retour imprimer © Lettre du pS-Eau 50 de Dec 2005

Programme national d'eau potable et d'assainissement du Millénaire (PEPAM 2005-2015) au Sénégal

Quelles contributions des acteurs français de coopération non gouvernementale ?

Près de 90 personnes ont participé le 9 décembre 2005 à une rencontre thématique pour échanger sur leurs pratiques, prendre connaissance des orientations sectorielles sénégalaises et ainsi articuler au mieux leurs interventions.

Quelques mois avant le 4e Forum mondial de l'eau (Mexico, mars 2006), l'initiative d'organiser une nouvelle rencontre de concertation et d'échanges a pour objectif de permettre à tous les opérateurs français d'avoir accès à l'information sur :
- la politique sectorielle eau et assainissement au Sénégal et le nouvel environnement de développement des projets d'eau potable et d'assainissement à travers le cadre unifié global du PEPAM ;
- l'état d'avancement actuel du PEPAM et de la programmation de sa mise en œuvre sur la période 2006-2008 ;
- une vision d'ensemble des dispositifs financiers existants au Sénégal comme en France et leurs modalités de mise en œuvre.

Présenté le 29 avril 2005 lors de la table ronde des partenaires au développement du secteur de l'hydraulique et de l'assainissement, le Programme national d'eau potable et d'assainissement du Millénaire (PEPAM) est l'instrument par lequel le Gouvernement du Sénégal compte, d'ici 2015, atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement en matière d'eau potable et d'assainissement, en milieu urbain et en milieu rural.
Le PEPAM constitue le cadre programmatique global dans lequel l'ensemble des interventions réalisées au Sénégal doivent à l'avenir s'inscrire, en vue de contribuer à l'atteinte des objectifs nationaux fixés pour 2015 : pour l'eau potable, l'universalité de l'accès en milieu urbain et un taux d'accès de 82 % en milieu rural. Pour l'assainissement, un taux d'accès de 78 % en milieu urbain et de 59 % en milieu rural. Les besoins de financement requis entre 2005 et 2015 pour atteindre ces résultats sont globalement estimés à 274 milliards de FCFA (418 millions d'euros) pour la composante rurale et 241 milliards de FCFA (367 millions d'euros) pour la composante urbaine.

En milieu urbain, la stratégie du PEPAM s'articule autour de la mise en œuvre de réformes dites de « deuxième génération », prolongeant celles initiées dans le cadre du « Programme Sectoriel Eau » (PSE) puis du « Projet Eau à Long Terme » (PLT) et qui ont permis depuis 1996 d'améliorer de manière continue la qualité des services d'eau potable et d'assainissement.
En milieu rural, la stratégie du PEPAM marque une évolution en profondeur des méthodes de planification et de programmation des projets, de l'organisation et de la gestion du service de l'eau, et de la participation du secteur privé. Cette stratégie s'appuie sur un « cadre unifié d'interventions » constitué d'un socle commun d'outils et de règles de portée globale qui s'imposeront à tous les acteurs.

A l'opposé d'un catalogue de contraintes ou d'interdits, ce cadre sera générateur de synergies et d'efficacité, encouragera et fédèrera les initiatives dans leur diversité, et garantira leur cohérence par rapport à la stratégie et au plan d'action pour atteindre les OMD. Il sera fondé sur la responsabilisation des partenaires et l'évaluation périodique de leurs réalisations par rapport à leurs engagements initiaux.

Les instruments du PEPAM
La lettre de politique sectorielle pour l'eau potable et l'assainissement en milieu urbain et rural, signée le 15 juillet 2005, officialise l'approche programmatique du PEPAM ainsi que ses orientations stratégiques.
Une loi sur le service public de l'eau potable et de l'assainissement fixe le cadre juridique du service public de l'alimentation en eau potable et de l'assainissement en milieu urbain comme en milieu rural, devrait être soumise au Parlement d'ici la fin de l'année 2005. La loi définira notamment les modalités d'exercice par l'État de l'Autorité délégante du service public et de délégation de gestion de ce service public à des entités privées (incluant, en milieu rural, les associations d'usagers et les opérateurs privés).
Un Manuel des projets d'eau potable et d'assainissement en milieu rural en cours d'élaboration sera disponible début 2006. Destiné à tous les acteurs, il traduira en procédures concrètes les dispositions du cadre unifié d'intervention : environnement institutionnel et réglementaire, cycles, outils et règles de conception des projets, procédures de suivi-évaluation, etc.
Un Plan local d'hydraulique et d'assainissement (PLHA). Venant en complément du Plan local de développement, cet outil de planification et de programmation à la base, sera élaboré au niveau de chacune des 320 Communautés rurales du Sénégal, pour être partagé entre les élus locaux et les services déconcentrés de l'hydraulique et de l'assainissement. Chaque PLHA identifiera et hiérarchisera les investissements à réaliser dans la CR, et sera élaboré suivant une démarche participative avec les populations.
Un portail internet sur l'eau potable et l'assainissement (opérationnel en mars 2006).

Les acteurs français de coopération non gouvernementale disposent au Sénégal d'une expertise riche et ancienne. Près de cent partenariats de coopération décentralisée sont comptabilisés au Sénégal1, dont 15 % se sont engagés ou ont réalisé des activités dans les secteurs eau et assainissement. Dans les années 90, ce fut le cas pour les partenariats Cléon/Dondou, Hérouville St-Clair/ Les Agnam, Commercy/Mbagam, Barr/région Alsace/Kolda, etc.
De nombreuses opérations sont en cours : Commercy / Ndiathène, Cherbourg-Octeville / Coubalan, Saint-Herblain / Ndiaganiao, Bretteville sur Odon / Ouonck, AIMF /SIAAP /Ziguinchor, région Nord-Pas-de-Calais / projet Alizés.

De nombreuses ONG spécialisées et expérimentées (Gret, Eau Vive, SOS Sahel, AFVP, HSF Aquassistance, GRDR, Ircod, ADOS, etc.) travaillant avec des partenaires locaux apportent un appui technique et conduisent des programmes d'intervention pluriannuels, en direct, en consortium, en tant qu'opérateur d'actions de coopération décentralisée. L'accès à l'eau potable est, il faut également le rappeler, un secteur prioritaire d'intervention des ressortissants sénégalais. Ils y ont engagé, en lien avec leurs partenaires, des montants importants.
La mise en partage des informations sur les modalités du Pepam, complétée par les témoignages d'opérateurs, a permis de mettre en évidence la diversité des partenariats engagés et l'efficience de leurs résultats tant en matière d'accès à l'eau potable que de la qualité et pérennité de cet accès (appui à la maîtrise d'ouvrage, formation des exploitants, sensibilisation des usagers, etc.).

Les nombreux échanges entre porteurs de projets sont amenés à se poursuivre en lien avec les services techniques sénégalais. La compréhension et l'appropriation des outils techniques et financiers disponibles au Sénégal et en France (Loi Oudin-Santini, FSP codéveloppement Sénégal, etc.) devrait ainsi sans nul doute se traduire par une dynamique accrue de mobilisation des acteurs français autour des objectifs du Millénaire dans le secteur eau potable et assainissement au Sénégal.


1 Sources MAE/CUF.

Le jumelage coopération Bretteville-sur-Odon/Ouonck : un partenariat multi-acteurs exemplaire
La collectivité française de Bretteville-sur-Odon et la communauté rurale de Ouonck (Casamance) se sont engagées dans un jumelage en 1992.
Dès 1996, un ambitieux projet d'adduction d'eau potable inter-villageoise est lancé, bénéficiant à près de 12 000 habitants dans 17 villages.
En parallèle, des améliorations ont été apportées en matière d'équipement en hydraulique villageoise pour les localités non raccordées au réseau.

Des berges de l'Odon aux rives du Soungrougrou : des partenaires diversifiés mobilisés autour d'un projet communal d'accès à l'eau
Pour assurer la réalisation de ce projet d'envergure, la commune de Bretteville assure la maîtrise d'ouvrage, l'appui financier et l'intermédiation entre les différents partenaires financiers. Le comité de jumelage assure la gestion déléguée de l'opération et l'animation du projet. La société Eaux de Paris a assuré le soutien technique et la formation continue des responsables de l'exploitation et de la maintenance.
Le Conseil rural de Ouonck organise la concertation entre acteurs et a assuré la participation des usagers.
> La Communauté rurale de Ouonck et les communautés villageoises
> Les services techniques sénégalais et bureaux d'études locaux
> Ville et comité de jumelage de Bretteville-sur-Odon et ville jumelée allemande de Glattbach
> Ville de Fleury-sur-Orne
> Syndicat des Eaux de Louvigny
> Conseil régional de Basse Normandie
> Agence de l'eau Seine-Normandie
> Eau de Paris
> Ministère des Affaires étrangères


Mouhamed Fadel Ndaw
Email:
projeau@sentoo.sn
Site internet: www.plt.sn
Comité de jumelage
Bretteville-sur-Odon/Ouonck
Email: ouonck@yahoo.fr

Guillaume Aubourg
pS-Eau
Email: aubourg@pseau.org

CJ Bretteville/Odon - Ouonck/Dieba - Bretteville sur Odon - France
CPCSP - Dakar - Sénégal
 
 

©Lettre du pS-Eau 50 de Dec 2005

   © pS-Eau 2024