Lors de l'évaluation finale du projet et à l'issue des ateliers de capitalisation des résultats, une forte demande est apparue pour appuyer la mise en œuvre de nouveaux plans d'actions, diffuser largement la méthodologie SMC, susciter d'autres villes à s'engager dans la démarche et encourager les partenaires des collectivités locales à intégrer la planification concertée dans leur projet de partenariat.
Les villes impliquées dans une démarche SMC ont connu des fortunes diverses. Dans tous les cas cependant, un fait demeure: les responsables et techniciens municipaux ont pris conscience des enjeux du secteur et ont initié des actions pour améliorer l'accès à l'eau et à l'assainissement des populations.
Là où elle a été entreprise, la démarche SMC a abouti à une vision partagée des défis à relever, à la définition des niveaux et des qualités de services souhaités, à l'évaluation des ressources disponibles... Des documents de planification sectorielle à usages multiples, et sur lesquels s'accorde l'ensemble des parties prenantes, ont vu le jour. Portés par une organisation humaine dynamique et disponible, les objectifs ainsi définis ont été atteints en différents endroits.
Les plans d'actions élaborés à l'issue des concertations pour une couverture en services d'eau et d'assainissement des territoires communaux nécessitent la mobilisation de ressources financières, à l'échelle de la commune, de l'intercommunalité, du pays ou à l'international.
Pour atteindre la cible 7c des Objectifs du Millénaire pour le Développement (réduire de moitié, le nombre de personnes qui n'ont pas accès au service d'eau potable et d'assainissement adéquat), plusieurs partenaires ont orienté leurs ressources vers le niveau local, jugé le plus pertinent.
Des ressources locales trop faibles
Mais les ressources locales disponibles pour l'eau et l'assainissement sont les budgets locaux, dont on connaît les faibles capacités. C'est aussi le tarif de l'eau, mobilisable seulement après la mise en service des ouvrages.
Des ressources importantes doivent donc être trouvées, au plan national, auprès du gouvernement central, à travers les fonds de transfert ou de projets particuliers comme l'initiative PPTE (Pays pauvres très endettés) au Cameroun ou le Programme spécial du Président au Niger.
Au niveau international, des ressources financières dédiées à l'eau et à l'assainissement sont mobilisables pour et par les collectivités locales. Les plus connues sont celles de la coopération décentralisée que la loi Oudin-Santini a dynamisée en France et les appels à propositions de la Commission européenne dédiés au secteur (Facilité ACP-UE pour l'eau, Appel à propositions pour les acteurs non étatiques…).
Les collectivités locales africaines ne sont pas suffisamment informées de ces opportunités ou n'ont pas toujours les capacités techniques et financières requises pour y répondre. C'est pourquoi leurs demandes d'appui concernent en particulier la veille informationnelle sur les opportunités de financement du secteur, la mise en contact avec des partenaires locaux, nationaux, africains et européens, ainsi que l'élaboration de dossiers de demande de financement. Le PDM ou le pS-Eau (qui assure la mise à disposition d'informations et de contacts d'experts mobilisables sur son site ou à la demande) apportent également un appui et des conseils aux communes.
Depuis la fin du projet SMC, plusieurs plans d'actions de communes ont été financés et mis en oeuvre, en partie ou presque entièrement, par ces différents moyens.
Il est vrai que les villes où le SMC a apporté des changements notables sont celles dont le premier magistrat a fait de cette question d'eau et d'assainissement une priorité et s'y est financièrement engagé. C'est le cas de Tahoua au Niger et de Rosso en Mauritanie. Mais des ressources locales, aussi minimes soient-elles, ont aussi été mobilisées à Grand-Bassam (Côte d'Ivoire) et à Ebolowa (Cameroun), ou dans le cadre du Programme spécial du Président à Tahoua.
Certains gouvernements ont alloué des crédits spécifiques à la mise en œuvre de plans d'actions et, en partenariat avec le PDM et le pS-Eau, les maires d'Abomey (Bénin), de Bandundu (RDC) et de Rosso (Mauritanie), ont obtenu des financements de l'Union européenne.
La diffusion des enseignements
La démarche SMC insiste sur la participation, la concertation et la recherche permanente de consensus sur les orientations et les moyens requis. Des documents de capitalisation et les principaux enseignements du processus ont été édités sous forme de six guides (cf. page 15) à l'usage aussi bien des responsables et techniciens municipaux que de leurs partenaires et autres acteurs opérationnels du secteur.
Ces guides, dont le PDM et le pS-Eau assurent la diffusion à travers leurs réseaux et à l'occasion des grands événements relatifs à l'eau et à l'assainissement, existent en versions française et anglaise, en édition papier et en format électronique. Il conviendrait que les associations nationales des pouvoirs locaux aient un stock suffisant d'ouvrages afin de les diffuser largement dans toutes les communes. Il importe en effet que les maires et leurs partenaires disposent d'informations suffisantes pour susciter leur intérêt à la méthodologie.
Des actions de sensibilisation ont été organisées à leur intention pour les encourager à s'engager. L'expérience de restitution faite au Niger en 2012 a connu un réel succès, notamment grâce aux témoignages portant sur les changements positifs induits.
Il convient donc, là où la démarche SMC a été expérimentée aussi bien que dans d'autres pays, d'organiser des ateliers de restitution et de partage des enseignements. Il est préférable d'organiser ces ateliers sous la responsabilité de l'Association nationale des collectivités locales et de réunir autour des responsables municipaux, des représentants de toutes les catégories d'acteurs impliqués dans le développement local aux niveaux national, régional et local. Dans certains cas, les réunions peuvent se dérouler parallèlement aux sessions statutaires des associations nationales des pouvoirs locaux.
Par ailleurs, afin de disposer d'un nombre suffisant de personnes ressources pouvant appuyer les mairies qui décident de s'engager dans une démarche SMC, des sessions de formation doivent également être organisées à l'endroit des partenaires locaux sur la démarche méthodologique SMC, en particulier sur l'utilisation des guides. De même, il importe de procéder, au profit des villes qui désirent s'engager, à une veille informationnelle sur les opportunités de financements et de mobiliser une équipe d'appui-conseil pour les assister dans leur effort de mise en œuvre des SMC.
Enfin, puisque la démarche SMC est portée par les collectivités locales et qu'elle permet de dégager une vision concertée des problèmes et des solutions, il est recommandé que cette approche soit intégrée aux projets de développement du secteur. |