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L'eau doit pouvoir être partagée


article de presse Mar 2008
Aut. Ségolène Allemandou
Ed.
JDD - Paris
Résumé:
Pour la Journée mondiale de l'eau, Alice Aurélie, responsable du programme sur l'eau à l'Unesco rappelle que 1,1 milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau potable. "L'eau doit se partager", lance-t-elle.

Parmi les objectifs du Millénaire pour le Développement, signés en 2000 par les pays membres de l'ONU, il est prévu de "réduire de moitié, d'ici à 2015, le pourcentage de la population qui n'a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable". Où en est-on aujourd'hui ?

Je ne veux pas faire de terrorisme scientifique mais les chiffres sont alarmants : aujourd'hui, un enfant meurt chaque seconde en raison de l'insalubrité de l'eau. Au total, on compte environ 1,5 million de vies qui pourraient être sauvées chaque année.
Par exemple, si rien ne change en Afrique sub-saharienne, où 42% de la population n'a pas accès à l'eau, l'objectif initialement fixé à 2015 ne sera toujours pas atteint en 2076 !


Les Nations unies ont déclaré 2008 comme l'année internationale de l'assainissement. Quelle en est la problématique exactement ?

Chaque année, il y a plus de 200 millions de tonnes de déchets humains solides non traités dans le monde, qui sont ensuite restitués dans le cycle hydrologique. Ces déchets vont avoir un impact sur la qualité de l'eau : ce sont des bombes à retardement qui vont exploser d'ici 50 à 60 ans.
Si nous sommes arrivés à une gestion des eaux de surface, la vraie problématique, dans les années à venir, va se porter sur la méconnaissance scientifique des niveaux souterrains dans le monde. On sait qu'il existe 162 fleuves internationaux. En revanche, il est plus difficile de répertorier les eaux souterraines. En Afrique, on compte 40 aquifères (terrains poreux permettant l'écoulement d'une nappe souterraine et le captage de l'eau) transfrontaliers. Ces terrains sont utilisés dans un pays sans connaître l'impact chez ses voisins, car la dynamique des flux est mal connue. Un exemple : l'aquifère de grès Nubia - d'une superficie aussi grande que l'Allemagne - touche à la fois la Libye, l'Egypte, le Tchad et le Soudan. On est en train de mettre en place une commission interétatique de gestion avant d'éviter de possibles querelles. Car je peux vous dire que d'ici à cinquante ans, l'eau souterraine sera une source de conflit.

En Europe, 92 % des personnes ont accès à l'eau potable contre 45 % en Asie et 18 % en Afrique. Comment aider les plus démunis ?

A l'Unesco, on estime à 10 milliards de dollars par an l'investissement nécessaire pour diviser par deux la proportion de personnes privées d'assainissement en 2015. C'est moins de 1% du budget militaire mondial de 2005 et un tiers des dépenses en eau en bouteille dans le monde.
La priorité repose sur les pays occidentaux, qui doivent prendre conscience qu'ils ne sont plus des îles isolées dans des océans et qu'ils vivent dans un monde globalisé et interconnecté. Par exemple, quand un Européen boit sa tasse de café le matin, il a fallu consommer 140 litres d'eau pour que le café soit acheminé. D'où l'importance d'une coopération internationale. L'eau doit se partager. Et la culture de l'eau doit se propager.

Mots clefs:

accès à l'eau (CI) (DT) (OP) , objectifs du millénaire (CI) (DT) (OP)

Editeur/Diffuseur:

JDD - Le journal du dimanche - Paris
    

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