retour imprimer © Lettre du pS-Eau 57 de Aug 2008

Laos: Multiplier les expériences pour alimenter en eau les populations rurales isolées


L'eau fournie auparavant par des vendeurs privés à 50 cent$/m3/mois est désormais accessible à 20 cent$/m3/mois pour le consommateur domestique. L'eau est facturée au volume. (©GRET)

L'accès à l'eau potable en zone rurale est une orientation récente des autorités laotiennes. M. Noupheuak Virabouth nous a présenté les missions de l'Autorité nationale de l'Eau potable (WASA) qu'il dirige. Objectif : encourager la mobilisation d'investisseurs locaux et l'appui d'Ong pour tester des approches diversifiées.

La population du Laos s'élèvait en 2005 à 5,6 millions d'habitants, dont 75 % en zone rurale et 1,4 million (25 %) en zone urbaine et semi-urbaine. Si la mise en place d'infrastructures d'accès à l'eau potable a déjà commencé il y a plus de 30 ans sur la capitale et les 4 grandes provinces, dans la majeure partie du pays cela a débuté il y a moins de 20 ans.

Pour le gouvernement, l'ordre de priorité d'intervention établit quatre zones d'intervention:
1. la capitale, Vientiane ;
2. les 4 grandes provinces (de plus de 20 000 habitants) ;
3. les petites villes (capitales de provinces et autres) : de 4 000 à 20 000 habitants ;
4. les très petites villes et groupes de villages : de 2 000 à 4 000 habitants.

Au Laos, les responsabilités pour l'approvisionnement en eau potable des zones urbaines et semi-urbaines sont partagées, au sein du ministère des Travaux publics et des Transports, entre le département de l'Habitat et Planification urbaine (DHPU), chargé de définir les orientations stratégiques, et l'Autorité nationale de l'Eau potable (WASA), instance de régulation des services d'eau, chargée de promouvoir la participation du secteur privé local dans le secteur (PSP) et de l'appui institutionnel aux opérateurs d'eau.
En 1999, la WASA a commencé à développer son activité de régulation et de surveillance du secteur de l'eau sur l'ensemble des quatre zones décrites précédemment. En 2003, les localités relevant des trois premières zones, étaient alimentées en eau potable par 17 entreprises pu­bli­ques provinciales. La quatrième zone fait actuellement l'objet d'une expérimentation sous forme de gestion déléguée au secteur privé local.
La mission de la WASA est de protéger les usagers des réseaux d'eau et de renforcer et promouvoir l'efficacité technique et économique des fournisseurs(2). Concrètement, il s'a­git pour l'agence de gérer les tensions créées entre efficacité technico-économique et équité à l'accessibilité du service, c'est-à-dire d'arbitrer entre les droits et intérêts des fournisseurs de service et les droits et intérêts des usagers.


Trouver des solutions alternatives
Si sur les trois premières zones, les projets «eau» reçoivent des financements internationaux de l'AFD, la Banque mondiale et JICA (agence japonaise), la quatrième, composée essentiellement de pe­ti­tes villes et de groupes de villages aux populations à faibles revenus, dispose de peu de financements. En attendant que cette zone devienne prioritaire, il est indispensable de trouver des solutions alternatives. C'est sur cette zone qu'interviennent le MIREP et le Gret, avec un financement du Sedif, autour de 8 chantiers sur des sites proches de la capitale.
Une première étude de faisabilité a été conduite afin d'évaluer les besoins en investissements, de telle sorte que le prix de l'eau pratiqué à l'avenir soit abordable pour tous. De plus, la WASA a un rôle d'appui au maître d'ouvrage (les autorités du district) pour conduire les appels d'offres et sélectionner le futur gestionnaire du petit système d'eau potable. Enfin, une fois les réseaux en place, la WASA assure la régulation du service et se charge de former le gestionnaire privé qui prendra en charge l'exploitation et la gestion du service d'eau.

Il existe beaucoup de petites entreprises privées locales dédiées à d'autres activités que la fourniture d'eau. Mais il a été difficile de trouver des entrepreneurs intéressés par l'exploitation future d'un mini-réseau d'eau pour lequel l'investissement initial est conséquent.

En effet, les bénéfices ne se réalisent qu'à long terme : pour un contrat de délégation de 25 ans, le retour sur investissement n'intervient qu'au bout de 12 ans. Pour le premier projet, 6 petits entrepreneurs se sont manifestés, mais le jour de l'appel d'offres, un seul s'est présenté.


La mise en place d'une délégation de service
Un contrat de concession est signé entre un petit entrepreneur privé local et les autorités de district pour définir les responsabilités des parties et les modalités de gestion du service. Dans chaque village, les chefs de village représentent les usagers et font remonter les plain­tes ou autres demandes au niveau des chefs de district. Au niveau régional, l'administration provinciale garantit le respect du contrat et les services techniques déconcentrés apportent un appui technique.

Au bout de 25 ans, la propriété des ouvrages revient au district et le contrat de délégation peut être renégocié au regard des nouvelles conditions. Cependant, la WASA, les chefs de village, le chef de district et le concessionnaire peuvent se réunir pendant la période du contrat pour ajuster le prix de l'eau si cela s'avère nécessaire (augmentation du coût de l'électricité, inflation, infrastructures à mettre en place pour traiter les pollutions, etc.).
Auparavant, l'eau, qui n'était pas de bonne qualité sur ces zo­nes, était fournie par des vendeurs privés à 50 cent$/m3/mois. Désormais, l'adduc­­tion en réseau permet de ramener le prix à 20 cent$/m3/mois pour le consommateur domestique et à 24 cent$/m3/mois pour les institutions, les marchés, etc. L'eau est facturée au volume.

Suite à une première phase pilote réalisée avec le GRET sur deux localités proches de la capitale, une deuxième phase a été initiée, concernant cette fois-ci plus de six nouveaux sites. A ce propos, une étude de faisabilité est en cours de négociation avec la Banque mondiale (Global Partnership Output Base Aids) pour étendre ces actions à d'autres zones rurales . Courant 2008, un autre projet pilote devrait avoir lieu avec l'ONG Aquassistance comme partenaire. A la différence du projet mis en œuvre avec le GRET, il n'y aura pas de participation du secteur privé. La gestion sera confiée à l'entreprise pu­blique provinciale de cette région (Louang Mantha). Dans ce cas-ci, pour réaliser le génie civil, le projet compte sur l'apport local en main-d'œuvre et non sur l'apport de l'entreprise privée et de cofinancements extérieurs. L'entreprise d'Etat prendra en charge les coûts de branchements et Aquassistance financera les infrastructures du réseau.



(2) La WASA, composée de 8 personnes dans la capitale et de correspondants dans chaque province au sein des entreprises publiques, est chargée d'élaborer des recommandations tarifaires pour chaque province, soumises à l'approbation de chaque chef de province.


Noupheuak Virabouth
directeur de la WASA
WASA : Water Supply Authority
T. +856 21 451826
Fax +856 21 451826
Email:
lvirabouth@yahoo.com
Site internet: www.wasa.gov.la

Réseau asiatique des acteurs de l'eau
SEAWUN (South East Asian Water Utilities Network) créé en 2002-2003 et basé à Hanoi. Pays membres : Indonésie, Laos, Malaisie, Philippine, Singapour, Thaïlande et Vietnam.
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M. Virabouth, à droite, et les autorités locales, lors de la réception d'un ouvrage. (©GRET)
 

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