Burkina Faso: Opération « Mains propres face à la COVID-19 »

Affluence à la borne fontaine ! [© Vergnet Burkina]

Depuis 2009, le groupe Vergnet assure et développe des services de l'eau potable en zone rurale. Face à la Covid 19, l'exploitant a initié avec rapidité la riposte solidaire.

Contenir la progression de la pandémie par l'arme la plus efficace, connue à cette heure, pour les zones rurales africaines : le lavage des mains avec du savon. Alors que très peu d'initiatives sont observées sur le terrain, au Burkina Faso, l'exploitant du service de l'eau potable Vergnet Burkina met en place des dispositifs de lavage des mains, équipés de savons, auprès de l'ensemble de ses points d'eau, offre l'eau utilisée pour se laver les mains, équipe son personnel de masques textiles et diffuse des spots de sensibilisation sur les radios communautaires, pour protéger 165 000 personnes. L'opérateur est désormais à la recherche de partenaires pour assurer une gestion efficace de ces mesures de protection sur le long terme.

Covid-19 : les mesures prises par le gouvernement burkinabè
Comme l'ensemble des pays du monde, le Burkina Faso combat l'extension de l'épidémie en prenant des mesures préventives fortes : à l'échelle nationale, arrêt des transports en commun à l'intérieur des villes et de ville à ville, interdiction aux populations de quitter les plus grandes villes burkinabè, interdiction des grands rassemblements et fermeture des marchés, limitation des employés dans les entreprises, recommandation du télétravail, diffusion des messages de distanciation sociale ; à l'échelle locale, couvre-feu instauré dans bon nombre de localités. Un confinement strict de la population, à l'image des mesures prises dans la grande majorité des pays du monde, n'est pas à l'ordre du jour. Dans un pays comme le Burkina Faso, où l'économie informelle joue un rôle primordial dans la vie quotidienne, voire la survie, d'une grande partie de la population burkinabè, une telle décision aurait été bien pire que les conséquences de l'épidémie.
Ces efforts d'un des pays les plus pauvres et les moins développés du monde (PIB : 658 euros par habitant en 2018, 180e rang sur 195 pays dans le monde [Banque mondiale, 2017] et IDH le plaçant à la 183e place sur 187 pays dans le monde) se surajoutent à la lutte contre le terrorisme qui impacte très fortement l'économie du pourtour sahélien du pays, les frontières avec le Mali et le Niger en particulier.

En matière d'accès à l'eau, le Burkina Faso a pris des décisions inédites permettant à la tranche de la population la plus pauvre dans les zones urbaines de s'approvisionner en eau afin de lui garantir l'hygiène élémentaire nécessaire à une prévention efficace contre l'infection par le COVID-19, voire d'autres maladies infectieuses virales ou bactériennes. Ainsi dans les grandes villes où la distribution de l'eau potable est assurée par l'Office national de l'eau et de l'assainissement (ONEA), l'eau est gratuite pour la 1re tranche de facturation, dite tranche sociale. Le ministère de l'eau et de l'assainissement envisage d'étendre cette mesure aux villes secondaires dont les réseaux d'approvisionnement en eau potable (AEP) sont soit gérés en régie communale, soit délégués à des opérateurs privés dans le cadre de contrats d'exploitation de type affermage. Ces réseaux AEP ont la particularité, pour la plupart d'entre eux, de proposer un accès à l'eau aux usagers, principalement par l'intermédiaire de bornes fontaines et non pas via des branchements privés dans les concessions. Ce mode de distribution a pour conséquence de concentrer les populations autour des bornes fontaines communautaires durant la journée. Or, cette concentration est contraire aux bonnes pratiques en matière de distanciation sociale.

Vergnet Burkina: Plus de 165 000 usagers pour un service durable de l'eau potable
Vergnet Burkina (15 salariés, Ouagadougou, filiale de la société Vergnet Hydro basée à Orléans, groupe Odial Solutions) administre aujourd'hui 38 réseaux d'adduction en eau potable au Burkina Faso, soit 214 bornes fontaines. Pour cela, la PME burkinabè a signé des contrats de Délégation de Service Public (DSP) avec 25 communes. Chacun de ces contrats d'affermage l'engage à assurer pendant 10 ans la continuité du service de distribution de l'eau potable aux populations et à financer la maintenance de l'ensemble des équipements, le renouvellement d'une partie de ces équipements par la vente de l'eau au bidon, au fût ou au seau à un tarif préalablement négocié avec les maires et validé en conseil municipal.

Un réseau de 288 collaborateurs impliqués et compétents
Dans les faits, les communes remettent à l'exploitant un réseau remis aux normes avant toute exploitation : les canalisations et les points de distribution en eau sont inspectés, la station de pompage et le réservoir d'eau ainsi que la qualité de l'eau contrôlés. Jusqu'à présent, les eaux sont prélevées sur la nappe souterraine grâce à des groupes électrogènes (44,5% des centres), des centrales solaires (18,5%), des systèmes hybrides solaires (18,5%) et un raccordement au réseau électrique national de la SONABEL (18,5%). Avant de distribuer l'eau potable aux villageois, il est bien sûr nécessaire de mettre en place le matériel et les processus permettant un suivi précis et objectif des quantités d'eau prélevées à chacun des points d'eau. Vergnet Burkina a donc mis en place des compteurs sur l'ensemble des points de production et de distribution (forage, bornes fontaines collectives, branchements privés) aujourd'hui en gestion. Notons que la distribution d'eau est avant tout une activité de services. De fait, elle est intense en capital humain. Et, l'entreprise s'appuie déjà sur un réseau de 288 collaborateurs pour assurer l'administration de ces 38 centres ruraux : 45 chef(fe)s de centres, 12 caissier(ère)s, 17 gardiens et 214 fontainier(ère)s. Des services de qualité exigent des collaborateurs impliqués et compétents. Les rémunérations de chacun d'entre eux sont ainsi corrélées aux volumes d'eau consommés aux bornes fontaines et robinets sur lesquels ils interviennent. Et, les collaborateurs suivent régulièrement des séances de formations et sensibilisations collectives.

Un projet de R&D qui conduit à la création de la startup Uduma
Le modèle de gestion est aussi appliqué, dans un cadre totalement innovant, sur des pompes à motricité humaine. Vergnet Burkina gère en effet le service de l'eau potable sur 112 pompes manuelles depuis 2017 : 50 à Dassa et 57 à Kyon (région Centre-Ouest) et 5 à Niankorodougou (région des Cascades). Cette régie s'inscrit dans le Projet Recherche Action « E-pompe » de l'UNICEF Burkina Faso. Les résultats de ce démonstrateur ont notamment conduit à la création de l'entreprise UDUMA Mali, qui est en train de prendre en gestion 1400 pompes manuelles (560 000 villageois utilisateurs) installées dans des zones rurales de la région de Sikasso, au Mali. Enfin, le service de gestion de Vergnet Burkina a été récompensé par deux trophées de l'eau et de l'assainissement (catégories « recherche et innovation » et « valorisation des ressources en eau ») dans le cadre de la 3e édition du Forum national de l'eau et de l'assainissement (Partenariat national de l'eau du Burkina Faso, PNE-BF), le 2 février 2018 à Ouagadougou, et le 1er prix du marché des innovateurs du Colloque national sur les modèles de gestion efficace du service d'eau potable (UNICEF), le 19 octobre 2017 à Ouagadougou.
L'opération « Mains propres face au COVID-19 »

Pour faire face à l'absence de mesures rapides et opérationnelles pour les populations rurales et au retrait physique des organisations non gouvernementales sur le terrain, Vergnet Burkina a décidé de mobiliser son réseau de partenaires locaux (gestionnaires, chef(fe)s d'exploitation, chef(fe)s de centres, caissier(ère)s et fontainier(ère)s) dans les villages pour lancer son opération « Mains propres face au COVID-19 ».
Soucieuse de participer à la lutte contre la pandémie et inquiète de l'évolution de la contamination des populations autour des points d'eau, l'opérateur met en place sur une durée de 6 mois les actions suivantes afin que les points collectifs de distribution de l'eau potable ne deviennent des lieux privilégiés de contamination des usagers par le COVID-19 :
1. Déploiement d'un dispositif de lavage des mains (DLM) avec eau potable et savons à proximité des bornes fontaines (accès gratuit pour l'ensemble des usagers),
2. Diffusion de masques en tissus pour les fontainier(ère)s, les chef(fe)s de centre, les caissier(ère)s et l'ensemble de son personnel,
3. Diffusion de spots radio diffusés via les radios communautaires pour expliquer aux populations rurales les nouvelles règles d'approvisionnement en eau potable aux bornes fontaines collectives qui prennent en compte les consignes de distanciation sociale et de lavage des mains.

Des choix et un suivi raisonnés

Il a été délibérément opté pour des solutions 100% Made in Burkina afin de soutenir l'économie nationale dans ces moments difficiles : les DLM, les masques et les savons sont conçus et fabriqués au Burkina Faso. Le savon est acheté auprès du boutiquier le plus proche, dans le village.
Les mairies qui ont délégué le service de la distribution de l'eau potable pour leurs concitoyens à Vergnet Burkina sont parties prenantes de l'opération. Elles garantissent la bonne livraison des équipements sur les points d'eau et se voient attribuer un DLM, offert par la société délégataire, pour l'usage de leur personnel et visiteurs.

©Lettre du pS-Eau 92 de Feb 2021