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La question des sanitaires cruciale en termes de santé



article de presse Aug 2005 ; 1 pages
Ed. Le Monde - Paris
Téléchargeable chez l'éditeur
Article:

Environ 2,6 milliards de personnes dans le monde sont dépourvues de toilettes, mais le système occidental du tout-à-l'égout n'est pas un modèle à suivre au point de vue du développement durable, ont soutenu cette semaine des intervenants à la conférence internationale sur l'eau, à Stockholm.

L'absence de sanitaires a des conséquences désastreuses pour la propagation des maladies : environ 6 000 enfants meurent chaque jour de diarrhées liées au manque d'hygiène, selon les statistiques internationales. "Les excréments tuent. Ils tuent par millions", affirme le Conseil commun de l'approvisionnement en eau et assainissement (WSSCC), une organisation basée à Genève, selon laquelle il s'agit de la plus grande cause d'infections au monde.

L'un des objectifs de développement du millénaire (ODM) fixés par l'ONU est de permettre à 1,75 milliard de personnes d'avoir accès à des sanitaires privés d'ici à 2015, soit un effort de 95 000 installations par jour. Les objectifs quantitatifs les plus élevés concernent l'Inde (600 millions de personnes) surtout en zones rurales, la Chine (400 millions) majoritairement pour les zones urbaines et l'Afrique subsaharienne (350 millions) à la fois pour les villes et les campagnes.

Mais le type de toilettes à installer fait débat. Des experts présents à la "Semaine de l'eau" de Stockholm ont expliqué qu'une solution écologique basée sur la séparation de l'urine et des matières fécales, et leur recyclage en tant qu'engrais, est de loin préférable au tout-à-l'égout, tellement commode, mais plus cher, plus polluant et grand consommateur d'eau. "Sur une année, pour chaque personne, quelque 400 à 500 litres d'urine et 50 litres de fèces sont évacués avec 15 000 litres d'eau pure", selon l'Institut de l'environnement de Stockholm (SEI) qui précise qu'à cela s'ajoute une consommation additionnelle de 15 000 à 30 000 litres d'eau par personne pour se laver, laver son linge et faire la cuisine.

Avec le modèle occidental, l'ensemble des eaux usées est traité "en fin de tuyau" par des usines et rejeté dans les milieux aquatiques ou dans les sols. "Les conceptions actuelles du système sanitaire ne sont pas viables ou abordables pour la vaste majorité des gens et elles ne conduisent pas vers une société durable", estime le SEI dans ses documents sur le système sanitaire écologique (ecological sanitation ou "eco-san").

Plus facilement installées dans l'habitat individuel, les toilettes écologiques recueillent séparément les rejets liquides et solides et les stockent pour une utilisation ultérieure comme engrais. Les excréments sont déshydratés par formation de compost avec ajout de matières (cendres, sable, chaux, etc.).

De telles toilettes existent déjà sous des formes plus ou moins élaborées dans le nord du Vietnam, dans la province chinoise du Guangxi, au Guatemala, au Mexique, au Zimbabwe, mais aussi dans des pays riches comme les pays scandinaves, l'Allemagne, ou la Suisse.

Mais les faire accepter au plus grand nombre est un vrai défi. Les préjugés sont nombreux, et la gestion individuelle "sèche" des besoins naturels est plus contraignante que leur évacuation par l'eau, a reconnu une experte du SEI. En Occident, il faut "reconnaître que le système actuel n'est pas parfait", a estimé un entrepreneur suédois. Directeur de BB Innovation & Co, il a mis au point un système de toilettes recueillant l'urine – "le meilleur engrais", selon lui –, mais évacuant les matières par une chasse d'eau classique, qu'il commercialise en Scandinavie et dans quelques autres pays.

Editeur/Diffuseur:

Le Monde - Paris
    

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