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La menace d'une crise mondiale de l'eau en débat à Istanbul


article de presse Mar 2009
Ed. Le Monde - Paris
Téléchargeable chez l'éditeur
Article:
Ministres de 120 pays, scientifiques et défenseurs de l'environnement se retrouvent à partir de ce lundi pour une semaine à Istanbul, où ils débattront des moyens d'éviter une crise internationale liée à l'eau et d'apaiser les tensions entre pays en conflit pour le contrôle de rivières, de lacs ou de glaciers. L'approvisionnement en eau dans le monde risque de connaître de graves problèmes dans les décennies à venir, du fait des changements climatiques en cours, et de la forte augmentation de la population prévue.

A l'horizon 2030, ont estimé les Nations unies dans un rapport publié à la veille du cinquième Forum mondial de l'eau, près de la moitié de la population de la planète vivra dans des régions souffrant d'une pénurie aiguë d'eau. A l'heure actuelle, un milliard d'habitants demeurent sans accès à une eau potable saine et à des sanitaires. La population du globe, aujourd'hui de 6,6 milliards d'habitants, devrait augmenter de 2,5 milliards d'ici à 2050 pour dépasser les neuf milliards. La majeure partie de cette progression vertigineuse interviendra dans les pays pauvres, et surtout dans des régions où l'eau est d'ores et déjà rare.

L'EAU N'EST PAS SEULEMENT UNE AFFAIRE POLITIQUE
Sur fond d'augmentation de la population mais aussi du niveau de vie général, donc de la demande en eau, une crise mondiale de l'eau menace si la communauté internationale ne prend pas des mesures d'urgence, estime l'ONU. "L'eau n'est pas seulement une affaire politique", déclare Daniel Zimmer, directeur associé du Conseil mondial de l'eau, qui regroupe des ONG, des gouvernements et des organisations internationales et qui a mis sur pied le forum mondial, lequel se tient tous les trois ans.

MÉDIATION SUR L'ASIE CENTRALE
"L'un des objectifs est de faire en sorte que les hommes politiques comprennent que l'eau doit devenir une plus grande priorité pour eux et qu'elle est une nécessité pour le bien-être, la stabilité et la santé de leurs populations", ajoute Zimmer.
Du fait du manque d'attention politique, des centaines de millions de personnes continuent de vivre dans la pauvreté, exposés à des maladies et au risque de catastrophes liées au problème de l'eau, avertit l'Onu dans son dernier rapport sur la question.
Pour le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, la raréfaction de l'eau "risque d'alimenter guerres et conflits".

Les pénuries d'eau sont citées comme l'une des causes sous-jacentes du conflit du Darfour, dans l'ouest du Soudan. L'eau est également une sérieuse pomme de discorde entre Israël et ses voisins arabes, ainsi qu'entre les pays d'Asie centrale, l'une des régions du globe les plus arides, où une culture comme le coton absorbe beaucoup d'eau.
Le Tadjikistan, par exemple, a demandé aux organisateurs du forum de servir de médiateurs dans son contentieux sur l'eau avec le Kirghizistan, au cours de la conférence d'Istanbul, a indiqué à Reuters le secrétaire adjoint du Forum mondial de l'eau, Ahmed Mete Saatci.
Les délégués réunis à Istanbul devraient s'employer à dresser une liste de recommandations visant à aider à préserver les ressources en eau et à partager l'expérience en matière de projets réussis.
Parmi les chefs d'Etat prenant part à ce forum se trouve le président irakien, Jalal Talabani.

par Alexandra Hudson et Thomas Grove
Version française Eric Faye

Une répartition inégale
On estime que la planète compte 1,4 milliard de kilomètres cubes d'eau, mais près de 97 % de cette eau est salée. La majeure partie de l'eau douce est enfermée dans les glaciers ou dans les nappes phréatiques, ce qui ne laisse qu'une fraction disponible aisément pour la consommation.
La majeure partie des experts s'accordent à penser qu'il y a suffisamment d'eau pour la population du globe, mais que sa répartition est inégale. Selon l'Institut du Pacifique pour les études sur le développement, l'environnement et la sécurité, les Américains du Nord ont accès à plus de 6 000 m3 d'eau par personne et par an, stockés dans des réservoirs. En revanche, pour les pays africains les plus pauvres, ce chiffre tombe en dessous de 700 m3. En Ethiopie, on compte moins de 50 m3 par an et par habitant d'eau stockée.

Mots clefs:

accès à l'eau (CI) (DT) (OP) , mondial (CI) (DT) (OP) , objectifs du millénaire (CI) (DT) (OP)

Editeur/Diffuseur:

Le Monde - Paris
    

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