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L'eau, un puits d'opportunités en Afrique: "Comment gérer les ressources?"



article de presse Jun 2016 ; 1 pages
Aut. Kevin Huard & Jean-Michel Huet
Ed. L'Express - Paris
Téléchargeable chez l'éditeur
Article:
Avec seulement 9% des ressources renouvelables en eau, pour 16% de la population mondiale, l'Afrique vit aujourd'hui une grave sécheresse. Dans ce premier article d'une série sur l'eau du continent africain, Jean-Michel Huet, associé de BearingPoint, fait le point sur la gestion des ressources.

Après l'Océanie, l'Afrique est le deuxième continent le plus sec. Regroupant 16% de la population mondiale, il ne possède que 9% des ressources renouvelables en eau. Cette dernière y est inégalement répartie. Les six pays les plus riches en eau, situés en Afrique Centrale et de l'Ouest, détiennent 54% des ressources intérieures totales du continent, les vingt pays les plus pauvres seulement 7%.

Se concentrer sur la préservation des ressources
Sur un continent où certains pays consomment la totalité de leurs ressources en eau renouvelable, quand d'autres en utilisent moins d'1%, la dépendance entre Etats est forte et le partage de l'eau critique. Plus de 40% de la population africaine vit dans les zones arides, semi-arides et sous humides.

En raison de la diminution progressive de ces ressources et de l'augmentation de la consommation, la proportion de la population africaine risquant d'être soumise à une carence en eau augmentera de 38% en 2013 à 74% en 2040, affectant 28 pays. Actuellement, les trois-quarts des pays arabes du continent vivent déjà en dessous du seuil de carence en eau, alors qu'ils sont les plus gros consommateurs.

Les efforts sur la gestion des ressources en eau doivent ainsi se concentrer sur la préservation et les conditions du partage. Cependant, le manque de capacité des instances africaines dans la gestion de l'eau au niveau national, ainsi que leur manque de coordination dans la gestion des bassins hydriques internationaux est un frein économique. C'est aussi un facteur d'accroissement des inégalités d'accès à l'eau.

La mise en oeuvre de moyens pour surmonter ces problématiques nécessitera une volonté politique et des moyens de financement importants: mutualisation régionale des ressources, changement de modèle économique (de l'agriculture vers l'industrie, par exemple), utilisation de nouvelles méthodes à forte intensité capitalistique, tel que le dessalement de l'eau de mer.

Les barrages et réservoirs au coeur du problème
Au centre de cette problématique se trouvent les réservoirs de stockage de l'eau (barrages ou réservoirs naturels). Les volumes de stockage d'eau par habitant sont très faibles en Afrique. Les petits projets de barrage, faciles à financer et à mettre en oeuvre, sont pour l'instant le meilleur moyen de palier les problématiques locales de certains pays d'Afrique.

Les grands projets de barrages, tel que le Grand Inga en République Démocratique du Congo, auraient un plus fort impact sur la préservation des ressources, mais sont très difficiles à mettre en oeuvre. La faute au manque de fonds nécessaires, à l'instabilité politique et aux problèmes environnementaux.

Cependant, les grands projets seront la solution à la demande globale du continent. Il faudra donc une grande implication politique, se concrétisant dans un premier temps par le renforcement des instances régionales de gestion de l'eau, qui devront définir les modalités de partage des ressources.

Dans un second temps, il faudra améliorer l'attractivité de ces projets pour le secteur privé en démultipliant leurs usages (électricité, irrigation, alimentation en eau, lutte contre les inondations et sécheresses, etc.), ce qui apparaît comme la meilleure solution pour assurer leur financement à moyen terme. En raison des enjeux stratégiques des projets de grands barrages, il faut s'attendre à des batailles géopolitiques majeures autour de leurs financements, notamment entre des entreprises sud-africaines et chinoises.

Editeur/Diffuseur:

L'Express - Paris
    

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