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L'eau, un puits d'opportunité en Afrique: "Gérer l'approvisionnement est urgent"



article de presse Jun 2016 ; 1 pages
Aut. Jean-Michel Huet
Ed. L'Express - Paris
Téléchargeable chez l'éditeur
Article:
Avec seulement 27% des Africains ayant accès à l'eau courante, le continue se situe encore très en dessous de la moyenne mondiale. Dans ce second article d'une série sur l'eau du continent africain, Jean-Michel Huet, associé de BearingPoint, fait le point sur l'approvisionnement du continent en eau.

Avec seulement 65% des Africains ayant accès à une source d'eau potable améliorée (eau courante, fontaines publiques, puits aménagés, etc.), et 27% à l'eau courante, l'Afrique se situe encore très en dessous des moyenne mondiale, en particulier l'Afrique sub-Saharienne.

Principalement dû aux manques de financement et à des faiblesses opérationnelles, le rythme de renouvellement et d'expansion des infrastructures peine à faire face aux croissances démographiques et urbaines les plus fortes du monde. Ainsi, le nombre de personnes n'ayant pas accès à une source d'eau améliorée continue d'augmenter.

Des investissements concentrés sur les zones les plus riches
Les financements et les performances des régies d'eau africaines sont pour le moment insuffisants pour relever les défis du secteur de l'eau. Le niveau des pertes en eau dans les réseaux de distribution très élevées (50% en moyenne), le prix de l'eau trop bas, associés à un taux de recouvrement des redevances très faible, ne permettent pas l'indépendance budgétaire des régies d'eau, ni la maintenance ou la construction d'infrastructure à la hauteur des enjeux.

Malgré des difficultés dans leur mise en oeuvre, les projets de Partenariat Public Privé (PPP) menés en Afrique ont permis de montrer qu'une gestion privée pouvait améliorer considérablement les niveaux de performance opérationnelle des sociétés d'eau, et ainsi fournir le financement adéquat pour étendre les réseaux d'approvisionnement. Jusqu'à présent, les sociétés privées préfèrent limiter ces PPP à des contrats de gestion, limitant ainsi leur investissement et leur risque. Cependant, lorsque le secteur privé investit directement dans le secteur de l'eau, il apparaît que les investissements sont concentrés sur les zones d'habitation les plus solvables, excluant ainsi la grande majorité de la population.

L'idéal d'un rattrapage infrastructurel en 30 ou 40 ans par les pays en développement, fondé sur un investissement massif du privé puis son remboursement par un recouvrement total des coûts et rémunérations, est devenu une utopie. Ainsi, l'apport financier initial du secteur public reste vital, autant des gouvernements que des bailleurs de fonds internationaux.

Le marché informel de l'eau
D'autre part, les populations africaines sont de plus en plus utilisatrices des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) à travers leur téléphone et Internet. Cet aspect, encore insuffisamment exploité par les régies d'eau, permettrait de faciliter la communication avec les usagers, optimiser l'efficacité opérationnelle des régies, ou encore appréhender les évolutions rapides des paysages urbains africains. Ces outils représentent généralement une faible partie du coût d'un projet d'investissement dans des infrastructures d'eau, et constituent souvent une avancée cruciale pour une bonne maîtrise des ressources, une gestion du réseau améliorée, et une meilleure adaptation des services aux usagers.

Pour pallier aux faiblesses du réseau public, un marché de l'eau informel s'est développé, principalement dans les zones périurbaines des grandes agglomérations, qui peuvent regrouper entre 30 et 80% de la population. Le marché informel, qui représente jusqu'à 95% de l'approvisionnement en Tanzanie, fournit de l'eau dont la disponibilité, la qualité et le prix sont très variables, augmentant ainsi la précarisation des populations africaines.

Les risques de santé publique inhérents à ces constats invitent à appliquer des solutions d'approvisionnement en eau partagées, à faible coût et à mise en oeuvre rapide, telles que les fontaines publiques. Ceci permettra de répondre aux urgences actuelles et de préparer l'avenir, c'est-à-dire la connexion individuelle généralisée. Dans certains pays, la légalisation du secteur informel pourrait être une étape intermédiaire à l'expansion des infrastructures d'eau.

Editeur/Diffuseur:

L'Express - Paris
    

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