Le cadrage thématique et méthodologique
du programme
Thème spécifique eaux usées et excreta - 1 :
Valorisation et
traitement des déchets liquides
Problématique
Le traitement et la valorisation des eaux usées
et des excreta revêtent une importance grandissante quoique inégale selon les
contextes socio-économiques et la situation physique des agglomérations considérées.
Les villes des pays en développement sont confrontées aux coûts très élevés
des infrastructures de traitement et de valorisation des eaux usées et des
excreta et de leur maintenance, rapportés à la faiblesse de leurs ressources
et de celles de leurs administrés, ainsi qu’à un manque de connaissances des
solutions et de leurs avantages comparatifs. À cela s’ajoute le fait que les
contextes juridiques sont encore peu contraignants. Pour toutes ces raisons, la
protection du milieu, et donc de la santé des usagers, a jusqu’à présent été
négligée au profit de solutions plus faciles à mettre en œuvre mais qui ne répondent
qu’à une partie du problème : mettre à distance les effluents collectés
ou les faire disparaître à l’œil, in
situ, généralement dans un milieu hydrique et à essayer de trouver des
solutions à l’évacuation des boues issues des différents types de
traitement. La logique qui prédomine encore actuellement est donc celle de l’évacuation
et de la mise à distance de ces rejets, au niveau de la parcelle ou de
l’agglomération, sans se préoccuper de l’impact sur la santé ou sur
l'environnement.
Un état des lieux des choix techniques des
filières de collecte et de traitement demande donc à être effectué dans un
premier temps ainsi que des analyses du milieu récepteur et de ses capacités
à achever l’épuration des effluents issus de ces filières.
Des effluents bruts sont souvent valorisés
directement ou indirectement à différentes fins (production de cultures maraîchères,
recharge de nappes, etc.). Une telle pratique engendre souvent des problèmes
sanitaires et environnementaux. L'étude de ces pratiques et de leurs impacts
constitue une première étape nécessaire afin de justifier les actions à
entreprendre par la suite.
Le souci de traitement et valorisation des
eaux usées et des excreta connaît un regain d’intérêt, dans le but d’améliorer
l’environnement sanitaire, et, dans une perspective gestionnaire, pour
soulager l’économie globale de la filière de traitement, en diminuant son coût
voir en couvrant une partie des frais afférents à son exploitation. Diverses
formes de réutilisation des effluents sont possibles suivant les filières de
traitement (irrigation agricole, réutilisation à des fins récréatives et municipales, recharge
des nappes, aquaculture, épandage, etc.), mais requièrent une qualité d'eau
en rapport avec un usage donné.
La réalisation de pilotes comparant différentes
filières de traitement peut présenter un intérêt. Il peut également être
envisagé de compléter des expériences existantes sur différents terrains
afin de dégager des enseignements réplicables à grande échelle. En
s’appuyant sur des résultats déjà obtenus, il pourrait par exemple s’agir
de comparer des filières de traitement, avec ou sans valorisation, pour dégager
l’intérêt qu’aurait une municipalité à favoriser la valorisation des
effluents et pour mieux connaître les contraintes afférentes.
Attentes
>
La
valorisation des eaux usées est à replacer dans le cadre de la gestion intégrée
des ressources en eau. Une étude de l'opportunité de la réutilisation des
eaux usées par rapport à la mobilisation des eaux conventionnelles serait par
conséquent opportune : étude du bilan "Ressources en eau -
Emplois" à l'échelle nationale, régionale ou locale faisant apparaître
les reliquats mobilisables ou les situations critiques.
>
Le choix des filières de
traitement est actuellement déconnecté de la réutilisation potentielle des
effluents ou résidus issus de ces filières.
–
L'étude du gisement "eaux usées" brutes et traitées
tant quantitatif (débits disponibles, variations journalières, saisonnières
et évolution) que qualitatif (Il s’agirait d’évaluer les effluents en
fonction de leur qualité microbiologique, de leur valeur agronomique ou de tout
autre critère déterminant pour leurs usages (présence d’éléments nocifs),
etc.) est à réaliser.
–
L'étude des traitements possibles des eaux usées en fonction
des formes de valorisation potentielle : analyse
des opportunités et des contraintes locales ; sélection des filières
possibles en fonction des caractéristiques des eaux usées et de la fiabilité;
effets possibles du traitement sur la quantité et la qualité des eaux traitées
et sur l'environnement.
–
L'état
de fonctionnement des installations existantes de traitement des eaux usées
pourrait également être évalué : adéquation
des degrés et procédés de traitement existants aux différents types
d'utilisation; conformité de la qualité des eaux aux normes; état de
fonctionnement des stations, fiabilité et efficience réelle, rendement épuratoire.
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Dans le cas d'utilisation
d'eaux usées brutes et/ou d'excréta, l'évaluation
des risques sanitaire (pathogènes présents dans les eaux usées, épidémiologie
des populations permanentes et touristiques, hygiène vétérinaire en cas
d'irrigation de fourrages, etc.) et environnementaux seraient à effectuer afin
de limiter une telle pratique.
>
Souvent la valorisation
des eaux usées n’est considérée que comme une étape facultative faisant
suite aux réalisations, l’important étant de rendre compatible l’effluent
avec le milieu récepteur envisagé. Cette forme de raisonnement a un coût
prohibitif pour les villes des pays en développement et, partant de niveaux théoriques
de résultat à atteindre, peut aboutir à des dérives technologiques
regrettables. La prise en compte de la valorisation lors du choix devrait
permettre d’adopter des techniques plus compatibles avec le type de réutilisation
et la capacité financière, technologique et sociale locale. Par une analyse de
différentes filières intégrant un processus de valorisation, il serait
important de déterminer non seulement leurs coûts respectifs, mais
aussi leurs degré de complexité, de fiabilité (risque
sanitaire) et d’adaptation aux marchés locaux.
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La réutilisation des
effluents est une pratique inégalement répandue dans le monde ; telles
filières se sont mieux développées dans certains pays ou parties du monde
alors qu’elles sont absentes ailleurs. Si par exemple, cette pratique est
courante en Asie, dans la pisciculture, notamment, et depuis longtemps,
elle ne se diffuse pas en Afrique. Des explications ont été avancées,
technologiques, socio-culturelles, mais on ne connaît pas actuellement avec
certitude les facteurs qui freinent le développement de telle ou telle filière
ou au contraire la favorisent.
>
Pour éclairer cette
question, il conviendrait de réaliser une étude comparative du degré de développement
de ces filières et des pratiques qui leur sont attachées en fonction de
différents contextes. L'approche socio-anthropologique sera privilégiée.
Les possibilités de valoriser les eaux usées
sont également étroitement liées au contexte juridique et réglementaire
local. Une étude comparative entre différents cadres juridiques,
diagnostiquant les limites posées à la réutilisation des eaux usées, devrait
permettre de dégager des éléments clés régissant cette réutilisation des
effluents. Les aspects institutionnels et organisationnels sont aussi à prendre
en compte.
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