retour imprimer © Lettre du pS-Eau 58 de Mar 2009

Madagascar: un exemple de coopération décentralisée, le projet d'hydraulique semi-urbain pour la commune de Saint Augustin


Le conseil municipal autorise la création d'un service de l'eau au sein de la commune et désignera un agent communal de l'eau qui sera responsable du suivi et du contrôle de la gestion de l'adduction d'eau potable par l'opérateur privé.

Soumise aux mêmes problèmes de salinité que la majorité des zones littorales, l'eau de la commune de Saint-Augustin est aussi fortement contaminée au plan microbiologique. En vue de l'installation d'une adduction d'eau potable, le maire a fait appel à des partenaires français. Le Sedif et le syndicat des eaux de la région Rhône-Ventoux (SMERRV) ont financé le projet. L'Ong française Trans-Mad'Développement assure la maîtrise d'œuvre.

Le Sud-Ouest malgache, de type semi-aride, connaît de­puis longtemps d'importants problèmes de ressource en eau. De nombreux habitants con­somment une eau de très mauvaise qualité tant sur le plan physico-chimique (salinité) qu'au plan bactériologique. La commune de Saint-Augustin (région Atsimo-Andrefana) est particulièrement sujette à ces dangers. Elle est située sur la zone la moins arrosée de l'île, avec une pluviométrie de l'ordre de 300 à 400 mm/an. La majorité des points d'eau est fortement contaminée au plan microbiologique du fait du manque de système d'assainissement sur la commune.

Depuis plusieurs dizaines d'années, un certain nombre d'initiatives – plus ou moins importantes – ont été entreprises pour tenter d'améliorer la situation. Néanmoins, elles ont souvent été con­frontées au problème de la minéralisation excessive de l'eau, notamment par man­que de connais­sances du milieu. A l'heure actuelle, la grande majorité des réalisations issues de ces projets sont hors service ou très vétustes, soit parce qu'elles n'étaient pas adaptées, soit par manque d'entretien et de sensibilisation de la population.
Face à ces difficutés, le maire de la commune rurale de Saint-Augustin a sollicité l'association française Tetraktys en vue de l'installation d'une adduction d'eau potable sur son territoire.

Une première étude de faisabilité, financée par l'association elle-même, a été réalisée en novembre 2007 par la société Sériah, basée à Tuléar. Compte tenu du montant prévisionnel des travaux, l'association Tetraktys a sollicité à son tour le syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif), établissement public de coopération intercommunal assurant l'alimentation en eau potable de 4 millions de consommateurs en Île-de-France et agissant dans le domaine de la coopération décentralisée depuis 1986.

Le Sedif et le syndicat mixte des eaux de la région Rhône-Ventoux, second partenaire financier, tous deux favorables au projet, ont réalisé une seconde étude de faisabilité en impliquant davantage le maître d'ouvrage du projet, la commune de Saint-Augustin et ses habitants, dans le choix de la solution technique finale et du mode de gestion envisagé. L'objectif étant d'appuyer la commune dans la création d'un service public de l'eau durable via cette adduction d'eau.
L'Ong Trans-Mad'Développement, forte de son expérience à Madagascar, a finalement été retenue comme maître d'œuvre pour ce projet à réaliser entre janvier 2008 et octobre 2009.

Contribuer à l'émergence de partenariats entre secteurs public et privé
Les objectifs sont multiples :
– d'une part, mise en place d'une adduction d'eau potable desservant quotidiennement les 3 100 habitants des 4 principaux fokontany du village, via des bornes-fontaines et des branchements privés. L'adduction sera conçue de façon à raccorder 50 % des ménages de Saint-Augustin ;
– d'autre part, soutenir la politique sectorielle de l'eau et du code de l'eau en renforçant les compétences et le rôle de maître d'ouvrage de la commune, via l'appui à la création d'un service public de l'eau communal et la mise en place d'une gestion durable basée sur le principe de recouvrement des coûts.

Pour contribuer à l'émergence de partenariats public/privé dans le secteur de l'eau, la délégation de service public à un opérateur privé pour l'exploitation du réseau sera privilégiée.
Enfin, un guide stratégique (composé d'outils juridiques, administratifs, techniques et économiques), servira par la suite d'appui au développement de tels projets dans d'autres sites de la région. Ce guide comprendra un listing recensant l'ensemble des opérateurs privés potentiellement intéressés par la gestion d'adduction d'eau potable ainsi que les partenaires locaux compétents pour les études, les travaux et l'animation.

Pour remplir les objectifs fixés, un certain nombre d'actions ont été et doivent encore être menées.
En amont, il a fallu réaliser l'ensemble des études nécessaires à la validation des choix techniques et à la vérification de la pertinence du projet. Les études me­nées se sont décomposées en trois phases. Une première phase d'étude socio-économique, suivie d'une phase d'étude technique puis d'une phase consacrée à l'étude institutionnelle ont permis les choix suivants :
– un forage a été réalisé en octobre 2008 par l'entreprise Bushproof. La station de pompage est composée d'une pompe électrique immergée, alimentée par un groupe électrogène. Cette pompe permettra d'acheminer l'eau vers un réservoir de stockage d'une capacité de 100 m3. Le réseau de distribution quant à lui compte au démarrage 30 points d'eau (bornes-fontaines et branchements privatifs), mais le dimensionnement de celui-ci permettra de raccorder jusqu'à 360 familles (50 % de la population actuelle) ;
– le choix du mode de gestion de l'adduction d'eau a par la suite été délibéré en conseil municipal le 8 octobre 2008. Comme déjà évo­qué, le mode de gestion retenu sera la délégation de service public, régie par un contrat de gestion par affermage avec un opérateur privé. Celui sera sélectionné par la commune via un appel d'offre national. Le conseil municipal autorise la création d'un service de l'eau au sein de la commune et désignera un agent communal de l'eau qui sera responsable du suivi et du contrôle de la gestion de l'adduction d'eau potable par l'opérateur privé. Le paiement aux bornes-fontaines sera facturé directement au nombre de seaux acheté (entre 25 et 35 ariary le seau). La facturation au branchement privé sera mensuelle et proportionnelle au volume d'eau consommée ;
– en parallèle, de manière à pérenniser le projet, un certain nom-bre d'actions de sensibilisation seront menées auprès de la population pour impliquer les villageois dans la gestion des équipements. Il est primordial que soit créée une assemblée des usagers de l'eau, que le circuit de l'argent soit clairement perçu et que la population soit sensibilisée à l'hygiène et à l'assainissement. Trans-Mad'Développement a donc recherché un organisme malgache, composé d'animateurs “Vezo” expérimentés dans le domaine du développement rural en eau, assainissement et hygiène. C'est finalement l'Ong Tamafa, présidée par Mme Anjarasoa, coordinatrice régionale du comité WASH Sud-Ouest, qui a été retenue pour cette composante animation.

Une très forte promotion des branchements privatifs et sociaux devrait inciter une large proportion de la population à se raccorder au réseau, permettant ainsi de baisser de façon significative les maladies d'origine hydrique sur la commune.


Frédéric Macquet
Trans-Mad'Développement
Email:
infos@transmad.org
Site internet: www.transmad.org

Transmad - Lavau sur Loire - France
Transmad - Toliara - Madagascar
 
 

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