retour imprimer © Lettre du pS-Eau 73 de Dec 2013

On ne peut pas gérer ce que l'on ne peut pas mesurer !

Le monitoring, une démarche indispensable

Le monitoring, que l'on peut traduire par suivi-évaluation en français, est une notion qui recouvre une multitude d'applications. Symptômatique d'un secteur en pleine évolution, il a pris ces dernières années une place de premier plan au sein des réflexions sur l'eau et l'assainissement.

Le monitoring fait partie des préoccupations du pS-Eau depuis plusieurs années. Courant 2011, en collaboration avec Acqua-Oing et le soutien du Gret, de l'AFD, de l'agence de l'eau Seine-Normandie et du Sedif, nous avons mis en place et animé une plateforme d'échanges (www.reseaux-aep.org) sur le suivi des services d'eau dans les bourgs et les petites villes, qui a donné lieu à la rédaction d'un guide (cf. résumé p.16).

A Marseille, en mars 2013, lors du Forum mondial de l'eau, nous avons travaillé avec l'AFD sur l'organisation d'une session sur les mécanismes de monitoring mis en œuvre dans le monde.
Cette année, nous sommes mobilisés aux côtés de l'IRC pour la tenue en avril d'un séminaire sur le suivi-évaluation des services locaux d'eau et d'assainissement dans les zones rurales et les petites villes africaines (voir encadré page suivante).

Le monitoring consiste à collecter des données, qualitatives ou quantitatives, pour ensuite les analyser et, selon les résultats obtenus, déclencher des actions ou des décisions. Tout service d'eau nécessite un minimum d'informations, régulièrement actualisées, que ce soit la localisation d'une fuite sur un réseau d'eau potable ou l'interpellation relative à une pompe manuelle hors d'usage. Respectant en ce sens l'adage « on ne peut pas gérer ce que l'on ne peut pas mesurer », le monitoring n'est pas nouveau.

Ce qui est nouveau en revanche, c'est d'une part l'évolution à la hausse des exigences qu'on lui prête (plus de précision, plus de personnalisation, plus de rapidité) et d'autre part l'arrivée d'une nouvelle génération d'outils numériques pour le mettre en œuvre : de nos jours, certains exploitants de réseau d'eau potable ont le choix, lorsqu'ils enregistrent les volumes d'eau affichés par les compteurs, d'utiliser un cahier (dont le contenu sera ensuite retranscrit sur un ordinateur) ou un téléphone portable (qui transférera quasi instantanément les données sur un serveur informatique).

La nécessité d'outils de mesure plus performants
Le monitoring occupe désormais une place qu'il n'avait pas il y a seulement quelques années. Plusieurs facteurs expliquent cet engouement. D'abord le principe de redevabilité, qui est une préoccupation centrale des gouvernements et des bailleurs de fonds. Rendre compte de l'usage des fonds dédiés aux projets de développement nécessite des indicateurs de suivi et de qualité, et donc un système de monitoring robuste. Autres facteurs probables : la réflexion en cours sur les indicateurs qui succéderont après 2015 aux Objectifs du Millénaire pour le Développement, ainsi que l'accès à l'eau et l'assainissement érigé en 2010 comme un droit fondamental. Autant d'évolutions qui invitent les décideurs du secteur à mesurer de manière différente les progrès réalisés en matière d'accès aux services. Les réflexions en cours annoncent des indicateurs à venir plus précis et plus nuancés, qui impliquent des systèmes de mesure (et donc de monitoring) eux aussi plus élaborés.

Enfin la révolution d'Internet et de la téléphonie contribuent fortement à accélérer les flux d'information et à en augmenter les volumes, invitant donc à réviser nos dispositifs existants de contrôle et de suivi.

Le monitoring bénéficie d'un éclairage sans précédent pour se déployer et être systématisé dans la gestion et le développement des services d'eau et d'assainissement. Il s'agit d'une opportunité remarquable, mais qui impose des exigences : un dispositif de monitoring nécessite des compétences et des ressources spécifiques qui ne sont pas toujours au rendez-vous. Les environnements institutionnels et stratégiques sont parfois insuffisamment préparés pour accueillir de telles approches.

Les initiatives dans ce domaine nécessitent donc le plus grand discernement : elles sont des outils d'aide à la gestion des services et leur mise en place ne doit pas occulter leur nécessaire appropriation par les acteurs et décideurs locaux.

pS-Eau - Paris - France
 
 

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