retour imprimer © Lettre du pS-Eau 53 de Dec 2006

De l'eau pour tous dans le monde : la Ville de Paris se mobilise


Réhabilitation de l'adduction d'eau potable de Somankidi au Mali: une action soutenue par la Ville de Paris - ©ESF

La Ville de Paris a mis en place en 2006 un dispositif de solidarité internationale Eau et Assainissement. Doté d'un million d'euros, ce dispositif comprend un fonds d'urgence et un appel à projets. Une charte éthique énonce les principes d'actions retenues par la Ville de Paris dans ce cadre.

Afin de participer à l'effort international pour le droit d'accès à l'eau et à l'assainissement dans le monde et pour contribuer à la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement, la Ville de Paris a mis en place en 2006, dans le cadre de la loi Oudin-Santini, un dispositif de solidarité internationale Eau et Assainissement.
Doté d'un million d'euros pour sa première année d'existence, ce dispositif comprend d'une part un fonds d'urgence de 100 000 € et d'autre part un appel à projets ouvert aux associations de migrants et ONG intervenant dans le domaine de l'eau et de l'assainissement, ainsi que des opérations de coopération décentralisée. Il s'appuie sur une charte éthique qui énonce les principes d'action retenus par la Ville de Paris et sur un règlement de l'appel à projets.

Destiné à soutenir des projets appuyés par les autorités locales et les populations bénéficiaires, l'appel à projets lancé le 9 mars 2006 par la Ville de Paris a rencontré un large succès, avec 108 dossiers de candidatures déposés. Après une évaluation approfondie, conduite par un prestataire indépendant, 14 d'entre eux ont été retenus par un comité d'engagement pluraliste. Coprésidé par deux adjoints au maire de Paris, Mme Myriam Constantin, chargée de l'eau et de l'assainissement et M. Pierre Schapira, chargé des relations internationales, ce comité est composé d'élus de chaque groupe politique du Conseil de Paris, d'un représentant d'Eau de Paris(1) et d'un représentant des usagers parisiens de l'eau. Parmi les projets présentés, 13 ont fait l'objet d'une délibération par le Conseil de Paris de novembre 2006, suivie d'un engagement financier dès 2006 et sur les deux prochaines années, de manière à permettre une mise en œuvre sur le terrain dans les meilleurs délais.


De nombreux projets concernent l'Afrique
Ces subventions, attribuées en majorité à des ONG professionnelles, mais également à des associations de migrants, représentent des montant allant de 20 000 à 230 000 €. Au total, ces projets mobiliseront 4 millions d'euros de cofinancements, dont 1,4 M€ pour la Ville de Paris, le décaissement de 2006 s'élevant à 650 000 € environ. Dix projets se situent en Afrique subsaharienne (dont un à Madagascar), deux en Haïti et un en Inde. Cinq projets se concentrent particulièrement sur des pôles urbains, comme N'Djaména au Tchad ou Dakar au Sénégal. Huit concernent la problématique d'accès à l'eau potable, et cinq s'attachent également à développer l'accès à l'assainissement.
Les projets sélectionnés donneront lieu à des réalisations concrètes (puits, forages, construction de réseaux…) permettant un accès effectif à l'eau et à l'assainissement pour les populations locales. Par exemple, la réalisation d'un réseau d'assainissement dans plusieurs quartiers de N'Djaména permettra une amélioration importante des conditions sanitaires dans cette ville, ainsi que le renforcement des comités d'assainissement qui en ont la charge.

Ces projets associent étroitement les autorités locales, renforçant une gestion démocratique et pérenne des ouvrages financés et des services locaux de l'eau et de l'assainissement. Ainsi, à Toffo, au Bénin, l'extension du réseau public d'eau potable sera l'occasion de renforcer et d'accompagner la Mairie dans la gestion du service de l'eau. Ils s'inscrivent également dans la perspective du développement durable et de la préservation de la ressource en eau. C'est pourquoi l'association des populations locales a été un critère important. Le projet de l'association ADER, en Inde, dans le district de Kolar, s'appuie ainsi sur une association de femmes très respectées dans la région. Une attention particulière sera portée aux enseignements à tirer des projets exécutés.
L'ensemble des projets feront l'objet d'évaluations sur le terrain. A cet effet, la Ville de Paris s'appuiera sur des partenariats mutualisant les coûts avec d'autres acteurs de la coopération décentralisée dans le domaine de l'eau et de l'assainissement et missionnera en tant que de besoin des experts indépendants.

Enfin, l'exécutif parisien rendra compte aux parisiens des résultats concrets obtenus grâce à ces projets pour favoriser l'accès de tous dans le monde à l'eau et à l'assainissement. Cette information se fera notamment par l'intermédiaire d'une lettre adressée à l'ensemble des Parisiens début 2007. La Ville de Paris entend ainsi contribuer à la nécessaire mobilisation de tous les acteurs de la solidarité internationale en vue de rendre effectif le droit d'accès de tous dans le monde à des services d'eau potable et d'assainissement de qualité.


(1) Eau de Paris est la société d'économie mixte qui assure la production de l'eau potable pour les parisiens.
www.eaudeparis.fr

La charte éthique, le règlement de l'appel à projets ainsi que la liste détaillée des projets retenus sont disponibles en ligne (www.paris.fr) ou en contactant la délégation à la coopération internationale.

Exemple d'action soutenue par la Ville de Paris
Somankidi, au Mali, compte plus de 10 000 habitants. Le système d'approvisionnement en eau du village est précaire et le système actuel d'adduction ne couvre pas les besoins des habitants ; 60 % de la population non desservie par le réseau continue à s'approvisionner à partir du fleuve, de puits ou achète l'eau à des revendeurs (charretiers) à des tarifs assez élevés (2500 FCFA le m3). Plusieurs maladies (bilharziose, diarrhée, dermatose…) liées à l'utilisation de l'eau des sources alternatives sont recensées.
L'initiative du projet émane conjointement des populations locales et de la commune. Elle est soutenue par l'association des migrants de Somankidi en France (ASE) qui a mobilisé ses fonds propres (20 000 €) et le fonds de soutien de la Ville de Paris à hauteur de 20 000 €. La direction régionale de l'Hydraulique, service technique de l'Etat, participe à cette initiative dans le cadre de l'appui à la maîtrise d'ouvrage communale. Le Bureau d'études 2AEP assurera la maîtrise d'oeuvre de l'opération et la conduite des mesures d'accompagnement.
La réhabilitation de l'adduction d'eau permettra l'augmentation de la capacité de production du système actuel par :
– l'équipement et le raccordement de deux forages supplémentaires situés à 460 m du château-d'eau (déjà réalisés mais non encore équipés) ;
– la mise en place d'un groupe électrogène de 16 Kva pour autonomiser le système d'exhaure de l'adduction par rapport à la plate-forme multifonctionnelle, dont les coûts de fonctionnement sont très élevés ;
– la construction d'un bâtiment d'exploitation.
Les mesures d'accompagnement pour favoriser une gestion transparente et durable de l'ouvrage seront conduites en amont et en aval des mesures techniques.


Emmanuel Borde & Guillaume Aubourg

Ville de Paris - Paris - France
 
 

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