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Faire face à la pénurie d'eau en Haïti


article de presse Mar 2007
Aut. Robenson Bernard
Ed. Le Nouvelliste - Port-au-Prince
Article:
A l'occasion de la journée mondiale de l'eau, l'Université Quisqueya (UNIQ), en partenariat avec l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) entreprend de poser la problématique de l'eau en Haïti. Le colloque organisé à cet effet les 22 et 23 mars 2007 à l'Hôtel Montana lève le voile sur l'absence d'une politique nationale de gestion des ressources en eau. Il a la vertu de conduire la réflexion sur la pénurie vers un questionnement sur l'anthropologie sociale de ce précieux produit national en Haïti.

«En dépit de son potentiel hydrique relativement élevé, Haïti figure parmi une trentaine d'autres pays qui feront face en 2025 à une pénurie d'eau absolue, où la population pourrait être affectée par un stress hydrique». Par ces propos, le Premier ministre Jacques-Edouard Alexis a procédé à l'inauguration du Colloque international organisé par l'UNIQ sur le thème «Faire face à la pénurie de l'eau».

Le chef du gouvernement et ancien recteur de l'UNIQ qui se rapporte au premier colloque tenu en 2002 autour du thème "La gestion intégrée de l'eau en Haïti» précisément après l'établissement des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) indique que la projection citée plus haut reposait en 2002 sur un ensemble de facteurs dont il faut évaluer la pertinence et les impacts actuels. «Ce sont le retrécissement de la couverture végétale estimée de nos jours à moins de 3% de la superficie du pays, la croissance démographique élevée (nous sommes maintenant à plus de 8 millions d'habitants), la diminution de la qualité des ressources en eau disponibles et la faible capacité d'Haïti à mettre en oeuvre des politiques et des programmes de gestion intégrée des ressources hydriques», s'alarme M. Alexis qui s'est dit perplexe, cinq (5) ans après l'établissement de ce navrant état des lieux et à une quinzaine d'années de l'échéance 2025.

Jacques E. Alexis assure que son gouvernement continuera de multiplier ses efforts de mise en oeuvre de politiques, de stratégies et de programmes en vue de repousser le spectre de la pénurie d'eau projetée. «Dans ce domaine, comme dans bien d'autres, il vaut mieux prévenir que guérir», soutient M. Alexis qui saisit l'occasion pour faire état de ce qui est au centre des grandes préoccupations de son gouvernement: l'accès à l'eau potable des populations rurales et l'irrigation de l'agriculture haïtienne.

Le Premier ministre qui a cru opportun de (re)définir les grandes priorités de son gouvernement exprime sa volonté d'éliminer les privations absolues en milieu rural, telles que celles relatives à l'eau potable et aux autres services de base, en particulier l'éducation, l'assainissement, la santé. «Une vision stratégique pour la réforme du secteur de l'eau potable et de l'assainissement a été récemment élaborée», indique M. Alexis qui fait état de la détermination du gouvernement de promouvoir le développement agricole et rural en investissant dans l'irrigation dans une démarche intégrée de gestion des bassins versants.

«La pénurie d'eau est à l'origine d'énormes problèmes pour les populations et les sociétés», fait remarquer le doyen de la Faculté des Sciences, de Génie et d'Architecture, Dr Evens Emmanuel. Celui-ci attire l'attention sur l'insuffisance des ressources en eau disponible appelées à assurer la production alimentaire et faire reculer la faim et la pauvreté dans certaines régions où la poussée démographique est bien souvent supérieure au potentiel d'utilisation durable des ressources naturelles locales.

Evens Emmanuel cite deux éléments distincts pour justifier la tenue de ce colloque. D'abord, depuis 1992, Haïti est parmi les pays souffrant d'une pénurie d'eau, ensuite et surtout, les actions comme la pénurie de l'eau font appel à un partage des responsabilités. «La pénurie de l'eau estime-t-il interpelle la conscience de tous les hommes de ce monde moderne en leur imposant une nouvelle responsabilité citoyenne».

Des thématiques

Plusieurs thématiques ont été abordées lors de la première journée de ce colloque international où le professeur Emile TANAWA, de l'AUF, et Joaneson Lacour et Anael Hyppolite ont respectivement joué le rôle de modérateur et de rapporteurs.

Le doyen de la FSGA et directeur du Laboratoire de la Qualité de l'eau (LAQUE), Evens Emmanuel a ouvert la sève d'intervention avec sa présentation enrichissante: «La pénurie d'eau en Haïti: une mise en perspective». Pour sa part, le professeur Paul Vermande, de l'Institut national des Sciences Appliquées de Lyon (France) fait état de la nécessité de faire face à la pénurie de l'eau en Haïti. Astrel Joseph, du Ministère de l'Environnement a présenté le projet de loi-cadre sur la gestion des ressources en eau.

Le vice-recteur à l'extension, à la recherche et à la coopération internationale, à l'UNIQ, Mirlande Manigat a examiné ce qu'elle appelle la géopolitique de l'eau. «L'eau et l'enfant», tel a été l'intitulé de la présentation de Maguy Vermande de l'INSA de Lyon. Pour ne citer que ces thématiques. Marie Gisèle P. A. Pierre a fait office de modératrice à ce deuxième panel dont Farah Dorval et Fred Alix Coutin ont été les rapporteurs.

La première journée de ce colloque international sur la pénurie de l'eau a été un succès si l'on s'en tient à la façon dont le public pourrait être sensibilisé sur la problématique de la pénurie de l'eau en Haïti. Et les recommandations qui en seront faites, en vue d'aider ces populations urbaines et rurales à assurer une meilleure gestion de leurs ressources en eau déjà limitrophes.

Robenson Bernard

Pays concerné:

Haïti (CI) (DT) (OP)

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