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Les femmes africaines essentielles à la gestion de l'eau



article de presse Apr 2014 ; 1 pages
Ed. Radio Vatican - Roma
Téléchargeable chez l'éditeur
Article:
Entretien- La septième édition du Forum mondial de l’Eau se tient jusqu’au 17 avril en Corée du Sud sur le thème « L’eau pour notre avenir ». Des dizaines de milliers de personnes participent à ce grand rendez-vous qui rassemble universitaires, instituts de recherche, entreprises, gouvernements ou encore ONG, représentant 170 pays. Cette année, ce grand rendez-vous se tient à quelques mois seulement de la Conférence de Paris sur le Climat.



Les discussions, débats et ateliers portent notamment sur la question de droit d’accès à la ressource hydrique et d’équité dans la façon de la répartir. Une question cruciale en Afrique où les femmes jouent un rôle déterminant dans la gestion et l’assainissement de l’eau. Illustration au Sénégal à travers le témoignage de Tacko Diallo, responsable de la mobilisation sociale et du plaidoyer au sein de l’ONG Eau vive au Sénégal. Des propos recueillis par Hélène Destombes







 



Ce sont les femmes qui utilisent l’eau. Ce sont les femmes qui ont la sensibilité de savoir l’utilité-même de l’eau et quand il n’y a pas d’eau, ce sont les femmes qui sont les plus fatiguées. Donc, la femme est plus consciente que l’homme de la valeur de l’eau parce quand qu’elles doivent faire 4km pour porter une bassine de 22 litres, et le faire au moins 10 fois dans la journée pour satisfaire une population ou une famille d’environ 10 à 15 personnes, elles connait cette valeur de l’eau. Et au niveau de la gestion de l’eau, c’est elle qui peut vraiment parler de toutes les problématiques de l’eau dans leur famille : l’eau est-elle potable ? L’eau est-elle de bonne qualité ? L’eau est-elle salée ? Le prix de l’eau est-il acceptable ou non ? C’est elle qui est au cœur du processus de la gestion de l’eau.



Les collectivités locales, les gouvernements ont pris conscience du rôle joué par les femmes dans la gestion de l’eau ?



De plus en plus parce qu’au niveau de toutes les Associations d’Usagers de Forage on essaye d’impliquer, de dire que quand il y a un président, il faut impérativement qu’il y ait une vice-présidente et le poste de trésorière est toujours vraiment, dans la majorité, géré par les femmes. Elles ont montré des actes de crédibilité beaucoup plus palpables que ceux des hommes. Donc, aujourd’hui, les gouvernants, les communes sont conscients de cette problématique qui fait qu’on implique les femmes dans toutes les Associations d’Usagers de Forage mises en place au niveau du Sénégal.



Au Sénégal, quels sont les projets qui ont pu être mis sur pied par l’intermédiaire des femmes ?



On peut voir une présidente de groupement qui vient demander une adduction d’eau pour son village. Donc, ça veut dire amener les bornes-fontaines le plus proche possible des populations. A chaque borne-fontaine, ont met une femme. Elle vend l’eau au niveau de chaque borne-fontaine et elle remet l’argent aux associations. C’est une petite création d’emplois mais c’est une génération de revenus.



Quelles sont les réticences que vous rencontrez face à l’importance de ce rôle joué par les femmes dans la gestion de l’eau ?



Au Sénégal, ce sont vraiment des réticences mineures mais il y en a encore parce que l’homme a tendance à occuper encore les postes clefs. C’est surtout un problème culturel. Les gens ont confiance en ces femmes mais avec le problème culturel, le poste de président va rester surtout aux mains de l’homme.



Quels sont aujourd’hui les principales difficultés que vous rencontrez au Sénégal en termes d’accès à l’eau, d’assainissement ?



Aujourd’hui, le problème de l’accès à l’eau est réglé à peu près de moitié. On va atteindre des objectifs du millénaire mais il nous reste l’aspect qualité. Il y a aussi le problème du prix. Les populations du monde rural paient encore l’eau plus chère que les populations du monde urbain. C’est aussi voir comment privatiser l’eau. Au niveau de cette privatisation, les acteurs locaux qui ont joué un rôle remarquable dans la gestion du service, à savoir les femmes, doivent être revalorisées dans ce nouvel effort.



La septième édition du Forum mondial de l’eau se tient actuellement en Corée du Sud. Qu’attendez-vous d’une telle rencontre ?



Ce qu’on attend, c’est que ce ne soit pas la énième rencontre parce que c’est ça le problème. Beaucoup de décisions sont prises mais c’est la mise en œuvre qui porte défaut. On espère vraiment qu’il y ait des transformations ou bien d’autres pas en avant pour pouvoir avancer sur la qualité de l’eau, sur un prix équitable de l’eau, sur la responsabilisation des acteurs de l’eau mais avancer aussi sur le transfert des compétences de l’eau au niveau des communes au niveau du Sénégal. 


Mots clefs:

Afrique (CI) (DT) (OP) , femme (CI) (DT) (OP) , mode de gestion/gouvernance (CI) (DT) (OP)

Editeur/Diffuseur:

Radio Vatican - Roma - Vatican
    

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