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Profession : « vendeurs d'eau »


Par Natacha Clergé
article de presse Mar 2007
Aut. Natacha Clergé
Ed. Le Matin - Petion-Ville
Article:
Ils sont partout, les « marchands d'eau », au Portail Léogâne, à la rue Pavée, au boulevard Jean-Jacques Dessalines, au marché de Pétion-Ville, portant sur la tête ou suspendu à l'épaule un sceau ou sac rempli de sachets d'eau ou des bidons d'eau, criant à qui mieux mieux :« Dlo ! Dlo ! ». Ce secteur d'activité regroupe essentiellement des hommes mais aussi des enfants dont Saint-Jacques, 13 ans, orphelin. Ce dernier vend des sachets au niveau de la rue Rigaud. Il dit avoir commencé, il y a deux ans, le commerce avec un capital de dix dollars avancé par un ami plus âgé. Depuis, tous les jours, dès six heures du matin, il quitte Juvénat pour se rendre à Pétion-Ville. Il vend à 2 gourdes le sachet d'eau. C'est aussi le coût au Portail Léogâne, Gressier, les Cayes, Port-de Paix. Cependant, au centre-ville, le sachet coûte une gourde. Cette fluctuation des prix a récemment causé un incident au Portail Léogâne. Le 27 février, un policier a abattu un de ces marchands d'eau suite à une mésentente sur le prix à payer. Le jour même, d'autres marchands, sachets d'eau en main, ont organisé une manifestation en signe de protestation.
Sur la fluctuation des prix, Alix, boutiquier à la rue Rigaud, avance : « La personne t'achète le paquet à cinquante gourdes. Ensuite, il lui faut de la glace. Pour quinze gourdes au moins. Cette personne, dans la vente, doit récupérer le capital, en l'occurrence l'argent de l'eau et de la glace. Puis, il lui faut réaliser des bénéfices. Il y a d'autres qui achètent les sachets congelés et évoluent dans une zone où il y a un important flux de va-et-vient, comme au centre-ville. Donc, entre ces deux groupes, dans la fixation du prix de la marchandise il aura une différence. Forcément. »
Alix a oublié de nous indiquer combien de sachets contient le paquet.

Les conditions d'exercice
Cette activité s'exerce dans des conditions particulières. En général, la demande provient des passagères et passagers de tap-tap et de piétons. Malgré le bruit environnant : voix, moteurs de véhicules qui caractérisent le centre-ville, les marchands d'eau perçoivent immanquablement l'appel du client. Parfois le véhicule a déjà démarré. Alors, ils lui courent après, s'y agrippent, écoulent la marchandise. Et sautent à nouveau sur le pavé. Eux, ils se paient rarement un bus préférant effectuer le trajet suspendu à l'arrière des véhicules. Ce sur quoi les chauffeurs en général ferment les yeux. Cependant, une fois, sur l'autoroute de Carrefour, un chauffeur s'est disputé avec l'un d'eux. L'accusant d'être pingre et de vouloir abîmer son bus fraîchement réparé. Jean-Jacques, lui, n'agit pas ainsi : « Le soir en rentrant, je n'ai plus de marchandise. Je prends un bus. Comme tout le monde. Et puis, je me respecte je ne veux pas qu'un chauffeur m'insulte. Quand il se fait tard et qu'il me reste beaucoup de marchandises, il m'arrive de courir après des voitures. Ordinairement je me place dans les endroits où il y a des bouchons. Là, à tous les coups vous allez faire une affaire », confie-t-il.

Pays concerné:

Haïti (CI) (DT) (OP)

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