Depuis 1989, le Programme d'approvisionnement en eau pour les villages (PAEV) agit à l'ouest de la RDC, dans les régions du Bandundu et du Bas-Congo, qui sont restées relativement calmes pendant la période
de la guerre. Le programme s'intéresse particulièrement à la protection des sources.
Les indicateurs d'approvisionnement en eau potable demeurent encore très bas en République démocratique du Congo (RDC). Selon les résultats de l'enquête d'avril 1998 réalisée par le Gouvernement1, seuls 36,6 % des ménages ont accès à une eau saine à moins d'un kilomètre, tandis que 40,7 % doivent aller chercher une eau de qualité plus ou moins bonne à une distance supérieure.
Le Programme d'Approvisionnement en Eau pour les Villages (PAEV) est une initiative de la Communauté Baptiste du Congo Ouest (CBCO), dont le siège social se trouve à la mission CBCO Vanga, district du Kwilu, territoire de Bulungu, province de Bandundu. Vanga se trouve à environ 550 kilomètres à l'est de Kinshasa au bord de la rivière Kwilu. Le programme est focalisé sur la fourniture en eau potable des populations de ce district.
L'intervention nationale en RDC en matière de santé est focalisée sur le développement des zones de santé (ZS). Chaque province compte plusieurs ZS. Le PAEV s'occupe de 396 villages d'une population totale d'environ 242 000 habitants. Le niveau de vie socio-économique de la population est relativement bas, 90 % ne vivent que de l'agriculture, avec pour la plupart un salaire de
1 dollar US par jour, voire moins. La femme demeure l'acteur principal. La satisfaction des besoins primaires de la famille (eau, nourriture, scolarité, santé) est la principale préoccupation des agents du PAEV.
Les objectifs
Les objectifs du PAEV sont les suivants :
l approvisionner chaque village en eau saine, afin de réduire les maladies hydriques ;
l accéder facilement à une eau saine, encourager la population à améliorer son hygiène et réduire le temps passé à aller chercher de l'eau (principalement par les femmes et les enfants) ;
l protéger et assainir les sources d'eau potable, captage d'eau de pluie, réhabilitation de puits avec installation de pompes à main, forage, construction de systèmes d'adduction d'eau par béliers hydrauliques ;
l apporter réellement l'eau là où l'on en a besoin ;
l conseiller et encourager la population des villages à protéger leur environnement.
Protection des sources et animation rurale
La protection des sources est l'activité principale du PAEV. Une équipe d'environ vingt ouvriers travaille dans les petits villages dans un rayon de 100 kilomètres de Vanga. Avant les travaux de protection, une équipe d'animation rurale (deux ou trois personnes) visite les villages pour un travail de sensibilisation.
L'animation rurale vise à encourager la population à prendre conscience de l'importance de l'hygiène et de l'approvisionnement en eau potable, et à mener des actions adéquates pour les résoudre. Pendant la période de janvier à juin 2000, l'équipe d'animation rurale a visité 26 villages. Elle a discuté avec la population des différents villages des multiples facettes de l'amélioration de son bien-être. L'équipe a aussi mis en évidence le besoin de protéger les sources pour éviter la contamination de l'eau de boisson. Pour réaliser les captages, l'équipe emploie toujours les matériaux locaux (pierres, sable, etc.). Les villageois se chargent du logement et en partie de la restauration des membres de l'équipe.
Dans la région rurale de Bandundu, le conflit des terres est l'une des principales difficultés rencontrées pour l'approvisionnement en eau. Lorsque l'on creuse des puits dans des zones communes, il est nécessaire de connaître les enjeux et les conflits locaux existants.
La protection des sources est réalisée de la manière suivante :
En amont de la maçonnerie, se trouve le captage de la source. Il doit être protégé par un dispositif qui empêche l'eau de ruissellement de venir contaminer le captage. Généralement, avant de recouvrir le drain de captage, un amas de pierres est placé dans le réservoir. Puis, une feuille de plastique est disposée sur le réservoir, que l'on recouvre ensuite d'une couche d'argile d'environ 60 centimètres (voir figure page 6 : « Protection des sources »).
La source est protégée des contaminations fécales d'origine animale ou humaine en clôturant la zone de captage, ainsi que le terrain en amont de celui-ci. La taille de la zone de protection dépend de la perméabilité et de l'épaisseur du sol. Globalement, une zone qui s'étend sur 10 mètres en amont du captage devrait assurer une protection suffisante dans la majorité des cas. Cette zone de protection doit être enherbée et dépourvue d'arbres et d'arbustes. Elle doit être clôturée pour éviter le passage d'animaux. Si l'érosion constitue une menace pour le captage, il faut prévoir un fossé de protection en amont pour dévier les eaux de ruissellement. Il faut également éliminer les arbres qui poussent à proximité du captage car les racines risquent à terme de colmater celui-ci.
Financement et réalisations du programme
En 1989, Tear Fund, un organisme chrétien basé en Angleterre, engagé dans le développement des pays du tiers-monde, a donné son accord à la demande de subventions provenant de la CBCO visant à financer un projet, couvrant toute la région desservie par la CBCO (provinces de Bandundu et du Bas-Congo). Tear Fund subventionne ce programme depuis dix ans. Simavi, un organisme néerlandais, a financé un projet d'adduction d'eau pour un hôpital à Moanza dans le sud de la province de Bandundu.
Les réalisations du programme PAEV de janvier à juin 2000 ont été les suivantes :
l l'équipe d'animation rurale a visité 26 villages ;
l elle a protégé 14 sources dans une dizaine de villages ;
l elle a installé une pompe à main dans le puits d'un village de 1 300 habitants ;
l les puits sont installés dans des villages où il n'existe pas de source. En 1999, deux puits ont été creusés. Un des deux puits a été couvert par une dalle en béton armé, et une pompe à main a été installée sur l'autre.
Problèmes rencontrés et perspectives
La plupart des routes principales ne sont praticables que par des véhicules 4x4. La guerre a considérablement affecté l'économie locale. L'écart entre le taux de change officiel et le taux parallèle varie du simple au triple, les commerçants vendant au taux du marché parallèle. La communication est très difficile ; elle se fait la plupart du temps par radio à cause du manque de téléphone, fax et e-mail.
Le besoin en eau de la population demeure un problème majeur en RDC. La seule entreprise de l'État (la Regideso), qui possède le monopole de distribution d'eau à travers tout le pays, n'est présente que dans la capitale Kinshasa, ainsi que dans quelques villes de province (où elle agit de façon imparfaite et irrégulière). Les populations des villages doivent se débrouiller pour résoudre à leur manière les problèmes d'approvisionnement en eau potable.
Le programme d'eau de Vanga reçoit des demandes de toutes parts, mais le financement de Tear Fund limite les interventions du PAEV. Le programme espère obtenir le financement de l'Union européenne pour pouvoir travailler dans les cinq zones de santé du district du Kwilu. L'Union européenne financera le PAEV par le biais de l'Eglise du Christ au Congo (ECC - Solidarité protestante). Le projet sur 18 mois vise à améliorer l'approvisionnement en eau et l'assainissement dans les structures médicales de ces cinq zones de santé. |