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Le cadrage thématique et méthodologique du programme
Problématique
Dans les efforts menés depuis une vingtaine d’années pour développer des solutions alternatives à moindre coût global (investissement + exploitation), l’assainissement autonome tient bien sûr une large place. Les latrines améliorées à fosse ventilée (VIP) et celles à chasse manuelle ont ainsi apporté des solutions durables, tout en répondant à la demande des ménages pour un assainissement plus efficace et engendrant moins de nuisances. Pourtant, dans les villes ou les quartiers à densités de population élevées, les volumes d’eaux usées ménagères atteignent des quantités telles que les réseaux s’imposent, d’autant qu’il n’y a plus nécessairement assez d’espace disponible sur les parcelles ou en dehors pour construire des dispositifs individuels de stockage ou d’infiltration dans le sol. C’est d’ailleurs le sort qui, en quelques années, frappe bien des zones initialement dispersées et périurbaines, du fait de la croissance soutenue que connaissent de nombreuses grandes villes des pays en développement. Pour répondre à cette contrainte ou pour assainir les zones urbaines où la nature du sol (imperméabilité notamment) interdit les dispositifs autonomes, des systèmes collectifs ou semi-collectifs à coût réduit ont donc été recherchés et expérimentés. Trois grands types
d’innovations ont ainsi vu le jour : >
Le premier a
essentiellement consisté à modifier les normes de dimensionnement en se
fondant sur : les lois de l’hydraulique, une révision des niveaux de
risque acceptables, des observations expérimentales et quelques progrès
technologiques. Il a été notamment appliqué de façon extensive au Brésil
dans les années 1980. L’expérience a été capitalisée et restituée dans
un document méthodologique du PNUD / Banque mondiale[1]. >
Le second, expérimenté
dans plusieurs pays d’Amérique latine[2]
et désigné par “ assainissement condominial ”, cherchait aussi,
comme le précédent, à diminuer le diamètre des canalisations, mais surtout
à en réduire la longueur totale, en ajustant les branches terminales du réseau
non plus au réseau de voirie mais aux limites interparcellaires. De plus, un
tel système fait supporter à des groupes de familles voisines, selon un régime
de copropriété, la charge d’investissement en réseau tertiaire ainsi que
certaines fonctions d’entretien relevant traditionnellement de l’entreprise
concessionnaire du système d’assainissement. Il en résulte non seulement une
réduction globale des coûts d’investissement et des charges d’entretien,
mais aussi une prise de conscience des contraintes d’un assainissement
collectif susceptible d’entraîner une évolution des comportements
individuels (en matière de rejets) dans un sens favorable au bon fonctionnement
des égouts. > Le troisième, utilisé d’abord en Zambie mais jamais répliqué à une large échelle, est appelé “ sans solides ” (solid-free) car le réseau ne se raccorde plus à la plomberie interne des logements mais aux fosses privatives, dans lesquelles les matières solides ont décanté. Cette combinaison permet de réduire significativement le diamètre des canalisations, à la fois parce que les solides sont interceptés avant de s’y déverser mais aussi parce que le stockage des effluents dans les fosses atténue fortement le facteur de pointe des débits dans le réseau.
Attentes
Plusieurs indices portent à croire que le domaine d’application des systèmes semi-collectifs serait potentiellement plus vaste qu’il n’y paraît de prime abord, en particulier dans les villes africaines où, pourtant, les expérimentations dans ce domaine ont été l’exception. En effet, les populations des quartiers les plus anciens et à forte densité, tout en ayant conservé leur fosse d’assainissement dans la cour[3], ont atteint des niveaux de consommation d’eau qui rendent très gênantes les pratiques traditionnelles de rejets des eaux usées, engendrant nuisances et conflits de voisinage. Quelques enquêtes de consentement à payer sont d’ailleurs venues récemment étayer l’existence d’une forte demande pour un assainissement collectif dans ces quartiers (Ouagadougou, Bobo Dioulasso). > Il s’agirait donc, à la lumière des réflexions d’ingénierie menées ailleurs, d’analyser la capacité de divers systèmes autonomes à évoluer vers des systèmes collectifs ou semi-collectifs et d’étendre l’effort de recherche et d’expérimentation rapporté précédemment sur l’Amérique Latine, en se penchant tout particulièrement sur les conditions de faisabilité technique et financière spécifiques à d’autres contextes. Dans le cas des systèmes semi-collectifs, il importe de tenir compte des contraintes de faisabilité et de leur probable évolution, en raison notamment de celle des densités d’habitation et des flux (quantité et qualité d’eau consommées et rejetées). > Il serait également intéressant d’analyser les expériences africaines d’assainissement semi-collectif (assainissement condominial en Afrique du Sud en particulier) et d’essayer d’identifier les facteurs qui ont pu limiter ou freiner le développement de tels systèmes qui semblent pourtant favoriser l’extension du taux de couverture dans les villes où il existe déjà un réseau d’égouts étendu (comme Dakar, Abidjan ou Nairobi). > Des analyses de différents dispositifs semi-collectifs mettant en évidence les contraintes techniques, socio-culturelles, foncières, etc., sont attendues. Des guides techniques pourraient également en résulter précisant notamment les contextes où ces techniques sont adaptées, les critères de dimensionnement, etc. [1]
A. Bakalian et al. Simplified
Sewerage Design Guidelines , Water and Sanitation Report n°7, PNUD /
Banque mondiale, Washington, 1994 [2] En Bolivie (à La Paz notamment), en Argentine, au Brésil (région du Nordeste dès 1982, Brasilia à partir de 1991…). Sur ce dernier pays, voir notamment : B. Dardenne Expérience en assainissement non conventionnel : le système condominial, Sinergix, Sao Paulo, 1993 [3] Typiquement, plus de 90% des parcelles en sont dotées. |
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