retour imprimer © Lettre du pS-Eau 53 de Dec 2006

Madagascar: Alimentation en eau potable par réseau gravitaire

Quand des populations ont de l'eau mais manquent d'équipements

En 2004, le taux d'accès à l'eau de la population malgache était de 27 % au niveau national mais de 12 % seulement en milieu rural. Cette situation, en milieu rural, est ainsi l'une des plus préoccupantes au monde. Avec les populations de Masindray, l'association Asmada agit pour lutter contre cette fatalité.

La commune de Masindray, avec le village de Masindray pour chef-lieu, est située à environ 15 km de Antananarivo, la capitale du pays. Son accès est permanent en toute saison. La commune, qui compte 13 000 habitants (recensement 2002), est divisée en 11 grands quartiers, les fokontany, regroupant chacun entre 700 et 1 000 habitants.
L'approvisionnement des populations en eau est assuré à partir des nombreuses sources permanentes qui fournissent de l'eau de qualité en abondance. Cependant, les distances à parcourir jusqu'à ces points d'eau traditionnels, situés en amont et en altitude des villages, rendent l'approvisionnement difficile pour les populations. Les rizières constituent donc une source alternative permanente pour la vaisselle, le linge, le bain et la boisson. Cette eau est à l'origine de nombreuses maladies, notamment depuis 1991 avec l'interruption de l'approvisionnement par le petit réseau gravitaire (à cause d'une panne).
A l'initiative d'une association locale, le comité communal pour l'environnement, l'Association d'aide au développement de communes rurales à Madagascar (Asmada) s'est engagée dans un partenariat durable pour accompagner la stratégie communale de renforcement de l'accès à l'eau potable.

Les populations engagées s'organisent
La réhabilitation et l'extension du réseau gravitaire existant pour le village de Masindray/Ivoara, à partir d'un captage de source, est apparu comme le meilleur choix technique pour entamer un programme d'actions. Cette solution, bien adaptée aux moyens locaux, permet de garantir l'eau courante jusqu'aux points de consommation.
Dans un premier temps, à l'occasion d'une mission de membres de l'Asmada, 5 bornes-fontaines ont été mises en place. Grâce à un entrepreneur malgache et la motivation des villageois, une seconde phase de réhabilitation a été entreprise en 2005/2006 à partir des ressources de l'Asmada et des financements mobilisés.
Le réseau a ainsi pu être remis en fonctionnement et étendu : des ouvrages de protection de la sources ont été installés, le réservoir a pu être réparé et équipé d'un dispositif de traitement par chloration : 10 bornes-fontaines assurent désormais la distribution à 1000 personnes.
La réussite de la première opération à Ivoara amplifie la mobilisation des populations et des autorités locales autour de la satisfaction des besoins élémentaires en eau potable. En 2007, le projet soutenu par la région Ile-de-France d'alimenter le village d'Ampanobe Antaramanana (peuplé de 1300 habitants, dont une moitié d'enfants) conforte cette dynamique.
Compte tenu de la présence abondante de sources en amont des villages, du niveau socio-économique et de la capacité organisationnelle des populations en matière de gestion collective d'infrastructure, le choix technique d'équipement se porte sur un réseau gravitaire à partir d'un captage de source.
A la fin des travaux, la commune de Masindray et le CCE assureront le suivi technique et financier de l'adduction d'eau potable. Une commission collégiale émanant de tous les fokontany et du CCE sera mise en place pour gérer la consommation en eau et entretenir l'ensemble des travaux réalisés avec l'appui de l'Asmada.

L'information et la formation des bénéficiaires en matière de gestion d'un système d'adduction d'eau potable et de santé publique, liée à l'hygiène et à l'assainissement, demeurent des enjeux pour les acteurs du projet. La prise en compte de ces préoccupations par les populations et les autorités communales devrait renforcer la bonne gouvernance locale du service publique de l'eau potable.
Les fokontany de Miadamanjaka I et Miadamanjaka II ont déjà manifesté leur volonté de s'engager dans ce processus et envisagent de futures réalisations. Cette appropriation locale autour des projets et leur mise en œuvre (qui demande à être soutenue) témoignent que les Objectifs pour le millénaire concernant l'eau pourraient être atteints, voire dépassés, par la commune de Masindray.


Arlette Bruel
Association d'aide au développement de communes rurales à Madagascar (Asmada)
Email:
arlette.bruel@paris7.jussieu.fr

ASMADA - Neuilly sur Seine - France
 

Citernes de stockage. L'alimentation en eau par réseau gravitaire est bien adaptée à cette région de collines de Madagascar. Coût: moins de 19€ par personne desservie en eau potable.
© Asmada
 

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