retour imprimer © Lettre du pS-Eau 58 de Mar 2009

Madagascar: La rencontre de Sainte-Marie en octobre 2008: La coopération décentralisée française en plein essor


L'absence de maintenance est souvent liée aux problèmes de compétences et de marché local. Pour pallier ces manques, la filière entretien- maintenance est à organiser et à soutenir fortement au niveau local.

Depuis quelques années, la coopération décentralisée française connaît un véritable essor à Madagascar. Les initiatives se multiplient, dans un contexte marqué par le processus de décentralisation et une nouvelle politique de l'eau et de l'assainissement.

Au niveau national malgache, l'amélioration de la desserte en eau pota­ble et en assainissement figure par­mi les priorités du Plan d'action pour Madagascar (MAP). Au niveau local, la commune est re­connue maître d'ouvrage des systèmes d'approvisionnement en eau pota­ble et d'assainissement sur son territoire.

Dans ce contexte, l'Ong Trans'Mad-Développement (TMD) a organisé des journées d'échange du 19 au 22 octobre 2008, à Sainte-Marie, avec l'appui du syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif) et du service de coopération et d'action culturelle (Scac) de l'ambassade de France. Cette rencontre a réuni des représentants de communes rurales et leurs partenaires techniques et financiers afin de réfléchir à la mise en place d'un service de l'eau communal en milieu rural ou semi-urbain, équipé de système gravitaire ou thermique.
MM. Jean Donné Rasolofoniaina, ministre de l'Eau, Jacques Sylla, député de Sainte-Marie et président de l'assemblée nationale, Clé Dieu Donné Alphonse, président de la délégation spéciale de Sainte-Marie et Christian Cambon, vice-président du Sedif, en ont assuré l'ouverture officielle.
Après une réflexion sur la commune et son futur service de l'eau, les discussions ont porté sur la place des opérateurs locaux dans ce service public et celle de la commune dans le déroulement des projets mis en œuvre par les Ong.

Quatre conditions pour un service pérenne
Les maires doivent faire face à de nombreuses difficultés pour la mise en place d'un service public de l'eau pérenne. Quatre enjeux principaux ont été abordés et approfondis.

• L'équipement des communes rurales. En amont, les difficultés de l'amélioration de la desserte en eau sont accrues par le fait que les communes manquent d'information sur les taux de couverture et de desserte, et de connaissance précise de la demande. Par ailleurs, les communes doivent faire face à de nombreux équipements non fonctionnels, un problème qui renvoie à la question de la responsabilité des intervenants dans la conception et la réalisation des ouvrages et des garanties à long terme.

• La préservation de la ressource en eau. Les usages de l'eau sont multiples et sa disponibilité en quantité et en qualité est sans cesse menacée par de nombreux obstacles (question foncière, pression démographique, vandalisme…). Il revient donc aux maires de contrôler, réglementer et responsabiliser pour mieux préserver la ressource.

• L'organisation du service de l'eau. Différents modes de gestion existent, et de la gestion communautaire à l'affermage, ils ont chacun leurs avantages et leurs inconvénients. Il revient à la commune de bien choisir son mode de gestion, de conserver sa fonction de contrôle et de garantir la pérennité du service en assurant un paiement effectif de l'eau.

• L'entretien et la maintenance. La non-fonctionnalité des ouvrages tient souvent à leur mauvaise conception technique ou à leur ancienneté qui génèrent des surcoûts, mais aussi à la difficulté de collecte des cotisations régulières. Mais pour un service durable, l'entretien et la maintenance des ouvrages sont également primordiaux. Or, l'absence de maintenance est liée aux problèmes de compétences et de marché local. Pour pallier ces manques, la filière entretien-maintenance est à organiser et à soutenir fortement au niveau local.

Commune et opérateurs locaux, des relations en devenir
En règle générale, la commune, maître d'ouvrage des équipements, conserve sa fonction de contrôle sur le système AEP, et délègue le reste de ses responsabilités (études, conception/réalisation, exploitation du service de l'eau) à des opérateurs privés ou aux communautés villageoises. Le choix d'un système gravitaire (gestion déléguée à un ou à des comité(s) eau villageois), ou d'un système thermique (gestion déléguée à un opérateur privé), dé­pend du contexte (rural, ou semi-urbain).

Face aux responsabilités légales de la commune, les opérateurs locaux (entreprises locales ou nationales, existantes ou créées à l'initiative d'Ong…) prennent peu à peu leur place, se mobilisant soit en amont, autour de la réalisation des équipements, soit en aval, pour l'exploitation du service de l'eau. Leurs relations avec les communes sont plus ou moins formelles, et la concertation plus ou moins effective, mais de manière générale, les perspectives de marché et les possibilités d'appui hors projet semblent demeurer limitées.

A l'inverse, la place donnée à la commune dans la démarche projet des Ong s'accroît. Toutes les Ong mesurent désormais l'importance d'informer les commune des programmes engagés sur leur territoire, et surtout de les impliquer dans le déroulement des projets, notamment dans le souci de garantir la pérennité du service après leur retrait. Cette implication des communes s'établit à chaque étape du projet et selon différentes modalités.

Ces journées d'échanges ont permis aux maires de mesurer l'enjeu «de la pérennisation des infrastructures mais aussi de la recherche de synergie avec les partenaires au développement et les autorités. Cela leur a ouvert les yeux de voir les échecs mais aussi les réussites. Ce fut un moment précieux au regard de la difficulté à réunir les gens du fait des distances qui les séparent à Madagascar» a souligné un intervenant de TMD.

Le pS-Eau soutient l'idée d'un réseau d'échanges autour de cette thématique eau/assainis­se­ment à Madagascar grâce à des rencontres régulières. Reste la question de la mobilisation des moyens pour poursuivre une telle dynamique.
Sont remerciés les maires venus exprimer leurs préoccupations et leurs attentes dans le domaine de l'eau, mais aussi les Ong, pour leur soutien aux projets communaux.



A lire : « La gestion communale du service de l'eau à Madagascar », Cahier technique n°16, Eau, assai­nissement et solidarité, Pierre-Marie Grondin, Séverine Champetier, janvier 2009, pS-Eau, 20 p.


Email:
grondin@pseau.org

Trans-Mad'Développement - Sainte Marie - Madagascar
Transmad - Lavau sur Loire - France
 
 

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