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Gestion intégrée du risque d'inondation à Guédiawaye (Wakhinane Nimzatt - Ndiarème Limamoulaye) 

Géolocalisation
Lieu: Pikine

[Dakar / Guediawaye] - Sénégal

Dates: 2023 : 24 mois

Partenaires
  AERMC Lyon

  FSH Guediawaye
  GRET Dakar
  MAMP Marseille

  Région Ile-de-France Saint-Ouen

  UrbaMonde Paris
  UrbaSEN Dakar
  Ville de Paris Paris

Budget global:
518.212 €

Contexte:

Territoires visés par le projet
Le présent projet vise deux communes de la ville de Guédiawaye : la commune de Wakhinane Nimzatt et sa voisine, N’Diarème Limamoulaye, toutes deux situées au nord-est de Dakar. Le peuplement de ces communes remonte à une trentaine d’années, et a été marqué par l’arrivée massive de populations déguerpies de la ville de Dakar. Cette zone compte ainsi de nombreux lotissements de recasement des déguerpis de la ville de Dakar, auxquels se sont ajoutés des lotissements d’habitat planifié autour des axes routiers et sur la frange maritime.

Elle continue d’accueillir des vagues migratoires liées à l’exode rural, qui se traduisent par une occupation non planifiée des terres, avec notamment une forte occupation des zones basses. La commune de Ndiarème Limamoulaye occupe une superficie de 1,5 km² . Sa population est estimée à 35.171 habitants, avec une densité de 24.893 habitants par km².
La commune de Wakhinane Nimzatt s’étend sur une superficie de 3,6 km² . Elle est divisée en 9 zones, chacune composée de 4 ou 5 quartiers. Sa population est estimée à 100.935 habitants. Sa densité est de 28.038 habitants par km². La nappe phréatique y est peu profonde 2 .


Des inondations récurrentes dans les quartiers sous équipés en assainissement

La croissance urbaine et démographique de l’agglomération dakaroise sur les dernières décennies a accru l’exposition des populations au risque d’inondations, accentué dans certains quartiers par l’insuffisance des infrastructures d’assainissement et un urbanisme mal maîtrisé. Les communes visées par le présent projet s’inscrivent pleinement dans cette problématique.

Les inondations ont lieu à Dakar tous les ans, provoquant des dégâts matériels (altération voire destruction de bâtiments et de mobiliers domestiques et publics), impactant l’accès aux services de base, limitant la mobilité des personnes, avec des conséquences néfastes sur l’économie locale. Les épisodes extrêmes de 2009 et 2012 ont provoqué des décès (26 en 2012) ; l’hivernage 2022 restera également dans les annales 3 .
Les dégâts sur le bâti sont généralement importants, avec des concessions dégradées ou détruites : en 2009, 30.000 concessions ont été touchées, dont 61% des logements à Pikine et Guédiawaye. Au total, on a dénombré 360.000 sinistrés à Pikine et 22.000 à Guédiawaye en 2009, et un total de 264.000 sinistrés en 2012.

En réponse à ces phénomènes d’inondations, des bassins et canaux primaires ont été réalisés dans certains secteurs de l’agglomération dakaroise, mais leur fonctionnement n’est pas optimum. La réalité est qu’il n’existe ni réseau, ni caniveau, ni ouvrage de gestion des eaux pluviales dans de nombreux quartiers.

Cette exposition au risque inondation s’ajoute à un contexte général d’insuffisance d’accès à l’assainissement (eaux usées). Au centre-ville de Dakar 4 , seuls 41 % des ménages sont raccordés au réseau et 40% ont un accès à l’assainissement amélioré. 13% des ménages partagent leurs toilettes avec d’autres familles et 6% pratiquent la défécation à l’air libre ou utilisent des toilettes non améliorées. Les statistiques dans les banlieues ne sont pas connues mais la part de ménages disposant d’un assainissement adéquat est certainement plus faible, en raison de l’absence de réseau collectif et du niveau de pauvreté de ces quartiers en partie informels. Les rares équipements d’assainissement existant dans ces quartiers sont de plus dégradés par les inondations, qui contribuent au remplissage des fosses et à leur effondrement.

Dans les deux communes d’intervention, des cartographies et planifications participatives du risque inondation ont été effectuées lors de la première phase du projet. Ce travail collaboratif a abouti à identifier d’une part les zones inondables les plus problématiques pour les habitants, et d’autre part, les micro-projets à réaliser, susceptibles de répondre - en partie - à ces phénomènes. Le document d’avant-projet sommaire fourni en annexe présente ces derniers.

Une gouvernance imparfaite pour la gestion des inondations et de l'assainissement

Traiter la question de l’assainissement et de la gestion des inondations suppose de se confronter à des difficultés techniques, mais aussi institutionnelles. La multiplicité des mandats, les problèmes de coordination entre les différents acteurs et le manque de financement par les pouvoirs publics compliquent indéniablement les interventions dans ce domaine.
En effet, le cadre institutionnel de la lutte contre les inondations peine à se structurer et les documents stratégiques restent insuffisants. L’action publique est dominée par une approche projet au coup par coup, avec des maîtrises d’ouvrages multiples et des approches variées. En effet, les acteurs impliqués dans la gestion de ce risque sont nombreux, placés sous différents ministères et leur coordination est complexe.

Parmi les principaux acteurs opérationnels, on peut citer :
- La DPGI (Direction de la Prévention et de Gestion des Inondations), dédiée à la restructuration des zones inondées, en charge d’études, de cartographie et de planification.
- L’ADM : Agence de Développement Municipale, mobilisée en appui aux Collectivités et qui intervient comme maître d’ouvrage délégué de projets de réalisations d’infrastructures.
- L’ONAS : l’Office National d’Assainissement du Sénégal, identifié comme le maître d’ouvrage et l’exploitant des ouvrages de gestion du risque inondation (canaux primaires ou fermés) d’après le contrat d’objectif qu’il a conclu avec l’Etat Sénégalais.
- L’ANACIM, l’Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie, en charge de la prévision météorologique ainsi que d’études sur les évolutions climatiques dans le pays, met aussi en oeuvre des dispositifs d’alerte météo.
- La Direction de l’Urbanisme et de l’Architecture, les Collectivités et leurs structures d’appui (Agences Régionales de Développement, par exemple) sont aussi amenées à intervenir dans certains projets.

Malgré le fractionnement de l’action publique, on peut noter l’apparition de projets de « gestion intégrée » ces dernières années, alliant d’une part la planification, la conception et la mise en oeuvre d’infrastructures, et d’autre part le renforcement des capacités des acteurs publics, et la sensibilisation des populations exposées au risque.
Ces projets ont l’avantage d’apporter une réponse globale et coordonnée localement. Pourtant, les mesures d’appui concrètes à l’amélioration des quartiers et à la reconstruction de l’habitat individuel impacté par les inondations restent rares, et les grands projets privilégient la construction d’ouvrages « structurants », peu articulés à des réseaux secondaires/tertiaires et peu intégrés dans le paysage urbain.

Des populations nécessairement impliquées dans la gestion des inondations

Ainsi, bien que pris en compte par ce type de projets, certains quartiers restent exposés aux inondations. Ce constat est confirmé par les déclarations de 99 % des personnes interrogées dans le cadre d’une enquête sur la perception du risque inondation menée dans le cadre du projet PING GIRI, qui se disent impactées. Dans la zone couverte par le projet PING-GIRI par exemple, le diagnostic pré-opérationnel montrait que des secteurs
considérés comme « hors d’eaux » grâce à des ouvrages réalisés dans le cadre du PROGEP, étaient en réalité toujours exposés aux inondations annuelles.
De fait, 54 % des personnes interrogées dans l’enquête de perception du risque ne voient pas d'évolution de la situation malgré l’intervention étatique via les programmes spécifiques, et 85 % ne sont pas satisfaites de l’intervention de l’Etat sur cette question.
En fin de compte, les principaux acteurs de la réponse aux inondations restent les habitant.e.s et les communautés qui pallient les manques de l’action publique en organisant les mesures de prévention dans leur quartier en amont de l’hivernage, et de réparation des équipements et des logements endommagés après les pluies. La majorité des personnes interrogées dans l’enquête précitée se disent prêtes à participer au
financement d’ouvrages communautaires de lutte contre les inondations, soit à travers un financement (18%), soit en participant aux travaux (23%) ou en combinant les deux (55%). C’est sur cette dynamique communautaire que se fonde le présent projet, qui place les habitant.e.s au coeur du processus de définition, de financement et de gestion des ouvrages d’assainissement et de gestion des inondations.


Historique:
Au Sénégal, dans la banlieue de Dakar, les inondations se sont développées durant les trois dernières décennies du fait de plusieurs facteurs : croissance démographique et exode rural entraînant l’occupation spontanée d’anciennes zones semi-humides ; arrêt du pompage des nappes phréatiques pour l’approvisionnement en eau, du fait de leur pollution ; fin de l’épisode de la « grande sécheresse sahélienne » des années 70 et retour progressif des précipitations « à la normale ».

Bien que les projections climatiques peinent à converger au niveau local, les phénomènes extrêmes devraient s’intensifier. La question de l’adaptation au changement climatique est clairement affichée comme une priorité du Gouvernement : le Sénégal a ainsi chiffré ses besoins d’investissement pour répondre au risque inondation à hauteur de 2,1 Milliards de USD, pour la période 2016-2035. La question des inondations est montée dans l’agenda politique et les réponses apportées par les pouvoirs publics se sont diversifiées : mesures d’urgences, déguerpissements et/ou recasements des quartiers sinistrés, construction de réseaux d’évacuation, bassins et pompes parfois couplée à la restructuration de quartiers informels.

Plus récemment, des projets de « gestion intégrée » se sont multipliés, alliant planification, conception et mise en oeuvre d’infrastructures et renforcement des capacités des acteurs publics. Néanmoins les mesures d’appui à l’amélioration et à la reconstruction de l’habitat individuel impacté par les inondations sont rares voire
inexistantes au Sénégal. Par ailleurs, les grands projets privilégient la construction d’ouvrages « structurants », peu articulés à des réseaux secondaires/tertiaires et peu intégrés dans le paysage urbain.

C’est dans ce contexte qu’urbaSEN et la Fédération Sénégalaise des Habitants (FSH) interviennent dans la banlieue de Dakar depuis 2009, en appui aux communautés dans la lutte contre les inondations, la gestion des eaux et l’accès à l’habitat digne et aux services de base, dont l’assainissement. L’approche mise en oeuvre vise l’innovation et la proposition de solutions communautaires alternatives au tout tuyau pour une gestion intégrée des eaux usées et de pluie. A travers des ateliers participatifs d’identification et de conception d’ouvrages, des zones d’intervention ont pu être identifiées dans les quartiers par les habitants eux-mêmes, mis au coeur du processus.

Avec ses partenaires, urbaMonde et le Gret, urbaSEN et la FSH ont accompagné la mise en oeuvre de plusieurs projets en lien avec ces thématiques notamment le programme PING GIRI (Pikine Irrégulier Nord Guédiawaye - Gestion Intégrée du Risque Inondation) dont le projet présenté ici prend la suite. Il propose une démarche d’amélioration du cadre de vie par le traitement de la gestion intégrée des inondations et de l’assainissement.
Ce projet est innovant à travers plusieurs aspects :
- Le développement d’un fonds de rénovation urbaine pour l’adaptation de l’habitat aux risques d’inondations et le cofinancement de petits aménagements publics ;
- L’expérimentation, sur l’espace public de techniques dites « douces », alternatives au « tout tuyau » pour la maîtrise du risque inondation ;
- L’articulation de démarches « communautaires » d’amélioration de l’habitat et d’aménagement urbain avec les interventions des acteurs publics aux différentes échelles (échelon local et national) ;
- Le développement d’un système d’alerte par SMS pour permettre à la population de mieux anticiper les évènements pluvieux et leurs effets.

Projet qui vise l'amélioration du cadre de vie par une approche combinant amélioration de l'assainissement et gestion intégrée des inondations avec :
- La réalisation de 12 puisards semi-collectifs pour la collecte et le traitement des eaux usées des ménages ;
- La création ou la réhabilitation de toilettes individuelles (familiales) pour des ménages très défavorisés ;
- L'aménagement d'arrêtoirs d'eau, consistant en un dos d'âne formant un barrage au ruissellement des eaux de pluie entre deux rues (axe principal et secondaire), et permettant de réorienter le flux d'eau selon un chemin plus favorable ;
- Le traitement de points bas pour l'évacuation d'eaux stagnantes, à travers la réalisation de puits d'infiltration, de caniveaux ou de noues, la pose de grilles-avaloirs et de conduites enterrées, connectées au réseau existant;
- Le traitement de surface de certaines rues, à travers le reprofilage et/ou pavage partiel..
Une convention de mandat a été mise en place entre Urba Monde et Urba Sen.

Classement:
Sous-secteur d’intervention: assainissement , eaux pluviales (gestion)
Milieu d’intervention: péri-urbain
Activité principale du projet: études , infrastructure/équipement , renforcement des capacités , sensibilisation
Mode de gestion: gestion municipale


Types de financement:

Collectivités loi Oudin , Agences de l'eau
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