retour imprimer © Lettre du pS-Eau 34 de Mar 2000

Réhabilitation de puits au Burkina Faso

Améliorer des points d'eau traditionnels pour un approvisionnement en eau saine

La majeure partie de la population rurale de la province du Houet s'approvisionne à des points d'eau traditionnels. Le programme « Eau et Santé », soutenu par le CCSI du Cantal, s'efforce d'améliorer les puits et de sensibiliser la population aux risques liés à des comportements préjudiciables à la préservation de la qualité de l'eau.

Au Burkina Faso, l'eau est un besoin prioritaire en ville comme à la campagne. La revue documentaire sur les contraintes socioculturelles au développement des politiques et programmes de population au Sahel indique que 32,37 % des ménages de Ouagadougou ont un branchement d'eau courante à domicile contre 21,67 % à Bobo-Dioulasso.
à Bobo-Dioulasso, un rapport de l'équipe du programme Saniya montre que les ménages qui ne disposent pas d'eau courante à domicile s'approvisionnent à la borne-fontaine ou au puits.
Cependant, la tendance de nombre de villes africaines « qui se fixent l'objectif d'atteindre un standard de qualité proche de celui qu'on trouve dans les pays développés » rend l'eau chère du fait de « l'inadéquation des systèmes de distribution d'eau mis en place ». Dès lors, l'interrogation suivante s'impose : comment améliorer les systèmes traditionnels d'approvisionnement en eau par le développement de stratégies compatibles aux niveaux et manières de vie des populations des zones périurbaines et rurales ?

Des stratégies
complémentaires
Les stratégies développées peuvent être scindées en deux axes :
l la mise en oeuvre d'infrastructures (les postes autonomes d'eau, les forages, les puits modernes, les postes d'eau potable, etc.). Mais les intervenants se sont rendus compte qu'il ne suffisait pas de mettre à disposition des populations les infrastructures pour garantir la consommation d'une eau potable ;
l le renforcement de la participation communautaire à travers une sensibilisation à l'hygiène, à l'assainissement et un appui aux populations en matière de gestion des ouvrages.
S'inscrivant dans la thématique de l'eau, de l'hygiène et de l'assainissement, le programme « Eau et Santé » dans le département de Satiri (province du Houet au Burkina Faso) travaille sur les deux axes, et a pour objectifs :
l d'améliorer la qualité de l'eau par l'aménagement des puits traditionnels ;
l de mettre en place un fonds local d'appui et les structures locales chargées de sa gestion ;
l de définir une stratégie d'éducation pour la santé à l'endroit des groupes cibles de femmes, des enfants et des jeunes ;
l de stimuler le marketing social des artisans locaux par leur formation et leur équipement ;
l et de former les ressources humaines nécessaires (enseignants, agents de santé, membres du bureau du comité de jumelage, du comité intervillageois...) à l'exécution des tâches assignées à chaque structure.

Un comité de suivi actif
Afin d'atteindre ces objectifs, un comité de suivi du programme a été mis en place. Il est composé de la Direction régionale de la Santé (DRS) qui est le maître d'oeuvre, de la Direction régionale de l'Hydraulique (DRH), de l'Inspectrice primaire de la circonscription de Bobo V, du projet Initiative de Bamako (IB), de la Préfecture de Satiri, du Bureau d'appui-conseil et d'études pour le développement (Baced) et des délégués de chaque village. La mission du comité de suivi est d'examiner et de valider les rapports d'activités. La réunion de ce comité a lieu tous les trois mois.
Une structure locale, dénom-mée comité intervillageois, a été mise en place. Chaque village y est représenté par quatre délégués. Le comité intervillageois est une structure relais chargée de diffuser l'information, d'examiner les dossiers des promoteurs et de cogérer le fonds d'investissement avec l'équipe de terrain du Baced.
C'est dans ce cadre institutionnel que les réalisations suivantes ont été menées.

Un programme d'action
Les réalisations du programme « Eau et Santé » de 1997 à 1999 ont été :
l l'aménagement de 87 puits traditionnels équipés de tambours à manivelle et de couvercles ;
l la construction de 5 latrines VIP (ventilation interne) à 4 cabines dans 5 écoles ;
l la réhabilitation de 4 forages dans 3 écoles ;
l la confection de 18 postes d'eau potable du type Crepa avec support métallique pour 5 écoles ;
l l'équipement des écoles en supports, balais à manche, seaux, grésil, savon pour l'exploitation des latrines, des postes d'eau, etc.
En vue pérenniser les actions, une sensibilisation à l'hygiène est menée. Elle est animée dans un cadre multisectoriel regroupant les compétences des services de l'hydraulique régionale, de la santé et de l'enseignement de base. Les ateliers de réflexions organisés à cet effet ont abouti à la mise en oeuvre d'une sensibilisation à l'hygiène au grand public et dans les écoles.
Des activités de projections vidéos, de théâtre sur l'hygiène et l'assainissement et des causeries-débats avec les femmes ont été organisées ; ces activités sont sensées pallier les problèmes immédiats, l'assainissement autour des points d'eau et à domicile, et les précautions à prendre pour consommer une eau potable.

Sensibilisation à l'école
Toutefois, la pérennisation à long terme nécessite l'éducation des jeunes aux problèmes de santé et d'assainissement. C'est dans cette perspective que le programme « Eau et Santé » a formé les enseignants qui sensibilisent les élèves aux problèmes de la santé et de l'assainissement grâce à des ateliers pratiques de production et l'insertion des thèmes y référant dans les matières qui s'y prêtent. Au terme de cette phase, la sensibilisation à l'hygiène a touché 6 000 personnes avec les cinés-débats, 3 100 personnes avec le théâtre, 972 élèves toutes classes confondues et 288 femmes avec les causeries-débats.
Le programme « Eau et Santé » espère ainsi contribuer, à l'instar d'autres institutions, à la formation d'une génération nouvelle de citoyens burkinabé conscients et responsables vis-à-vis de leur environnement et de leur santé.


L. Raphaël Sinkondo
conseiller du Baced, 01 BP 3700, Ouagadougou 01, Burkina Faso.
Tél. : 226 30 08 03. Fax : 226 31 25 94. E-mail :
Email:
baced@fasonet.bf

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