retour imprimer © Lettre du pS-Eau 73 de Dec 2013

Autres expériences

Le monitoring se développe sur tous les continents

Afin de renforcer la qualité des services et garantir leur pérennité, de nombreux pays ont fait des efforts considérables en matière de monitoring. Diversité des besoins, diversité des approches et des échelles d'intervention : petit tour d'horizon, loin d'être exhaustif !

Longtemps, le monitoring s'est limité à mesurer les taux d'accès en recensant les points d'eau et les ouvrages réalisés. Une telle approche omet le fait que sans entretien et maintenance appropriés ni gestion financière rigoureuse sur la durée, des coupures de services apparaissent rapidement et conduisent à une dégradation progressive des services. C'est pourquoi les dispositifs de monitoring développés ces dernières années ont largement évolué ; ils prennent désormais en compte la notion de qualité et de performance du service. Les initiatives fleurissent sur les différents continents et témoignent d'un grand dynamisme au sein du secteur.

Au Brésil, l'Agence Nationale de l'Eau a mis en place un système d'information géographique qui renseigne sur l'état des systèmes d'approvisionnement urbain des 5 565 municipalités du pays. Cet “atlas“ fournit également des informations détaillées sur les projets et des recommandations pour les actions à long terme. Il implique tous les acteurs, aux niveaux municipal, étatique et fédéral. Sa publication permet aux citoyens de suivre sur Internet la qualité des services et l'avancement des travaux en cours. • atlas.ana.gov.br

Au Kenya, le Bureau de Régulation des Services d'Eau (Water Services Regulatory Board - Wasreb) supervise les réseaux des grands centres urbains. Les maîtres d'ouvrages (WSB - Water Service Board) et les exploitants (WSP - Water Service Providers) recourent à un mécanisme de suivi, Waris (Water Regulation Information System), pour soumettre chaque année leurs données à partir desquelles le bureau de régulation produit un rapport annuel (Impact) qui présente et analyse les résultats. Waris mesure la performance des exploitants, ainsi que celle des maîtres d'ouvrages, sur la base d'indicateurs spécifiques.
Une des particularités du rapport du Wasreb est qu'il propose, sur la base de notes associées à chaque indicateur, un classement des WSB et WSP les plus performants, et aussi de ceux qui le sont moins.
www.wasreb.go.ke

En Ouganda, le gouvernement produit un rapport annuel sur la performance du secteur de l'eau et de l'environnement (Water and environnment sector performance). Celui-ci détaille les progrès réalisés durant l'année écoulée pour l'eau, l'assainissement et l'hygiène dans les petites villes rurales et dans les grands centres urbains. Ce rapport est établi à partir de 11 indicateurs qui ciblent le taux de fonctionnement des équipements, les investissements réalisés, l'accès à l'assainissement, la qualité de l'eau, le lavage des mains, etc.
www.mwe.go.ug

A Port-au-Prince, en Haïti, plus de 50 comités assurent la fourniture d'eau à des kiosques répartis dans les quartiers non desservis de la capitale. Ces comités sont appuyés par un service spécialisé de l'opérateur en charge du service de l'eau à Port-au-Prince. L'appui porte sur l'exactitude de l'enregistrement des volumes d'eau fournis et consommés, la gestion financière du service d'eau, la gouvernance locale, etc. Des méthodologies d'accompagnement sont actuellement étudiées pour intégrer des indicateurs de qualité de l'eau ainsi que la géolocalisation des données.

Au Laos, le programme MIREP (Mini Réseaux d'Eau Potable), piloté par le Gret, a mis à disposition des délégataires de gestion des petits réseaux d'eau un logiciel d'aide à la gestion commerciale (IT Billing). Ce logiciel fournit des outils pour l'élaboration et la gestion de fichiers clientèles, produit des résultats d'exploitation financière ainsi que des indicateurs de performance technique. Les données enregistrées sont régulièrement transférées à l'observatoire de l'eau, qui les agrège pour produire des analyses comparatives entre services, par exemple les créances clients et le taux de retour sur investissement. Cette application informatique, qui utilise une quinzaine d'indicateurs clés alimentés à partir des données de l'IT Billing, facilite l'analyse des performances des délégataires. Le transfert de données entre IT Billing et l'observatoire est assuré une à deux fois par an par les services techniques régionaux.

Ces expériences de monitoring observées dans de nombreux pays sont particulièrement encourageantes. Elles contribuent d'une part à améliorer la qualité des services et confirment d'autre part l'évolution en cours sur la manière d'appréhender le secteur de l'eau. Longtemps prédominante, l'approche “projet“ (concentrée sur les infrastructures et le nombre de points d'eau réalisés) laisse progressivement la place à une approche qui s'attache davantage à la qualité et à la continuité du service. Les actions conduites ces dernières années suggèrent que de nombreux acteurs (locaux, nationaux ou partenaires au développement) ont désormais intégré cette démarche. Le monitoring est sans aucun doute un signe fort et positif d'une nouvelle culture en train de s'ancrer durablement dans le secteur de l'eau.

GRET - Vientiane - Laos
MWE - Kampala - Ouganda
WASREB - Nairobi - Kenya
 
 

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