbains des villes des
pays en développement peuvent constituer une matière première pour diverses
activités économiques, agricoles, artisanales ou industrielles.
L’exploitation de ce gisement peut avoir des impacts positifs sur toute la chaîne
de gestion des déchets et au-delà (génération d’emplois et de ressources).
Malheureusement,
cet aspect de la gestion des déchets est resté
longtemps ignoré par les gestionnaires urbains d’abord préoccupés
par la collecte et l’évacuation des déchets.
C’est au secteur informel que reviennent les activités de récupération,
de recyclage et de transformation des déchets. Mais, les marges bénéficiaires
sont faibles, en raison de contraintes techniques (tri manuel, déchets
centralisés à la décharge) et économiques (méconnaissance des produits
finis, coûts de production).
Cette
conception restreinte de la gestion des déchets évolue : les déchets
sont de plus en plus considérés comme une ressource, bien que l’impact économique
de la valorisation soit encore mal connu, et la gestion des déchets tend à
s’élargir à la valorisation. Celle-ci devient alors une composante d’un
schéma global et cohérent de gestion des déchets, selon une approche qui, à
l’idéal, prend en compte d’autres objectifs (économiques, sanitaires et
sociaux, environnementaux).
L’intégration de la
valorisation à la filière de gestion des déchets a des retombées de
plusieurs ordres :
–
économiques et financières (création d’emplois et de
ressources, production de matières premières secondaires pour l’artisanat,
l’agriculture et l’industrie, impact sur les coûts globaux de gestion de la
filière déchets) ;
–
techniques et organisationnelles (incidences sur les choix
techniques des équipements et l’organisation des différentes séquences de
la filière) ;
–
sociaux (lutte contre la marginalisation sociale et la pauvreté
urbaine).
Attentes
>
La récupération est, en l’absence de système organisé de tri
des déchets, un des petits métiers existant dans la filière, première étape
du processus de valorisation. Une étude comparative des pratiques
(acteurs, modes d’intervention, perceptions, motivations et comportements),
conduite selon une approche socio-anthropologique devrait permettre de mettre en
évidence d’éventuels freins possibles au développement de la valorisation
dans les villes de pays en développement, et notamment d’éventuels blocages
d’ordre socio-culturels.
–
quels sont les déterminants socio-culturels (ethniques,
religieux, socio-économiques) attachés à l’exercice du métier de récupérateur
?
–
quelles sont les perceptions et comportements des populations vis-à-vis
de la récupération et des récupérateurs vis-à-vis des populations ?
Ces analyses pourraient
s’intégrer dans une étude anthropologique plus vaste sur la représentation
que les populations ont des déchets. Ceci renvoie aux notions de « propre »
et de « sale » et à leur intégration dans les comportements
culturels.
>
La valorisation semble être une préoccupation largement partagée,
les motivations d’ordre économique l’emportant sur les autres
(gestionnaire, environnementale, etc.). Pourtant, elle n’est pratiquée qu’à
une petite échelle, de manière marginale. On constate par exemple que si
certaines matières font l’objet d’un tri à la source (collectes particulières
pour des marchés particuliers), d’autres matières, a priori tout aussi intéressantes
à valoriser, ne le sont pas. Il s’agirait d’identifier, par types de
produits et filières, les obstacles (techniques, économiques, etc.) à la
valorisation, et de déterminer par quels moyens ceux-ci peuvent être surmontés
(incitations, études de marché, etc.).
– en ce qui concerne le compostage, c’est moins des problèmes
techniques que des questions de rentabilité des procédés et de débouchés
qui se posent, les produits issus de la valorisation se heurtant à la
concurrence des engrais chimiques. Il serait donc intéressant de faire des
études de marchés et d’étudier des mesures financières de soutien et
d’incitation pour faire face à cette concurrence. Des critères
environnementaux pourraient être introduits dans ces analyses économiques.
– pour les types de produits susceptibles d’intéresser le secteur
industriel ou le secteur artisanal, le problème principal paraît être aussi
celui des débouchés. Pour étudier les possibilités d’utiliser plus
largement des matières issues du recyclage dans les filières industrielles, il
conviendrait d’associer à la réflexion
les industries concernées comme utilisatrices finales de matières recyclables.
D’une manière plus générale,
il conviendrait d’approfondir la connaissance des gisements des déchets ménagers,
tant du point de vue quantitatif que du point de vue qualitatif (composition,
biodégradabilité, valeur agronomique, etc.). En particulier, l’étude
devrait s’attacher à préciser les potentialités économiques des
produits valorisés et leur adaptation aux marchés locaux.
>
Les opérations de tris sont généralement effectuées à la décharge
ce qui, par rapport au tri à la source, a pour conséquence un alourdissement
des coûts de transport et de valorisation. Il s’agirait de préciser à
quelles conditions le tri sélectif peut être mis en place ou étendu et la
valorisation positionnée à d’autres étapes de la filière, en
s’appuyant sur une analyse d’expériences existantes ou d’actions pilotes
de tri sélectif organisé au stade de la précollecte et des points de transit :
–
quel(s) mode(s) d’organisation et de gestion promouvoir, en
fonction de quels paramètres (type de quartier, type de déchets, etc.) ?
–
quel accompagnement prévoir en terme de sensibilisation et/ou de
«marketing » ?
>
Pour que la valorisation soit moins marginalisée, il faut
qu’elle soit prise en compte dans les plans d’organisation et de gestion de
la filière déchets. Il conviendrait d’en explorer les conditions
techniques, économiques et réglementaires :
– modes d’organisation et de structuration du secteur de la
valorisation ;
–
impacts de la valorisation sur les schémas techniques, selon la
filière de valorisation choisie (compostage artisanal ou industriel, etc.) ;
– cadre juridique et réglementaire.
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