Les enjeux du programme
L’assainissement des eaux
usées et des excreta
Les niveaux d’assainissement des pays en développement sont très
faibles. L’assainissement des eaux usées reste un parent pauvre des
politiques urbaines et des projets. Trop souvent, iI est injustement
considéré comme moins prioritaire que la distribution d’eau potable,
à laquelle il devrait être systématiquement associé. Par exemple,
seuls 7 % des financements de la Décennie internationale de l’eau
potable et de l’assainissement 1981-1990 ont été affectés à
l’assainissement.
Dans les zones urbaines où la démographie aggrave la situation, la
collectivité doit mettre en place un service public dont elle garantit la
qualité, la pérennité ainsi que l'équité des habitants face au
service rendu.
La généralisation des systèmes d’égouts, largement préconisée
jusqu’à une date récente, paraît aujourd’hui irréaliste, non
seulement pour des raisons financières, mais aussi parce qu’elle a
conduit à des impasses techniques dans bien des villes du Sud. Là où il
existe, ce système ne touche qu’une très faible partie de la
population. Bien que le réseau soit exploité par une institution
publique, il n’offre pas les garanties minimales d'un service public.
Parce que la plupart des Etats ne pourront pas financer de vastes réseaux
d'égouts et parce que les faibles consommations d'eau (20 à 40 litres
par jour et par personne) compliquent l'exploitation de ces réseaux (qui
nécessitent de fréquents et coûteux curages), la situation ne devrait
pas changer sensiblement au cours des prochaines décennies.
Pourtant,
en réponse aux problèmes ainsi posés, des alternatives existent, bien
connues des points de vue technique et socio-économique : dispositifs
d’assainissement individuel (latrines à fosse sèche, fosses septiques
ou supposées telles, etc.) ou semi-collectifs (mini-réseaux avec
lagunage, etc.). Dans de nombreuses villes africaines, les dispositifs
d’assainissement individuel sont même les systèmes les plus courants ;
ils assainissent 80 à 99 % des habitations !
Si l’assainissement autonome seul, tel que le pratiquent spontanément
les ménages, ne peut être considéré comme une solution de service
public, son amélioration et son intégration au sein d’un schéma
d’assainissement global et cohérent peuvent en faire une composante crédible
d’un véritable service public.
A côté des deux formes citées d’assainissement (réseau d’égouts
et dispositifs autonomes), d’autres alternatives, techniques
semi-collectives desservant de quelques familles à plusieurs milliers
d’habitants, ont été testées. Ces innovations mériteraient peut-être
d’être diffusées à grande échelle.
Toutefois, les expérimentations, tant pour des systèmes
d’assainissement autonome que semi-collectif, sont rarement conduites à
grande échelle et ces solutions sont insuffisamment évaluées. On n’en
connaît pas suffisamment, ni l’impact, ni la viabilité, et on en
mesure mal la reproductibilité.
La rapide croissance urbaine de ces pays laisse penser qu’à moyen
terme, les villes nécessiteront des services d’assainissement très
différents de ceux d’aujourd’hui. Une des voies d’investigation
pourrait concerner des systèmes qui soient flexibles et modulables, ce
qui est rarement le cas de ceux actuellement développés.
haut
de page ñ |