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L'eau : géopolitiques, enjeux, stratégies



livre Sep 2008 ; 192 pages; format: 14 x 22 ; prix indicatif: 20€
Aut. Franck Galland
Ed. CNRS - Paris ; Isbn: 978-2-271-06625-1
Page de présentation d'un éditeur
Résumé:
L'eau est devenue partie intégrante de stratégies de sécurité nationale et constitutive d'une nouvelle forme de politique extérieure. Franck Galland nous entraîne dans les coulisses de la géopolitique de l'eau en identifiant les acteurs qui tentent de s'approprier la ressource mais aussi ses espaces. L'eau est un ainsi au cœur d'enjeux de puissance et de pouvoir. L'auteur nous propose des approches monographiques et analytiquesqui nous permettent de constater que l'eau est désormais placée au cœur des priorités stratégiques nationales et des problématiques de sécurité nationales. Sa posture est claire : il affirme que « la raréfaction des ressources en eau risque de changer bel et bien le cours de l'histoire, rendant inopérantes les initiatives de dialogue qui prévalaient jusqu'alors ». Deux ensembles régionaux sont plus particulièrement analysés : le Proche et Moyen-Orient et l'Asie-Pacifique.

L'eau est devenue constitutive d'une nouvelle forme de politique extérieure avec deux logiques qui sont identifiées. Tout d'abord la logique préventive est analysée. La préservation de la ressource en eau et la protection de l'environnement ouvrent d'importantes opportunités de transferts de technologies et de savoir-faire, vers des pays où le problème de la qualité et de la quantité d'eau est devenue critique. Ensuite, ce que l'auteur nomme la logique « réactive », les transferts massifs d'eau, les pollutions des fleuves à la suite d'accidents industriels et la gestion transfrontalière des eaux de surface conduisent potentiellement des pays comme la Chine ou la Turquie à développer des tensions avec leurs voisins plus situés à l'aval.

Les études de cas sont parfaitement détaillées. En Israël, la quête de l'eau revêt une nécessité absolue. Les enjeux géopolitiques sont bien connus. Franck Galland, loin de reprendre les différents éléments de l'analyse géopolitique depuis le plan Johnson en 1953, s'intéresse à l'hydrodiplomatie de l'Etat Hébreux. Les accords stratégiques passés avec la Turquie pour son approvisionnement sont décrits avec précision. Ainsi, Israël s'est engagé à construire une flotte d'une cinquantaine de tankers géants afin de transporter de l'eau. Mais plus encore, à l'instar de Singapour, Israël a su développer une recherche stratégique de premier plan concernant le dessalement de l'eau de mer. Cette technologie est exportée et son expertise a été promue dans le cadre de sa diplomatie. D'autres pays sont évoqués comme l'Arabie Saoudite que sa dépendance à l'eau rend vulnérable mais aussi l'Australie qui a connu une sécheresse inédite dans l'histoire du pays. Ainsi, le plus grand producteur d'eau par dessalement au monde est l'Arabie saoudite. En 2004, déjà, sa part dans la production mondiale d'eau dessalée se situait à 17,4 %, plaçant le Royaume devant les États-Unis (16,2 %) et les Emirats Arabes Unis (14,66 %). En 2005, ses 30 usines de dessalement d'eau de mer produisaient environ 2,8 millions m3/jour d'eau douce, soit 45 % de l'eau à usage domestique et urbain. Bien entendu, les autorités saoudiennes n'ont pas d'autres choix que de recourir au dessalement, devenu une nécessité stratégique pour un pays situé dans un désertique et qui manque de ressources en eau disponibles. L'Arabie Saoudite ne compte en effet aucun cours d'eau permanent. La part de l'eau dessalée sera en conséquence devenue majoritaire dans l'alimentation en eau des principales villes du Royaume à partir de 2010. Déjà, pour la seule ville de Riyad, 50% de l'alimentation en eau de la ville provient des usines de dessalement situées dans le Golfe Persique, Néanmoins, ces dernières, essentielles à l'alimentation en eau des principales villes du pays, représentent autant de vulnérabilités en cas de détérioration de la situation régionale ou d'action terroriste de masse.

L'inégale répartition de l'eau et la pression démographique ne devraient pas ralentir les manifestations de ces tensions. L'auteur appelle à une nécessaire prise en compte d'une meilleure gouvernance de l'eau à l'échelle européenne et mondiale. Il affirme que l'Union Européenne devrait se doter des instruments diplomatiques qui lui permettront d'intervenir sur les problématiques liées à l'eau à l'échelle internationale. Très bien documenté, cet ouvrage nous donne à voir les problématiques liées à l'eau d'une manière dynamique et pertinente.
Compte rendu : Jean Philippe Raud Dugal

Public-Cible:

Tout public

Mots clefs:

mondial (CI) (DT) (OP) , politique (CI) (DT) (OP)

Pays concernés:

Emirats Arabes Unis (CI) (DT) (OP) , Israël (CI) (DT) (OP)

Editeur/Diffuseur:

CNRS - Centre National de Recherche Scientifique - Paris
    

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