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« Solutions » hors réseau et arrangements marchands : vers une nouvelle conception du service d'eau potable en Asie du Sud-Est ?



article , rapport Mar 2025 ; 21 pages
Aut. Catherine Baron & Alexandre Gaudry
Ed. CNRS - Paris IRASEC - Banghok
Téléchargeable sous format: PdF (1 260 ko)
Téléchargeable chez l'éditeur
Résumé:
L’urgence climatique a aujourd’hui des manifestations exacerbées dans le domaine de l’eau (inondations, sécheresses), en lien avec des enjeux de santé. Ces manifestations sont particulièrement visibles dans les sociétés des Suds, notamment dans les contextes urbains. La croissance incontrôlée des villes va de pair avec des inégalités d’accès aux services essentiels (eau, électricité) malgré les dispositifs préconisés lors de conférences internationales tels que les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), les Objectifs du Développement Durable (ODD), etc. La pandémie de covid-19 a été un puissant révélateur de ces dysfonctionnements.

La rapidité des transformations et l’amplitude des risques témoignent de l’urgence à concevoir non seulement des modes de gouvernance de l’eau innovants, mais aussi de nouveaux paradigmes pour penser le changement et la durabilité1 afin d’articuler justice sociale et écologique. Plusieurs logiques s’opposent dans les arènes politiques, académiques et au sein de la société civile, renvoyant à des valeurs et des conceptions différentes d’un service public d’eau. La littérature sur la diversité des arrangements marchands et des formes de contractualisation a longtemps dominé dans les recherches conduites sur ces enjeux, avec une prégnance des approches économiques et gestionnaires depuis les années 1990. Plus récemment, l’approche par les communs a connu un regain d’intérêt pour traiter des services d’eau, notamment dans les milieux de la recherche et chez certains acteurs de développement français (bailleurs tels que l’Agence Française de Développement et ONG comme le Gret) pour penser des alternatives. Mais quel est son impact sur les évolutions contemporaines des politiques d’accès à l’eau potable et des modalités de gouvernance dans les Suds, notamment en Asie du Sud-Est ? Dans bon nombre de ces pays (Indonésie, Thaïlande par exemple), les approches fondées sur les logiques marchandes dominent le secteur de l’eau potable, dans des contextes où les populations manquent de confiance vis-à-vis d’une eau fournie par les opérateurs publics, via un réseau centralisé.

Le développement de solutions alternatives au réseau centralisé, qualifiées de off-grid, questionne ce modèle comme principe universel de fourniture d’eau potable afin d’assurer l’accès à l’eau potable pour tous, tout en préservant la ressource en eau. Cet article interroge donc la place de dispositifs off-grid qui semblent incarner la prégnance d’arrangements marchands face à des discours critiques qui prônent la recherche d’alternatives. L’Asie du Sud-Est offre des cas d’étude intéressants pour discuter ces enjeux, en analysant les visions sous jacentes à la pluralité des dispositifs off-grid.

Nous analysons, tout d’abord, la manière dont les agendas internationaux qui orientent les politiques de l’eau dans les Suds ont favorisé la diversification et la mise en visibilité de solutions alternatives à l’idéal-type du réseau centralisé. Nous décrivons ensuite la diversité des dispositifs socio-techniques et modes de
gouvernance qui structurent le secteur. Nous discutons enfin la manière dont ces configurations marchandes questionnent une conception du service public fondé sur des principes d’équité, de durabilité et de co-construction des règles de gouvernance.
Abstract:
This article questions the standard centralized network (grid) model in the water sector, conceived to ensure universal access to potable water and disseminated in the Global South through international aid. In Southeast Asia, the prominence of off-grid decentralized systems raises questions about the validity of this ideal-type: Are we witnessing a paradigm shift or merely temporary solutions? The article first critically analyses how international frameworks (Sustainable Development Goals) have reshaped the definition of "improved" water services, thereby legitimizing alternative supply systems as off grid systems. It then explores the diversity of these solutions in Southeast Asian cities (water kiosks, ATMs, bottled water), highlighting the dominance of market oriented arrangements alongside solutions based on collective governance (wells, etc.). Finally, it discusses how these decentralized systems are redefining the vision of a public water service by blurring the boundaries between public, private and collective principles. The conclusion advocates for an alternative governance model considering water as a common ensuring both the protection of water resources and equitable access.

Public-Cible:

Tout public

Mots clefs:

accès à l'eau (CI) (DT) (OP) , eau potable (CI) (DT) (OP) , mode de gestion/gouvernance (CI) (DT) (OP) , services essentiels (CI) (DT) (OP)

Pays concernés:

Indonésie (CI) (DT) (OP) , Thaïlande (CI) (DT) (OP)

Editeurs/Diffuseurs:

CNRS - Centre National de Recherche Scientifique - Paris
    

IRASEC - Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine - Banghok - Thaïlande
    

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