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MALAWI: In Praise of Dry Sanitation



A la gloire de l’assainissement à sec
article de presse Mar 2011 ,
Aut. Claire Ngozo
Ed. IPS - Lilongwe
Téléchargeable chez l'éditeur
Résumé:
A la gloire de l’assainissement à sec
Claire Ngozo

LILONGWE , 15 mars (IPS) - En temps normal, il est sans eau, inodore, tout à fait abordable et dispose d’un engrais riche comme sous-produit; pourtant pour les habitants des installations informelles du Malawi, l’assainissement à sec retient l’odeur des déchets.

Jusqu’à deux-tiers des deux millions de la forte population urbaine du Malawi vivent dans des conditions précaires sans toilettes adéquates. Dans des banlieues densément peuplées de la capitale Lilongwe comme Mtsiriza, Mgona, ou Senti, des douzaines de personnes utilisent souvent les mêmes toilettes.

Alex Makande, dans la banlieue de Mgona, vit dans une cour de 83 habitants. "C’est une situation terrible. Les matinées sont encore pires. Les gens font la queue pour aller aux toilettes et nous sommes parfois obligés de demander à utiliser les toilettes dans les cours voisines qui ne sont pas aussi peuplées".

L’accès à l’eau courante est limité dans des quartiers comme celui-ci; les principales lignes d’égouts sont généralement inexistantes.

Monalissa Nkhonjera, chargée des communications et de l’apprentissage de l’organisation non gouvernementale internationale WaterAid, explique qu’une cour moyenne dans les banlieues contient huit ménages, mais qu’il existe généralement une seule latrine à fosse.

WaterAid travaille dans des bidonvilles de Lilongwe, mettant en œuvre une solution appropriée et raisonnable. "Nous promouvons la construction de latrines d’assainissement écologique avec des dalles comme couvercle pour la fosse et une toiture en tôle ou en chaume. Les murs sont faits de briques cuites ou non cuites".

Les latrines d’assainissement écologique ont deux fosses. On saupoudre de la cendre dans la latrine après chaque utilisation des toilettes pour minimiser l’odeur et accélérer la décomposition. Après qu’une fosse est remplie, on passe à l’autre, et on donne du temps aux déchets dans la fosse pleine de se décomposer totalement en fumier riche et sans danger.

Des installations non appréciées

Mais Manesi Phiri, de Senti, une autre installation informelle située à la périphérie de Lilongwe, où WaterAid fait la promotion des latrines d’assainissement écologique, n’est toujours pas satisfaite.

"Les toilettes à chasse sont plus commodes. Tout ce dont vous avez besoin, c’est de chasser les excréments après l’utilisation des toilettes. Les latrines à 1fosse aggravent notre faible statut de personnes pauvres. Elles sont très avilissantes", a-t-elle confié à IPS.

Les latrines à fosse, a-t-elle indiqué, sont un indicateur de pauvreté, tandis que les toilettes à chasse sont une marque de prestige. Phiri a également souligné que les communautés des banlieues urbaines n’utilisent pas beaucoup l’engrais qui est produit dans les latrines d’assainissement écologique.

"Nous n’avons pas de jardins dans nos communautés et nous ne développons aucune culture, alors nous n’avons pas besoin d’engrais. Nous ne pouvons pas vendre ce genre d’engrais aux citadins; ils utilisent l’engrais chimique pour leurs jardins potagers puisqu’ils trouvent dégoûtant l’engrais provenant des latrines".

Phiri reconnaît que l’engrais provenant des toilettes d’assainissement écologique est inodore et ressemble à n’importe quel autre compost; mais elle insiste pour dire que les gens sont dégoûtés lorsqu’ils pensent seulement à sa provenance.

Dans les installations informelles de Lilongwe, les gens ne rejettent pas certainement l’assainissement écologique sur-le-champ, bien que Makande préfère aussi les toilettes à chasse: "Mais ceci n’est qu’un rêve pour l’instant. Nous devons continuer à utiliser les latrines à fosse à notre disposition et les latrines d’assainissement écologique sont mieux que les latrines conventionnelles, alors nous devons les adopter", a déclaré cet homme, qui travaille comme gardien de nuit à 'Area 10', l’un des quartiers riches de Lilongwe.

Toilettes à chasse pour n’importe qui?

Les pauvres ont un choix limité. Mais avec les changements climatiques menaçant les approvisionnements en eau dans les villes, non seulement au Malawi mais aussi à travers la région d’Afrique australe, un plan global pour les zones urbaines pourrait voir les riches adopter les toilettes à compost.

Une toilette WC utilise partout six à 11 litres [d’eau] par chasse – les 640.000 personnes chanceuses qui ont accès aux toilettes à chasse au Malawi représentent chacune un poids beaucoup plus important sur les systèmes d’eau vieillissants, par rapport à leurs homologues dans les bidonvilles. Des millions, voire des centaines de millions de litres d’eau sont effectivement gaspillés en chassant des matières fécales dans un réseau d’égouts, au bout duquel elles ont besoins d’un traitement plus approfondi avant de pouvoir être libérées en toute sécurité dans les cours d’eau du pays.

A 'Area 43', l’un des quartiers les plus riches de Lilongwe, IPS a découvert que Richard Gulumba possède une latrine d’assainissement écologique dans son arrière-cour. Il l’a fait construire pour être utilisée pendant les fréquentes coupures d’eau à Lilongwe.

"Mais ma famille et moi avons encore du mal à utiliser une latrine. Cela me rappelle la vie au village et ce n’est pas souhaitable. J’ai grandi pauvre et je ne veux pas qu’on me rappelle les expériences que j’ai vécues, et l’utilisation d’une latrine à fosse est une chose que je ne veux pas faire maintenant que je peux me permettre de meilleures choses comme des toilettes à chasse", a déclaré Gulumba.

Comme ses homologues riches à travers l’Afrique, peut-être même à travers le monde, Gulumba n’est probablement pas conscient des cousins éleveurs pour qui ces latrines à deux cabines sont en construction dans les bidonvilles. Bien que des préjugés soient assez répandus sur l’assainissement à sec, on peut trouver davantage de toilettes sèches haut de gamme du Mexique au Canada, en Suède et en Australie.

Des latrines chic

La société sud-africaine, ECOSAN, fabrique une unité autonome d’assainissement à sec qui utilise astucieusement l’action d’ouverture et de fermeture du couvercle pour conduire une hélice qui déplace les matières fécales dans une chambre ingénieusement aérée où elles se transforment directement en compost. 'Nature Loo' d’Australie fournit un système avec des chambres de compostage échangeables et un ventilateur qui apporte suffisamment d’oxygène pour accélérer la décomposition.

A l’intérieur de la maison: un piédestal "blanc chaud" avec un siège de "couleur chêne"... même les invités les plus pointilleux ne s’affoleront pas jusqu’à ce qu’ils se rendent compte qu’il n’existe pas un manche de chasse à eau.

Nkhonjera de WaterAid affirme que les latrines à compost, qui empêchent la pollution des eaux souterraines, constituent la meilleure option pour les habitants des bidonvilles et les communautés rurales. "Ces zones sont des installations informelles et elles n’ont pas accès à l’eau courante. La mise en place des toilettes à chasse ne sera pas réaliste".

Si des citadins plus riches d’Afrique australe ont aussi envisagé une meilleure utilisation de l’eau disponible, l’assainissement à sec pourrait occuper une place plus grande comme solution au stress hydrique croissant.
Abstract:
Claire Ngozo

LILONGWE, Mar 9 (IPS) – At its best it is waterless, odorless, eminently affordable and has a rich fertiliser as byproduct, yet for residents of Malawi’s informal settlements, dry sanitation retains a whiff of the unwanted.

As much as two-thirds of Malawi’s two-million strong urban population live in slum conditions without proper toilets. In densely-crowded Lilongwe townships like Mtsiriza, Mgona, or Senti, dozens of people often share a single convenience.

Alex Makande of Mgona township lives in a compound with 83 people. “It is a terrible situation. Mornings are even worse. People queue up to go to the toilet and sometimes we have to ask to use toilets in nearby compounds which are not as crowded.”

Access to pipe-borne water is limited in areas like this; sewerage mainlines generally non-existent.

Monalissa Nkhonjera, a communications and learning officer for international NGO WaterAid, explains that an average compound in the shanty townships has eight households, but there is usually only one pit latrine.

WaterAid is working in Lilongwe’s slums, implementing an appropriate, water-sensible solution. “We are promoting the construction of eco-san latrines with slabs as a cover for the pit and with either a tin or grass-thatched roof. The walls are made of baked or unbaked bricks.”

The eco-sanitation latrines have two pits. Household ash is scattered into the latrine after every visit to the toilet to minimise smell and speed up decomposition. After one pit fills, use switches to the other, and the waste in the full pit is given time to fully decompose into a rich, safe manure.

Unloved facilities

But Manesi Phiri of Senti, another informal settlement on the outskirts of Lilongwe where WaterAid is promoting them, remains unsatisfied.

“Flush toilets are more convenient. All you need is to flush out the excreta after a visit to the toilet. Pit latrines compound the low status of us poor people. They are very demeaning,” she told IPS.

Pit latrines, she said, are a marker of poverty, whereas flush toilets are a status symbol. Phiri also said communities in urban townships do not have much use for the fertiliser that is produced in the eco-sanitation latrines.

“We do not have gardens in our communities and we do not cultivate any crops so we do not need the fertiliser. We cannot sell this kind of fertiliser to city dwellers; they use chemical fertiliser for their kitchen gardens as they find the fertiliser from the latrines disgusting.”

Phiri concedes the fertiliser from the eco-san toilets is free of any odor and looks like any other compost; but she insists that people are put off just thinking of where it comes from.

In Lilongwe’s informal settlements, people are certainly not rejecting eco-sanitation out of hand, though Makande would also prefer a flush toilet: “But this is just a dream for now. We have to continue to use the pit latrines at our disposal and the eco-san latrines are better than the conventional latrines so we must adopt them,” said the man, who works as a night guard in Area 10, one of Lilongwe’s affluent areas.

Should anyone flush?

The poor have limited choice. But with climate change threatening the water supplies of cities not only in Malawi but across the Southern Africa region, a comprehensive plan for urban areas might need to see wealthy people adopt composting toilets.

A toilet uses anywhere from six to 11 litres per flush – the fortunate 640,000 who have access to flush toilets in Malawi each represent a much greater strain on aging water systems than their counterparts in the slums. Millions – hundreds of millions of litres of water are effectively squandered flushing waste into a sewage network, at the end of which it needs further treatment before it can be safely released into the country’s waterways.

In Area 43, one of Lilongwe’s most affluent neighbourhoods, IPS found Richard Gulumba has an eco-san latrine in his backyard. He had it constructed for use during Lilongwe’s frequent water outages.

“But my family and I still find it hard to use a latrine. It reminds me of life in the village and that is not desirable. I grew up poor and I do not want to be reminded the experiences I went through and using a pit latrine is one thing I do not want to do now that I can afford better things like a flush toilet,” said Gulumba.

Like his wealthy counterparts across Africa, perhaps even the world, Gulumba is likely unaware of the many fancier cousins to the twin-chambered latrines being built in the slums. Though prejudice against dry sanitation is pretty widespread, more upmarket waterless toilets can be found from Mexico to Canada to Sweden to Australia.

Stylish latrines

The South African company ECOSAN manufactures a self-contained dry sanitation unit that cleverly uses the action of opening and closing the lid to drive a screw that moves waste into a cleverly ventilated chamber where it turns into compost without further ado. Australia’s Nature Loo provides a system with exchangeable composting chambers and a fan that ensures proper oxygen flow to speed the breakdown.

Inside the house: a “warm white” pedestal with a “honey oak” seat… even the fussiest guests won’t panic until they can’t find a handle to flush.

WaterAid’s Nkhonjera says composting latrines, which prevent pollution of groundwater, are the best option for slum dwellers and rural communities. “These areas are informal settlements and they do not have access to running water. Putting up flush toilets will not be realistic.”

If Southern Africa’s wealthier city dwellers also considered the best use of available water, dry sanitation could take up a more exalted place as a solution to growing water stress.

Editeur/Diffuseur:

IPS - Inter Press Service - Lilongwe - Malawi
    

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